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Shinny
41 abonnés
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4,0
Publiée le 21 avril 2014
Un film expérimental, original et enrichissant, mais aussi un défi à relever (5h45!). L'angle n'y est pas seulement chronologique, il en ressort avant tout le flux d'idées qui a émergé durant cette période dans l'utopie d'une société nouvelle. Pour y parvenir Peter Watkins a choisi de se documenter à la perfection sur les mouvements phares incarnés par des personnages clés et des anecdotes. Cependant je me suis demandée à maintes reprises où étaient les personnages célèbres telle que Louise Michel? Est-ce une volonté du réalisateur de ne pas vouloir recourir à ces personnages emblématiques pour en révéler une réalité plus proche du peuple? Il souligne aussi un autre point de cette période à travers l'immigration de Polonais et la guerre d'Algérie qui débute. Le racisme y est abordé pour interpeller davantage le spectateur du XXI siècle qui baigne dans une ambiance assez proche. Toutefois le projet ne s'arrête pas là. Peter Watkins, que je ne connaissais pas, ne cherche pas qu'à tracer un film réaliste. Son film est en effet agrémenté de nombreux anachronismes servant à pointer un des messages fort : la critique des médias, et surtout les médias de masse. Il le fait de manière si sérieuse, si soignée et si argumentée, qu'on croirait presque à l'existence d'une TV Communale! Enfin, les acteurs eux-mêmes s'expriment par moments sur ce qu'ils auraient fait durant cette période, s'il y avait selon eux encore des combats à mener aujourd'hui et pour donner tout simplement leur avis. Cette expérimentation m'a parfois perdue: mais là, est-ce que c'est le personnage ou l'acteur d'aujourd'hui qui parle? Finalement cette technique permet encore mieux de se plonger avec eux dans le film pour réfléchir à la société d'aujourd'hui. On se rend compte que la Commune, période méconnue la plupart du temps et survolée durant les cours d'histoire semble encore très contemporaine. Le réalisateur n'en fait pas l'apologie, il en montre aussi les dérives, les limites peut-être aussi pour mieux nous pousser à agir dans notre société actuelle (mouvement des Indignés, développement de l'économie sociale et solidaire, retour des trocs-monnaies locales, question sur la place qu'on occupe en tant que citoyen, femme, enfant, ...). Même si ces 5h45 nous font passer toute une après-midi aux côtés des acteurs, comme si nous même avions participé au film, il y a des longueurs durant lesquelles il faut s'accrocher car l'expérience vaut le coup!
Au-delà de l'idée et de la réalisation du film, incontestablement originales, au-delà de l'horreur de Watkins pour le cinéma formaté, que je partage pleinement, le contenu de «La commune» (1999) n'a pas suscité mon adhésion. Écouter, plus de cinq heures durant (version longue), des militants de gauche, des chômeurs, des sans-papiers, des intermittents du spectacle, hurler des slogans simplistes, sous prétexte d'une évocation, finalement assez partiale, d'un épisode tragique de l'histoire de France, s'avère à la longue assez lassant! D'autant plus que le point de vue des adversaires est systématiquement caricaturé. Certes, la répression de la Commune décidée par Thiers fut odieuse et ne compte certainement pas parmi les faits d'armes les plus glorieux de l'armée française. Mais le film convainc pourtant que les germes de l'échec sanglant étaient décidément contenus dans les prémisses mêmes de l'aventure. Celle-ci ne pouvait que mal se terminer! L'idée de Watkins de transformer le plateau de tournage en un lieu de débat politique était certes bonne, mais, tant qu'à faire, il aurait dû avoir le courage d'aller jusqu'au bout en engageant des gens capables de faire valoir sérieusement un point de vue en contradiction avec le sien et celui des communards. On aurait dans ce cas assisté à une véritable confrontation d'idées, capable de nourrir une vraie réflexion, alors qu'ici l'entreprise vire à l'autocélébration communarde, voire à la propagande manipulatrice, ce qui est un comble! Très décevant!
La Commune est une expérience unique. Certes, le materiel originel de 5h45 est irremplaçable, mais rien ne remplacera non plus l'injustice dont a été victime le film à sa diffusion en 2000. A la fois, film synthèse et film testament, la Commune couronne la carrière de Watkins. Nul doute que ce chef d'oeuvre sera reconnu à sa juste valeur en temps voulu. Si vous voulez donc autre chose, et vous instruire un tant soit peu sur cet épisode historique encore plus censuré que la colonisation, alors foncez voir la Commune.
