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Gourmetdefilms
61 abonnés
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4,0
Publiée le 13 juillet 2013
Une petite immersion en France des 80' dans la "bande à Bertrand" et dans la vie de Louis. On se régale quand on est amateur du genre, et même sans on ne peut qu’apprécier le très bon jeu et le charisme de Michel Piccoli, ainsi que l'interprétation de Lanvin ou même des 2nd rôles. Un film habile pour un sujet toujours d'actualité sur l’ascendant psychologique ou encore le monde du travail. Dommage que la fin nous laisse sur notre faim.
un scénario original sur le thême de la manipulation et de l'assujetissement d'un petit cadre ambitieux, assez délicat car si on n'entre pas dans le film on peut rapidement décrocher mais la réalisation est bonne et l'interprétation de Piccoli énorme.
Viens de voir ce petit chef d'oeuvre méconnu du ciné français début 80 avec un Piccoli dans la quintessence de ses rôles de malsain antipathique comme il en a tant joué mais jamais de manière aussi efficace, autant au service d'un personnage et d'une histoire, ici en l'occurrence une histoire de père de substitution. La séquence où Piccoli appelle Louis alors qu'il est nu dans la salle de bain est glaçante, extrêmement malsaine, tellement elle renvoie à la situation de Louis qui s'est affaibli au point de perdre sa fiancé, abandonner toute intimité pour se retrouver avec celle de son patron cul nu qui, de surcroit dans cette incroyable scène, lui reproche de lui avoir menti sur la mort de son père. Balmer et Kalfon nous mettent d'emblée absolument mal à l'aise avec leur rire en coin et leur complicité dérangeante et ça devient un régal de rôles secondaires de voir ses deux tronches du cinéma français littéralement "Piccoliïsé", déjà - avant Louis - vampirisé par le personage de Bertrand Mahler. J'ajoute un formidable texte dans la bouche de Piccoli dont quasiment chaque phrase nous donne envie de nous gratter le dos tellement elle instille en nous un inconfort. La tronche de Piccoli sortant de la voiture, vu du point de vue de Nathalie Baye qui en frisonne d'horreur rien qu'à la vue de ce Diable est une autre image gravée dans mon cerveau après cette première vision. Seul regret, je trouve légèrement trop hâtif le départ de Nathalie Baye, et la fin est un peu lâche.
Un drame psychologique qui ne fait pas forcément dans la finesse mais qui frappe fort et juste. Il est assez étonnant de découvrir ce film, avec un G. Lanvin assez rare en jeune homme fanfaron et finalement complètement effacé, subissant son destin et livrant au final une belle prestation, qui joue à fond sur son côté écorché vif sur le fil du rasoir. Il faut dire qu'en face, il a des cadors entre M. Piccoli qui régale (Ours d'argent à Berlin), N. Baye magistrale (César du meilleur 2nd rôle féminin), J.P Kalfon magistral et un J.F Balmer qui récite tranquillement sa partition. Chacun évolue dans des rôles pas si figés, proposant quelques belles nuances psychologiques dans ce film qui se suit bien, quand bien même on perçoit un certain malaise au fur et à mesure du film. La mise en scène de P. Granier-Deferre est volontairement effacée, préférant laissé la place aux dialogues et aux acteurs. Un très bon film, au sujet intéressant (les liens qu'on entretient avec nos supérieurs et plus généralement le travail, ses impacts sur la vie de couple, l'effacement de soi derrière une personnalité plus forte) avec des personnages troublants et complexes. Très bon film, qui évite la pose auteuriste et qui pourtant, reste hyper intéressant. D'autres critiques sur
j'ai bien apprécié ce film qui conte l'histoire d'un jeune publicitaire (incarné par un très bon Gérard Lanvin) qui se fait peu à peu aspirer, dominer puis avilir par un patron dominant, méprisant, davantage intéressé par avoir des collabaorateurs littéralement à sa botte que par le succès de l'entreprise, jusqu'à sa faire vraiment cirer lespompes et repasser les pantalons, s'inviter chez son collaborateur puis faire vivre celui-ci chez lui comme un escalve disponible pour tout et à touet heure (excellentisime Piccoli). Par expérience je sais que de tels patrons existent, comme existent des courtisans, qui voulant se fair ebien voir et monter dans la hiérarchioe rentrent par calcul dans leur jeu et s'y trouvent piègés, piétinés, puis jetés ayant eux mêmes finis par accepter le mépris qu'ils inspirent et c'est ce processus que le film de Granier deferre décrit parfaitement.Ce film rappelle un peu "le diable s'habille en Prada", en beaucoup plus noir et bien moins pétillant, à la différence près que dans ce film la Directrice sait détecter les vrais talents et les faire émerger pour lui succéder.
