Après le succès critique et le retentissement de « Pas vu à la télé », puis de « Pas vu pas pris », Pierre Carles était parvenu à faire ce qu’il avait toujours cherché à faire : instaurer le doute, révéler la supercherie… Fort de son succès, il a voulu enfoncer le clou en venant appuyer la démarche de Pierre Bourdieu qui affirmait qu’à la télé, on ne pouvait pas critiquer le pouvoir de la télé. Dans l’idée, franchement, je trouve ça malin. Alors que son premier opus se limitait simplement à illustrer d’un exemple la connivence média/pouvoir, dans le second, Carles propose d’étendre cette analyse à la télévision toute entière, notamment dans sa propre incapacité à parler d’elle-même. Problème, si l’idée est juste, la réalisation l’est beaucoup moins. Si, dans « Pas vu à la télé », l’affichage ouvert et volontaire de la rancœur de Carles à l’égard de Canal était tout à son honneur tant la démarche se voulait honnête et humanisante, là c’est cette rancœur affichée devient clairement la tâche qui éclipse totalement le propos. On commence à parler de Bourdieu, et de son opposition à Daniel Schneidermann, et progressivement, on en vient quasiment plus qu’à parler de Schneidermann exclusivement, au point que cela vire presque à la cabale. Le propos n’est plus la télé, le propos devient « se payer la tête du vilain Daniel ». Alors après, comme avant, Pierre Carles ne se montre pas dupe de sa propre démarche : il évoque son passé avec l’intéressé, il s’allonge même sur le divan pour avouer son ressentiment à l’égard du personnage. Cool… Mais franchement, pour le coup, on s’éloigne vraiment du sujet. D’ailleurs, ce dernier quart en présence de cet étrange psychanalyste présente un côté farcesque que je trouve vraiment inadapté au propos. C’est bête, mais là, Pierre Carles a franchi la ligne rouge et, selon moi, s’est totalement foiré sur sa deuxième partie. C’est triste car, pour le coup, ce film sert bien davantage à nourrir ses détracteurs qu’à défense sa cause… Triste…