Au début du XXIe siècle, Arte commanda à Peter Watkins un film portant sur la Commune de Paris de 1871. Peu enseignée, elle reste un des événements les plus méconnus de l’histoire de France et d’Europe. L’ensemble sera pourtant un échec à sa sortie et le cinéaste imputera ce désintérêt à Arte qui ne défendit pas le film et en assura une diffusion des plus contestables. Il s’agit pourtant d’un jalon incontestable dans l’œuvre de Watkins, aboutissant ce qui fit sa personnalité : acteurs non-professionnels, démarche quasi proche du théâtre filmé et critique des mass média à travers les journalistes chargés de couvrir les événements. Il s’affirme donc de plus belle contre ce qu’il appelle le Monoforme, façon de faire conventionnelle importée des États-Unis. La force du propos tient également à ces nombreux et pertinents va et vient avec l’actualité contemporaine, liés notamment à la condition féminine. Les quelques scènes de débats exaltés témoignent du lien fort unissant Watkins à ses interprètes. Reste le fond lui-même, magistrale leçon d’histoire très documentée. L’auteur met ainsi un point final au sujet ; il sera difficile à l’avenir d’atteindre un tel niveau. Une expérience à vivre, de préférence en version longue.
Partagé. D'une certaine manière, La Commune n'est qu'un prétexte susceptible de rendre compte des manipulations médiatiques du monde d'aujourd'hui. Volontairement apparente, comme en guise de discours pédagogique, la mise en scène cultive un art de la distanciation totalement assumé. Un peu comme Bertolt Brecht en son temps, Peter Watkins cherche à ce que son spectateur puisse prendre du recul par rapport à ce qu'il voit et qu'il ne se contente pas d'ingurgiter une somme incalculable d'images télévisuelles. Par ailleurs, la fidèle reconstitution de l'évènement historique est louable : le film, intégralement tourné en français, rend là un magnifique hommage aux oubliés de l'Histoire ( du reste, une grande partie des acteurs identifie leur personnage dès les premières minutes ). Malheureusement, l'intelligence et la rigueur du propos ne font pas toujours le poids face à la durée considérable - mais aussi audacieuse - du métrage. N'étant pas un grand révolutionnaire dans l'âme, La Commune m'a parfois semblé trop catégorique et intransigeante pour remporter pleinement mon enthousiasme ( on a souvent l'impression que Peter Watkins cherche à nous faire culpabiliser ). On saluera donc l'originalité du dispositif mais l'on gardera des réserves sur l'absence de nuances dans le propos. A voir pour se faire un avis...
P. Watkins fait un film révolutionnaire en évoquant une révolution. Il efface systématiquement la distance historique, fictionnelle et interprétative. La Commune devient un évènement du passé et du présent militants, les comédiens sont à la fois les personnages joués et les interprètes eux même. La parole libérée reste souvent banale, au niveau de la vulgate, les procédés de propagande ne sont pas toujours évités (la caricature des journalistes versaillais par exemple), mais par contre on voit se développer une forme cinématographique inédite et passionnante. On pourrait voir ça comme une forme radicale de docu-fiction ravalant aux oubliettes de l’insignifiance la quasi-totalité de ce qui s’est fait dans le genre. Vu dans la version de plus de cinq heures. L’intérêt du DVD est de permettre de découper le visionnage comme un feuilleton, de trouver un rythme d’attention personnel (comme dans la lecture d’une œuvre romanesque en plusieurs volumes).
Que viennent faire certains événements contemporains, hors propos, dans ce film sur la commune.La comparaison est inappropriée et exagérée…bref j’ai coupé net!
Veritablement un ovni. Absolument digne d'interet. Definitivement pas formaté. Des scènes de groupes étonnantes de vérité alors que tout devrait s'accorder pour sonner faux. Sans doute un peu simpliste dans la critique sociale mais même là, sourde une vérité.
Un film qui dresse un comparatif entre la société actuelle et celle de la commune avec de nombreux débats de l'époque mais hélas encore d'actualité. Les comédiens qui incarnent des communards sont parfaits. Plan séquence après plan séquence, chaque acteur nous donne sa vision de son personnage, de la commune et de la société actuelle. Et quelle brillante idée d'utiliser la télévision (anachronisme ingénieux) qui montre entre autre les différences entre la commune et le gouvernement de thiers.