Le film repose avant tout sur un subtil trio avec un personnage fascinant interprété avec puissance et rigueur par le grand Piccoli enchaînant les films à cette période. Le couple Lanvin/Baye touché par ce personnage charismatique est une réussite (César pour Baye) et Deferre signe ici une histoire assez moderne et d'ailleurs l'un de ses meilleurs films avec évidemment "Le chat".
Une étrange affaire est un bon film psychologique sur le monde de l'entreprise et du travail en général. C'est l'histoire d'un assistant de chef de service de la publicité qui est au placard. Il ne passe rien pour eux. L'assistant, Louis, en a perdu toute motivation, malgré les idées qu'il a et dont il discute avec sa femme et confidente, Nathalie, le soir en rentrant du boulot. Jusqu'au jour où un nouveau patron arrive. Il est très spécial et affublé de 2 bras droits très spéciaux aussi. Il va alors naître une espèce de relation bizarre entre eux 4, le film et l’atmosphère du film se construit là-dessus. Louis change du tout au tout, il a du boulot, il est occupé, trop des fois et ça déborde sur sa vie privée. Il passe d'une extrême à l'autre. Le film est très bien fait, cela aurait mérité peut être un peu plus de matière et une fin un peu plus construite mais cela reste un bon film psychologique. Lors d'un revisionnage en hommage à M. Piccoli, je ne mettrais plus que 3 étoiles, l'emprise imposée par Piccoli sur le jeune Louis Coline est le coeur du film, et cet aspect psychologique est très bien relaté, néanmoins le film s'essouffle un tout petit peu vers la fin.
Une histoire très originale, trouble et troublante. C'est l'histoire d'une fascination, d'une vampirisation et d'une disparition. Fascination d'un jeune homme, avide de reconnaissance, pour un père putatif, ou fascination homosexuelle latente, on ne sait trop. Vampirisation de l'individu par le monde de l'entreprise. Disparition à soi-même dans l'acceptation d'une soumission totale et disparition aux autres (épouse, famille) au profit d'une relation exclusive. Au final, c'est l'histoire d'un homme qui, désireux d'être quelqu'un, finit par n'être plus personne… Formidable richesse thématique pour ce film qui est l'adaptation d'un roman de Jean-Marc Roberts, "Affaires étrangères". Gérard Lanvin et Nathalie Baye y sont très bien, tandis que Michel Piccoli atteint un sommet dans sa carrière, en patron-gourou, monstre d'ambiguïté déstabilisante, de subtilité retorse, d'audace désarmante, de perversité soyeuse, de mystère inquiétant... Le scénario est parfaitement construit autour de lui. Seule la réalisation est sans surprise, hélas. Ce qui n'empêche pas l'ensemble de marquer fortement l'esprit.
J’avais vu ce film au cinéma à sa sortie… Et il était déjà dérangeant. Quarante ans plus tard - il vient de repasser à l'occasion du décès de Michel Piccoli -, on se rend compte qu’il fallait le voir comme une anticipation, une mise en garde. On est en 81. La crise est là depuis moins de dix ans, ses conséquences sociales sont présentes mais on se laisse encore bercer par un discours politique ouaté. Auteur et metteur en scène avaient cependant très bien perçu, analysé et montré la nature des choses qui allaient se mettre en place dans les entreprises au cours des années suivantes et qui allaient conduire aux drames : compétitivité pour la compétitivité, paternalisme malsain, harcèlement moral (on y évoque le suicide de salariés virés...), manipulation, cynisme (désinvolture et jugements émis par Jean-Pierre Kalfon), déshumanisation, déstabilisation permanente et négation du libre arbitre ("On est bien d'accord vous et moi ?"), négation de la vie privée (ça, pas besoin de le décrire, c'est tellement évident), stérilisation du travail ("On vend mieux les choses qu'on ne connaît pas", la scène du ventilateur du ventilateur en panne pour dire que ce n'est pas la production qui compte - on s'en moque, c'est une péripétie qui se gère avec le service client -, mais les rapports de pouvoir… Tout y est ! On se demande même si le patronat n'a pas pris le personnage de Malher au pied de la lettre pour l’imiter à l'envi.
