Ce film est une incohérence dans la carrière de Peckinpah, il arrive juste après son Alfredo Garcia, qui marque son départ d'Hollywood, hormis quelques gimmicks de réalisation par ci par là l'esthétique est totalement impersonnelle, les couleurs sont très ternes et urbaines, aucun sentiment d'étouffement et de chaleur ambiante. On retrouve quelques ralentis typique de Peckinpah, mais c'est tout ce qu'il y de lui dans ce film. L'intrigue est bête comme pas permis, cette histoire de mafia chinoise, rien que sur le papier ça fait lever un sourcil, le cadre ne parle clairement pas à Peckinpah, les personnages sont bien trop simples pour lui, James Caan est très gentil, Robert Duvall est très méchant, il n'y a presque aucune ambiguïté dans leurs caractères, le thème de la médiocrité chez l'humain n'est pas présent, c'est lisse. Avec ça on obtient un film nul, parfaitement inutile et insignifiant, malgré son statut étrange au sein de la carrière de Peckinpah, une vraie anomalie, qui marque une vraie tâche noire dans la filmographie du metteur en scène, plus qu'une simple sortie de route. Ce film me dérange profondément, car il me fait me poser des questions sur son contexte de fabrication, et malheureusement je n'ai aucune informations à ce sujet. Cependant, les quinze dernières minutes apportent au film une saveur inattendue, jusqu'ici le film est simplement mauvais, mais il prend une dimension nanardesque jouissive quand James Caan et Burt Young se mettent à affronter des ninjas. La mollesse des combats ajoute à la franche rigolade que m'a provoqué ce "climax", les chorégraphies sont d'une lenteur d'exécution atroce, au début je pensais que Peckinpah avait juste abusé sur les ralentis, mais non, c'est juste que c'est naze. Mais la nullité ne suffit pas à faire de Tueur d'élite un Z génial, non, c'est quand la nullité devient méta qu'elle est incroyable. Durant ce combat de sabres à mourir de rire qui conclut le film, James Caan dit "Ils sont ridicules" en parlant des deux guignols en train de se battre au ralenti. Le film devient soudainement conscient de lui-même, grâce à cette réplique qui colle bien à ce dernier quart d'heure. Le visionnage ne fut donc pas une perte de temps, puisqu'il m'aura au moins amusé.