Très étrange film Film à la fois politique, historique et engagé où vous comprendrez très rapidement pourquoi il est volontairement ignoré( aussi bien sur les grands que nos petits écrans )et pourquoi son sujet est si peu étudié dans nos écoles. Un film rare retraçant l'épisode sanglant de la Commune. Vous serez plongés ici au coeur de l'action à Paris en 1871 à la fois aux côtés des Communards et des comédiens mais surtout ( et c'est ce qui fait la passionnante rareté du film ) vous serez plongés au coeur de leur réflexion. Le réalisateur, Peter Watkins, est au plus près de la question " pourquoi et comment devient-on révolutionnaire" et ses 200 comédiens de leur engagement. L'histoire devient vivante et terriblement présente: Actuelle.
Film sur manipulation qui est lui-même manipulateur. Pas la peine de passer 3h30 (version déjà raccourcie) à connaître l'idéologie et écouter le discour simpliste de l'auteur.
Un film formidable, et je joue sur la sémantique du mot. Ses détracteurs qui trouvent qu'il impose une vision idéologique monolythique n'y ont vraisemblablement rien compris : ce film est une expérience étrange et exaltante, la déconstruction du travail du cinéma pour en faire apparaître les ficelles et les truchements, pour montrer là où il triche et là où il déforme, et pour corriger cela et offrir au spectateur une vision de la réalité des choses, une réalité qui, en tant que telle, est complexe et insondable. Les acteurs sont des accteurs autant que des personnages sur le plateau de La Commune, et ce film est autant un hommage à la gloire du passé qu'un coup d'oeil optimiste sur la volonté d'aujourd'hui. Les hommes et femmes qui meurent derrière les barricades de 1871 meurent en même temps en 2005, pour 2005, pour le XXIème siècle, et c'est cela qui est, comme je le disais, magnifique et formidable.
Ce film est extrêmement bien rythmé et particulièrement intéressant, autant dans les choix concernant sa forme que son fond, mais parfois laisse perplexe quant à l'objectivité. Typiquement, saisir l'opinion d'un acteur sur le vif, c'est-à-dire lorsqu'il est encore dans son rôle, rend suspect l'authenticité de sa réponse. Autres exemples (dans cette version courte) il n'est pas fait mention explicite de l'exécution de Darboy par la Commune, ou encore la caricature des versaillais est particulièrement poussée notamment sur la xénophobie qui est, dans le film, à peine présente du côté communard alors que nombre d'entre eux ont tournés nationalo-bellicistes. Toutefois, c'est la présence des idées humanitaires que le film veut illustrer en toute bonne foi, et d'autres évènements "pro-commune", comme la mort héroïque de Dombrowski face aux versaillais ou l'engagement des figures telles Michèle, Vallès et Courbet, ne sont pas rapportés non plus. Le film entrecoupe "l'Histoire écrite" de la Commune (au-sens propre comme au figuré : sous forme de pancartes on peut lire l'Histoire classique avec les Lecomte-Thomas/Duval-Flourens, Thiers/Delescluze etc... ) avec des scènes filmées sur "l'histoire vécue" dont les personnages principaux sont des gens normaux, exception faite de Thiers ou Dombrowski (et même si on reconnait de-ci de-là les grandes moustaches noirs de Galliffet ou la chevelure noire de Louise Michèle, la ressemblance pourrait être fortuite !). Au final, le film réussit l'exploit d'être passionnant dans sa forme unique tellement originale, mais certains procédés ne me semblent pas adéquates pour soutenir le discours suspect de par sa nature radicale (toutefois je n'ai pas vu la version longue)...
Oui, quel curieux film ! Mais quand on connaît Peter Watkins, et son obsession du pouvoir des média et des ressorts de la démocratie… Tourné en noir et blanc, avec surtout des acteurs non professionnels, dans une sorte d’entrepôt où se situent tous les décors, ce film en désorientera plus d’un. Il faut un peu de patience pour se laisser captiver par ce « documentaire vivant », avec sa guerre des télévisions, ses journalistes, et son petit peuple qui se bat au quotidien pour conserver le droit à la parole. Ses méthodes cinématographiques, revendiquées par l’auteur, font de ce film une œuvre d’autant plus contemporaine que les dialogues, les mots, les préoccupations, sont ceux de maintenant ; et l’intérêt n’est pas tant historique que politique, et le spectateur est lui aussi interrogé en permanence sur son positionnement par rapport au discours tenu. Il ne fait pas de doute que Watkins laissera une marque indélébile dans l’histoire du cinéma, de par son intransigeance et son honnêteté, par les difficultés qu’il a du surmonter pour produire et pour distribuer ses films, par la chasse au sorcière silencieuse dont il a toujours été l’objet. Je ne peux que saluer son obstination et son courage, et inviter les cinéphiles (et les autres) à voir ses films, enfin disponibles en DVD, et, parfois, visibles en salles pour certains d’entre eux.