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4,0
Publiée le 23 octobre 2021
Ce film est timide un de ceux sur lesquels vous tomberez par une nuit d'insomnie sur une obscure chaîne de télévision. Et vous vous trouverez attiré par son ambiance et ses personnages maladroits vérifiez la performance de Jean Pierre Kalfon qui est étonnante ici. En vérité Une étrange affaire est un chef-d'œuvre étrange et je n'ai pas honte de dire qu'il aurait pu être un film de Kubrick dans la façon dont il dépeint extrêmement précisément la relation entre un roi et sa cour et le comportement des disciples de la cour à l'esprit tordu et comment cette relation peut fonctionner aujourd'hui dans une démocratie. Piccoli est à son meilleur de même que Balmer et Kalfon (deux acteurs français très sous-utilisés) et c'est probablement le meilleur film de Lanvin (si vous êtes un de ses fan). Le film est cruel et montre avec quelle facilité un homme peut se faire tordre le cou que ce soit par un PDG ou dans le contexte d'une grande entreprise ou par n'importe qui à n'importe quel niveau supérieur et combien les moyens à utiliser sont faibles et bon marché. En cette nuit d'insomnie essayez de rester éveillé regardez le et vous ne le regretterez pas...
Ce film est envoutant, envoutant dans le mauvais sens du terme. C'est une spirale infernale vers l'enfer de la relation entre un pervers narcissique mégalomane et un jeune ambitieux en recherche d'une figure paternel.
C'est Magnifique d'interprétation. Les acteurs sont d'une justesse surprenante. Piccoli est au sommet de son art.
Scénario : 3,75/4 Mise en scène : 1,75/2 Montage: 0,75/1 Musique: 1/2 Photo/effets : 1,75/2 Casting: 2/2 Jeux d'acteurs : 1/1 Coup de coeur : 5,5/6 Total: 17/20
La réussite et le pouvoir sont traités dans ce film noir de manière machiavélique, interprété par un Michel Piccoli glacial, odieux et perfide. L’ascendant violent d’un patron qui remplace un père absent nous emporte dans une histoire malsaine où l’employé est hypnotisé et met en péril sa relation amoureuse. Le film a 50 ans, il est cependant toujours d’actualité.
Louis Coline (Gérard Lanvin) est le mari de la charmante Nina (Nathalie Baye) et travaille comme agent publicitaire dans une entreprise. Sa vie professionnelle est confortable mais terne...jusqu'à ce que débarque le nouveau patron : le redoutable Bertrand Malair (Michel Piccoli) accompagné de ses deux bras droits (Jean-Pierre Kalfon et Jean-François Balmer). Coline est aussitôt fasciné par ce personnage énigmatique et charismatique qui le prend sous son aile et va bientôt faire de lui une sorte d'esclave consentant. Tombé sous l'emprise de ce pervers narcissique, le jeune homme bascule dans une dépendance affective destructrice...Sorti en 1981 et réalisé par Pierre Granier-Deferre, "Une étrange affaire" est une réussite remarquable. Outre l'étude surprenante d'un cas pathologique et une réflexion pertinente sur le monde du travail (assimilé à une secte), ce film baigne dans une atmosphère particulièrement étrange (le titre ne ment pas), à la fois malaisante et feutrée, pleine de sous-entendus et de zones d'ombre. Plusieurs points restent d'ailleurs sans explication : qui est la troublante Salomé ? On sent bien qu'elle est elle aussi une victime de Bertrand Malair, mais son rôle et sa présence restent nimbés de mystère. Quant au personnage interprété par JP Kalfon, il est presque aussi inquiétant que son employeur qu'incarne Michel Piccoli avec une subtilité parfaite. Plus de quarante ans après sa sortie, "Une étrange affaire" s'impose comme une œuvre marquante du cinéma français et européen, non seulement sur le plan artistique mais également en tant qu'analyse psychologique et sociétale.
Je ne dirais pas comme d'autres qu'il s'agit du meilleur film de Granier-Deferre (je lui préfère Adieu Poulet), mais ce film crée une ambiance profondément malsaine et nous fait réfléchir de façon métaphorique sur les perversités du monde de l'entreprise. C'est grâce à cette approche métaphorique que le discours éminemment politique passe bien. Dénoncer ces mêmes phénomènes de façon directe serait pénible. Là on navigue presque dans un rêve qui nous mène par l'absurde à mieux saisir l'ambivalence des relations de travail dans un contexte où l'humain est caressé dans le sens du poil afin de mieux le mobiliser. Outre le grand Michel Piccoli et la belle prestation de Gérard Lanvin, parfait de lâcheté, ainsi que de Nathalie Baye, la prestation de Jean-François Balmer (à l'époque encore mal reconnu) et surtout celle de Jean-Pierre Kalfon, plus fou encore qu'en d'autres occasion, donnent au film une épaisseur psychologique et accroît le malaise si salutaire lorsque l'on aborde certains sujets.