Dans le sillage de « Charade », Stanley Donen s’amuse à parodier gentiment Alfred Hitchcock, dans cette comédie d’espionnage. Sauf que, ce qui fonctionnait parfaitement dans « Charade », c’est que le film s’apparentait à une variation autour du cinéma d’Hitchcock. Le maître du suspense avait en effet dans sa manche cette habituelle mise à distance qui permettait déjà de montrer des personnages dépassés par les événements qu’ils vivaient. En rajouter davantage conduirait inévitablement au pastiche pur et simple ou au détournement, et Stanley Donen n’a jamais eu l’ambition d’être un Mel Brooks avant l’heure.
Marchant donc, comme avec « Charade », sur les plates-bandes d’Hitchcock, Stanley Donen est ici pris à son propre piège. Le piège, évidemment, est de se retrouver à raconter avec humour, décontraction et distanciation une histoire qui n’a rien de passionnant. Car tout l’art d’Hitchcock reposait sur sa capacité à donner un ton unique à une histoire réellement intrigante. Or, ici, l’histoire n’a, au final, et on le comprend très vite, que très peu d’intérêt, et les rebondissements se contentent de montrer des personnages qui ne sont pas tout à fait ce qu’on croyait qu’ils étaient, la palme revenant à Sophia Loren.
Si la crédibilité de son personnage n’est, a priori dans une parodie de ce genre, pas un souci, cela en devient un pour maintenir l’intérêt de l’intrigue. Léger, parfois distrayant, parfois faussement intriguant, le film se laisse voir, notamment pour Gregory Peck, même s’il est moins à l’aise dans un rôle de « pigeon » qu’un Cary Grant par exemple.
En revanche, on se lassera très vite du maniérisme de Stanley Donen qui multiplie à outrance les jeux de transparences et de reflets. Ce qui, par petites touches, aurait pu apporter une originalité à la mise en scène, s’apparente rapidement à un fatigant exercice de style. Une faute de goût que n’aurait pas commise, même pour le clin d’œil, un Alfred Hitchcock par exemple.