"28 jours plus tard" a été une certaine déception lors de mon premier visionnage. C'était un des films réputés du génial Danny Boyle, et la ba me promettait un film viscéral, dérangeant, glauque et très gore. Exactement ce que j'attendais en pensant au film. Boyle est fort pour ce genre d'ambiance, il n'y avait pas de quoi trop s'inquiéter. Et pourtant...le film m'a totalement pris à contre-pied et je n'ai pu m'empêcher d'être déçu. Le film viscéral que je m'imaginais n'était pas présent et j'ai eu à la place un divertissement sympathique mais incomplet à mes yeux. Maintenant que je savais les intentions de Boyle et que les attentes n'étaient plus là, je me suis plongé bien après dans un second visionnage. Et autant dire que ça a été bénéfique car le film a plutôt monté dans mon estime. En premier lieu, le film a une grande qualité qui est la mise en scène de Boyle. Elle a le mérite d'être atypique et totalement appropriée. Le long-métrage est filmé en caméra numérique: ce n'est pas forcément beau (l'idée est de faire comme si c'était un documentaire dans un milieu crade) mais ça a un côté esthétique très plaisant. Puis ça aide à rendre l'ambiance un peu plus pesante, c'était vraiment une bonne idée. J'irais même jusqu'à dire que la photographie est très belle à sa manière.
Lors des (rares) attaques de zombies
, Boyle filme très bien, et celles-ci arrivent à être marquantes. C'est brutal, c'est violent...bref, tout ce que j'attendais. Le découpage y est très efficace. Il est dommage que ça soit minime dans le long-métrage. Le reste du temps, c'est filmé plus proprement, façon Boyle avec quelques cadres "penchés". On a notamment au début de très beaux plans dans la ville abandonnée de Londres. Le film est interprété par un casting excellent: dans le rôle principal, un certain Cillian Murphy dans sa première collaboration avec Danny Boyle. Il est impeccable et attachant: son personnage, Jim, c'est monsieur tout le monde qui se réveille dans une situation peu commune. Ses réactions sont réalistes, et on s'identifie très vite au personnage. Je dois dire que c'était vraiment une bonne idée de prendre comme "héros" un personnage très commun qui se retrouve dépassé par la situation. Dans le rôle de Selena, Naomie Harris est parfaite: forte, attachante et charismatique. Quand à Brendan Gleeson, il est comme à son habitude génial. Et Christopher Eccleston se débrouille assez bien dans le rôle du major Henry, il a une certaine classe. Le casting est finalement assez limité, mais tous sont assez convaincants, rien à dire de plus. Là ou le film est particulièrement marquant, c'est dans sa célèbre musique composée par John Murphy. Evidemment, il y a le morceau principal qui est désormais culte ("In the House, In a Heartbeat"). La montée en puissance y est assez remarquable et sert bien
la scène du manoir (surement la plus réussie du film)
. Les autres morceaux sont forcément moins marquants mais tous sont de bonnes factures. Finalement, la bo est dans l'ensemble assez douce, et certaines pistes sont touchantes de part leur mélancolie. Même si certains passages m'ont semblé un peu trop surappuyé par la musique (
notamment quand Jim entre dans la maison de ses parents
), j'ai vraiment aimé cette bo dans l'ensemble. Pour ce qui est des décors "apocalyptiques", c'est très convaincant. Il y a même un certain stress qui plane lors du début à Londres dans cette ville si grande et si vide. Boyle a eu peu de budget et s'est bien débrouillé de ce côté-là. Il y a d'ailleurs des utilisations du décor assez intéressantes,
comme dans le moment ou Jim voit accroché des milliers d'affiches à Londres et comprend qu'il s'est passé quelque chose
. Tout ces détails m'avaient déjà marqué de manière positive lors de mon premier visionnage. Ce qui m'a fortement déçu quand j'ai vu "28 jours plus tard" pour la première fois, c'est surtout le scénario.
On peut diviser le film en 2 parties: la première montre les héros se reconstruire et reprendre espoir au fur et à mesure. Ils finissent par former une nouvelle famille. Cette partie s'apparente à un road-movie et est bien plus "joyeuse" que je ne l'imaginais. Si on excepte les 20 premières minutes dans les extérieurs de Londres qui sont plutôt pesantes, c'est un moment plein d'espoir, voir même coloré (!). Ca a le mérite d'être étonnant et ça m'avait assez décontenancé lors de mon premier visionnage. Le personnage du père et de sa fille sont plein d'humanité, on s'attache vite à eux autant qu'on l'est à Jim et à Selena. Mais cette partie a un intérêt pour démontrer le vrai message du film, message qui vient dès que commence la deuxième partie (là aussi étonnante à sa façon). Le père finit par mourir contaminé, et le paradis annoncé n'est qu'un piège. C'est le retour à la réalité, pleine de désillusions. Je m'attendais à ce qu'on arrive enfin à un survival gore mais là encore j'ai eu faux. A la place, Boyle nous fait passer un message pourtant vieux comme le monde sous forme de huis-clos: ce qui reste le plus dangereux pour l'homme...est l'homme. Et vous savez quoi ? Ca marche totalement. Certes, c'est fait de manière peu subtile. Les soldats sont présentés comme antipathiques et sexistes, et ils paraissent même plus exécrables que les infectés en allant jusqu'à vouloir tuer Jim pour avoir défendu les femmes. Seul le major West parait plus nuancé et ambigu. C'est pourtant lui qui a organisé ce "piège" mais on arrive étrangement à presque l'apprécier. Donc oui, c'est fait avec peu de nuance, mais le message marche totalement. Puis le fait qu'on est attaché aux personnages y joue aussi. Puis le climax dans le manoir approche enfin le ton que j'espérais pour le film, avec du gore et du malsain à foison.
A noter quand même que l'interdiction aux moins de 16 ans est totalement injustifiée. Au final, "28 jours plus tard" est un très bon film. Il a beau m'avoir déçu, difficile de nier la maestria de Boyle qui réussit à nous transporter aisément dans son monde post-apocalyptique et en nous livrant une bien sombre vision de l'être humain. Une réussite.