Il y a de quoi titiller le cinéphile par-là. L’affrontement entre les deux monstres les plus populaires de la SF provoque un frisson dans le dos de chaque amateur de cinéma, tant le potentiel est énorme. D’un côté, un chasseur professionnel en quête de défi, de l’autre, un traqueur implacable et vicieux, une apothéose de cinéma, comme un condensé de la culture pop SF pour mieux la redéfinir…avec au milieu, des humains. Des humains ? Comment ça des humains ? On a deux monstres qui à eux seuls peuvent faire un film et on nous rajoute des humains ?
Eh oui, tel est le prix à payer lorsqu’on confie deux cultes de SF à des gens incompétents. Et plutôt que de construire une histoire, ces derniers vont détruire nos deux icones de cinéma à grand coups de clichés. A commencer par le scénario mou et sans enjeux représentés efficacement, qui n’est qu’un fond sans imagination comblé par des personnages antipathiques, d’un cliché assumé. Il est alors amusant de constater que les scénaristes ont confondu le mot personnalité avec nationalité, donnant un cocktail détonnant d’inefficacité. Nous observons alors un anglais, une française, un italien, un russe et un afro-américain avec autant de reliefs que de répliques bien écrites…pas beaucoup en somme. Le pire étant que ces derniers sont le cœur du récit, pris en plein milieu d’un combat auquel le film n’accorde pas une grande importance. En effet le film s’oriente sur ce conflit entre les aliens et les predators, rappelons que le film s’appelle ALIEN VS PREDATOR et s’affuble d’un slogan du genre « Quel que soit le vainqueur, nous serons tous perdants », ce qui n’est même pas vrai dans le film. On ressent bien que ce dernier joue avec les deux monstres comme des outils marketing, des désirs de fanboys qui ne servent justement qu’à promouvoir le fan service dont le long-métrage fait l’objet. Aucune profondeur n’est apportée à cette lutte de légendes, détruisant par la suite l’aura des deux monstres, ramenés au stade de touristes dans leur propre film (en même temps il n’y a que des touristes dans ce film).
Tout cela n’est pas non plus aidé par la réalisation sans le moindre élan de pensée (l’imagination serait un mot trop fort). Paul W.S. Anderson vient puiser dans le néant de convenu habituel afin de démontrer son absence de talent. Il a recours à de nombreux subterfuges pour faire croire à une ambiance, sauf que celle-ci apparaît vite inexistante même pour un enfant de cinq ans. Jump scares inutiles et musiques caricaturales viennent gentiment rappeler toute la faiblesse de mise en scène rendue évidente lorsque le plan symbolisant l’arrivée des predators dure trois quarts de secondes d’un zoom horrible et est suivi d’actions illisibles, comme la plupart des scènes d’action. Filmer dans des endroits clos, atténuer énormément la lumière, telles sont les astuces du cinéaste qui ne sait pas faire de mise en scène et que l’on retrouvera fréquemment, comme aveu d’incompétence. C’est également très mal filmé, les images n’ont aucun impact, faisant passer aliens et predators pour de vulgaires poupées. De plus certaines scènes sont volontairement mal cadrées et surdécoupées pour qu’on ne découvre pas trop tôt les monstres…monsieur le réalisateur, le film s’appelle ALIEN VS PREDATOR, on sait qu’il va y avoir des aliens et des predators, inutile de faire durer le suspense…enfin, suspense, c’est une façon de parler.
Là où le film demeure le plus lamentable, c’est dans ses nombreuses incohérences. Et comme nous n’aimons pas dire que ce film est un sombre déchet (même si c’est quand même un sombre déchet) nous allons vous en donner une petite liste pour le plaisir de votre logique (…mais n’oubliez quand même pas que ce film est sombre déchet). C’est parti. Si les predators ont des frisbys et des lances qui résistent à l’acide, pourquoi leurs griffes y sont sensibles ? Pourquoi créer beaucoup d’aliens alors que les predators perdent en un contre un ? Pourquoi les predators n’utilisent pas leur camouflage en combat ? Comment un alien peut détruire un mur sachant que là où se déroule l’action, une porte pèse deux tonnes et les murs sont plus solides que les portes ? Et dans ce cas l’alien ne devrait-il pas être mort (cf. le force nécessaire pour détruire de la pierre avec un corps d’alien) ? Pourquoi les aliens tuent certains humains et predators au lieu de les féconder et ainsi agrandir leur nombre ? Pourquoi les aliens attaquent un par un ? Pourquoi les casques des predators ont une vision si peu claire au vue de leur technologie ? Pourquoi les predators n’utilisent pas la peau des aliens pour faire des armures et ainsi se protéger de l’acide ? Les predators viennent tous les cent ans pour chasser sur Terre. En 2004, les personnes de l’expédition Weyland (et du film) ont servi d’hôtes pour les aliens. En 1904, c’étaient des baleiniers habitant juste à côté de l’endroit de la chasse. Et en 1804…et bien les baleiniers n’étaient pas encore là et on ne pouvait pas attirer l’attention des humains en réchauffant une pyramide localisable par satellite (comme en 2004)…je suppose que des pingouins ont dû suffire. De plus, si la chasse a lieu depuis des centaines d’années, pourquoi la reine alien n’a pas essayé auparavant de s’échapper comme elle le fait dans le film ? Pourquoi un réalisateur et trois scénaristes (trois !) sont cités au générique ?