Vraiment dommage que la moitié des effets spéciaux, à base d'incrustations foireuses et grisâtres, gâchent le plaisir, et que parfois, l'on se demande si ça a vraiment été tourné au Japon et non au Mexique ou aux Philippines. Je vous rassure, il n'y a pas de filins d'aciers, c'est du vrai combat à l'arme blanche traditionnelle.
Mis à part ces bémols, dus sans doute au budget, grevé par le cachet de la vedette, on se retrouve devant le "Danse avec les loups" de Tom Cruise. Une grosse remise en question des idéaux américains face à ses contradictions (racisme, massacre, avidité = liberté, pour les Wasp) et face à un lointain voisin beaucoup plus raffiné, même si c'est dans l'horreur, l'immobilisme et la dureté.
On n'arrive pas à la finesse de "Furyo" mais on passe un bon moment, à voir ce "héros" (comprenez aux États-Unis, celui qui a massacré XXX étrangers), changer plusieurs fois de direction, cherchant une rédemption qu'il ne trouvera pas là où il l'attendait. Sans doute, on pourra objecter que la mentalité japonaise est seulement effleurée, mais c'est de toute façon très difficile de la porter à l'écran. La violence est rarement gratuite, et ce n'est pas la moindre qualité de ce film. Tandis que la photo est brouillonne, mais assez belle.
Pour une fois, la fin un peu "hollywoodienne" ne fait pas tâche.
Comme d'habitude, Tom Cruise crève l'écran, avec moins de classe que Costner, mais énormément d'énergie. Quelques scènes sont faciles, limite puériles ou mangas, d'autres sont extrêmement fortes. Mais ce qui couronne le tout, c'est le scénario, courageux de remise en question, surtout en ce moment de la part d'un Américain.
Cela dit, une autre source m'a expliqué que c'est en fait l'histoire vraie d'un Français sous Napoléon III (encore nous), et c'est vrai que ça paraît étonnant de faire des choses pareilles de la part d'un cow-boy inculte de l'époque.
Avec le rythme, la force épique, bref ce qui fait un film d'aventure. Dommage que ce réalisateur et cet acteur n'aient pas fait le troisième opus du "Seigneur des anneaux", on se serait moins ennuyé.
La force de ce film, à l'instar de certains Sergio Leone, est de montrer la fin de deux époques, américaine et japonaise, face à la force des lâches, c'est-à-dire la mitraillette à répétition. Symbole de la force technologique américaine, par laquelle ils sont devenus les meilleurs amis des couards et des bandits, et la risée des civilisations d'armes traditionnelles.
Il faut bien dire que c'est la seule manière de gagner face à plus grand que soi. Parfois, leur ingérence a permis de grands progrès, notamment celui de se faire taper dessus à Pearl Harbor 70 ans plus tard ! Juste retour des choses ou éternel recommencement depuis les débuts de la diplomatie américaine, désormais proche orientale ?
Bref, le titre grandiloquent n'est pour une fois pas usurpé, et vous pouvez sans risque aller voir un film moins courageux que "Danse avec les loups", mais plus instructif, pour une toile en tout cas.