Un choc, voici ce que fut 28 jours plus tard. Je ne m'attendais pas du tout à cette affreuse merveille que nous a offert Danny Boyle. J'imaginais à l'avance une sorte de Je suis une légende en pleine crise d'infection et non après (je ne sais pas pourquoi je m'étais mis cette idée là dans la tête). Mais ces deux longs métrages sont quand même franchement différents, malgré une idée de base identique : que se passerais t-il si l'humanité se faisait décimer par un virus transformant les hommes en zombies avides de chair fraîche ? Cette possibilité éveille le questionnement rien qu'à son évocation, autrement dit elle est prévisible, on y croit parce ce que c'est presque vraisemblable.
Le film se scinde en 2 parties bien distinctes. Dans la première, on nous présente les 4 personnages principaux après, bien sûr, un prologue introductif à l'idée de base. Les protagonistes sont joués de façon naturelle et vraie, ce ne sont pas de grands acteurs connus et pourtant, ils réussissent à éveiller en nous un attachement propre. Le personnage de Frank nous offre quelques magnifiques moments et c'est le personnage auquel je m'étais le plus attaché. Jim est interprété par un acteur pas encore révélé et il vit littéralement sous nos yeux, et se donne à fond pour le final où il « sort » de l'écran. Selena vibre de personnalité et n'est pas du tout, comme on pourrait le croire, la pouliche plate sans intérêt qu'on nous sert dans beaucoup de blockbuster. La fille de Frank paraît un peu effacée au début, mais on finit vite par l'intégrer, et le général assure son rôle avec justesse (les soldats s'en tirent bien). Bref, rien n'est délaissé. Chaque plan, surtout ceux de Londres au début, sont cadrés avec un implacable soin. La façon de filmer de Danny Boyle rend le film réellement terrifiant : la peur n'est pas omniprésente, c'est plutôt une atmosphère spéciale, assez mélancolique et douce, qui se dégage du film. Non, la peur surgit tout à coup de façon fulgurante, nous saisit jusqu'à la moelle, puis se termine en nausée (les effets gores sont vraiment atroces et c'est bien plus crédible que les tonnes d'hémoglobines de Martyrs). Je me suis surpris à espérer à chaque fois que ce serait le dernier moment où l'on verrait des contaminés (alors qu'à la base, j'étais là pour ça...). D'ailleurs à ce propos, pour ceux qui y vont en voulant un film de zombies ils se trompent, car 28 jours plus tard s'inclue dans le genre « film d'horreur » en général et il est impossible de clarifier davantage son genre, à moins d'en créer un « étude des caractères en milieu apocalyptique ». Des longs morceaux de philosophie et de psychologie viennent renforcer cette première partie qui aurait due constituer le film en entier qui se serait terminé tout autrement selon les bonus du DVD qui nous l'expliquent à grands coup de storyboards. Peut-être certains auraient préféré cela car le film s'oriente vers une voie différente avec d'autres thèmes, mais en réalité ceux ci sont un prolongement des précédents et les deux cuves se complètent. La deuxième commence donc avec les soldats et elle est tout aussi réussie, avec cette fois une morale largement acceptable qui nous est passée en douce. Le final, mené par une musique fascinante, m'a cloué à mon siège, hypnotisé par sa cruauté, son romantisme et son caractère effrayant, moral -presque abstrait- et très philosophique. La fin en elle même est correcte, elle n'en dit pas plus qu'il ne le faut pour nous laisser rêver. Une expérience foudroyante.