Après un Luna Papa inspiré mais brouillon, Khudojnazarov est de retour avec un film toujours aussi extravagant mais cette fois-ci mieux construit et plus rigoureux. De nouveau, le réalisateur sintéresse au passage de la jeunesse à lâge adulte, de linsouciance à la réalité, à travers le portrait de ses trois héros. En fait, on aurait tort de sarrêter au titre, pas vraiment accrocheur, car bien que méconnu, Le Costume est un film savoureux. Le portrait dune jeunesse en manque de repères, celle de la génération post-soviétique ; cest avant tout de cela que parle le film : le besoin déchapper à la réalité, aux problèmes de famille
Le costume est ici vu comme un moyen déchapper à sa propre vie, et évoque parallèlement limportance du paraître chez les jeunes russes, ce besoin destime et de reconnaissance sociale. Mais le réalisateur parvient à évoquer cette réalité de manière enlevée et légère. Le film prend alors lallure dune fable à la fois drôle et triste, Khudojnazarov déployant un univers fantaisiste et décalé. Dommage toutefois que le réalisateur ait tendance à hésiter entre drame et fantaisie, à limage de la fin, trop rapide. La mort du Muet donne une tonalité finalement plus sombre au film, mais ne sert pas vraiment lhistoire. On notera par ailleurs la performance des acteurs (mention au Muet, formidable, dont le jeu est digne dun acteur muet), incarnant des personnages hauts en couleurs et attachants. En résumé, le réalisateur (à suivre !) nous plonge dans un univers drôle, dépaysant et attachant, que lon pourrait rapprocher de celui de Kusturica. Une fable enjouée et poétique (servie par une musique fort sympathique), qui même si elle reste un peu inaboutie (la fin déçoit), savère être une très agréable surprise.