Quand j'étais plus jeune (car oui maintenant je suis vieux), je me souviens avoir accompagné mon père au cinéma pour l'un de ces doubles programmes dont nous étions friands. Ce soir-là, il s'agissait d'une thématique Jules Verne. Le premier film fut le très (très) décevant "Tour du monde en 80 jours", vous savez la bouse avec Jackie Chan et Steve Coogan. Quant au second film, il racontait l'histoire d'enfants qui s'échappaient de leur domicile à bord d'un dirigeable avant de s'écraser dans une île mystérieuse. Ce deuxième film m'avait profondément marqué de par son mélange incroyable entre prise de vues réelles et gravures inspirées du travail de Gustave Doré. Puis, quelques temps plus tard, je m'étais rendu compte que j'avais extrêmement bien retenu le titre du film bouseux de Franck Coraci ("Le tour du monde...") mais pas celui du second! Il y a des fois des choses que je ne comprendrai jamais avec mon cerveau... Puis, les années passèrent et le film au titre mystérieux sombra dans les méandres de ma mémoire...avant de resurgir il y a quelques semaines (soit, pas loin de dix ans après cette séance cinéma) dans mon esprit. Souhaitant redécouvrir ce film, je me suis mis à chercher sur ce formidable outil qu'est le net et après de longues et méticuleuses recherches, voilà que je tombe sur ce "Dirigeable volé", réalisé par un certain Karel Zeman et sorti en 1967 en Tchécoslovaquie (avant de sortir en France en...2004). Dessinateur et réalisateur tchèque, Zeman s'inspira librement du roman "Deux ans de vacances" de Jules Verne pour réaliser cette petite pépite cinématographique. "Le Dirigeable volé" est époustouflant de bout en bout. L'histoire est simple de prime abord (des enfants se retrouvant sur une île déserte et devant faire face à des pirates) mais esthétiquement parlant, Zeman effectue un travail d'orfèvre. Chaque décor est réalisé à la main, avant que le réalisateur n'intègre dans ces décors en papier des prises de vues réelles qui apportent un charme particulier à l'ensemble du long-métrage. "Le Dirigeable volé" innove et rappelle certains films de Ladislas Starewitch ainsi que de Jan Svankmajer, avec ces décors particuliers réalisés à la main. On pense aussi fortement à Méliès devant le film (Zeman était d'ailleurs considéré comme étant le Méliès tchèque) de par cette esthétique rappelant les tableaux proposés par le maître français (exemple du "Voyage dans la lune" de 1902, aussi inspiré du roman de Verne, "De la Terre à la Lune"). Pour "Le Dirigeable volé", Zeman mélange le langage du cinéma avec celui du film d'animation. Cela donne un résultat détonnant et original qui reste dans les mémoires. Pour cette redécouverte, j'en suis sorti dans le même état qu'il y a dix ans, rajeuni et heureux du spectacle que je venais de voir. Une véritable rafale de fraîcheur dans le milieu cinématographique. Et promis, cette fois-ci, je retiens le titre du film!