The Sword est un film qui rentre parfaitement dans ce que j’appelle le cinéma efficace. C’est-à-dire des métrages qui n’ont pas forcément d’originalité, qui ne sont pas forcément exceptionnels, mais qui sont fait avec une solidité manifeste, et qui parviennent à se démarquer du tout-venant grâce à cela.
Pas forcément enthousiaste au début, le film m’a surtout conquis par la qualité formelle qu’il déploie. Mise en scène rigoureuse, combats rondement menés, nombreux, jamais ennuyeux et bien violents, décors remarquables, le film propose aussi une superbe photographie avec des choix d’éclairages ingénieux et des contrastes de couleurs séduisants. Rien à dire, visuellement ce film est très propre, très beau, avec quelques moments de bravoure (la structure en feu), parfois aussi vu ailleurs, mais rarement avec un soin comme ici. Par ailleurs, le film dispose aussi d’une vraie bande son, typée, et originale, qui seconde à merveille les images. A noter quelques séquences violentes, dont le final, qui sauront surprendre.
Ce qui pour moi affadi un peu ce travail formel, c’est le fond. L’histoire n’est pas très passionnante, surtout marquée par un côté « académique », tant le cinéma asiatique nous a servi ce genre de personnages, ce genre de propos, et dans ce genre de confrontation. Néanmoins, tout n’est pas à jeter non plus. Un peu grâce à la mise en scène justement, le film parvient à tirer de beaux moments tragiques (le final), et surtout la durée courte du métrage (1 heure 25), permet de ne pas voir le temps passer et donc de se trouver face à un divertissement honorable. Le film n’affiche pas des ambitions démesurées, il n’en a pas la prétention, et il va à l’essentiel. Un peu trop peut-être, certains passages auraient pu être mieux dégrossis, notamment dans la première partie.
Le casting est bon. Je ne connais pas très bien les acteurs asiatiques qui jouent dans ce film, mais j’ai été spécialement séduit par la prestation d’Adam Cheng. Ce dernier est charismatique, et bien que peu expressif, pas monolithique. Il incarne l’épéiste asiatique typique, froid mais plus sentimental qu’on ne peut le croire de prime abord, et avec un sens de l’honneur certain. Il est entouré par la charmante Qiqi Chen, et par des seconds rôles un peu plus excessifs et à mon sens moins convaincants, mais tout de même corrects.
En clair, voilà un beau film esthétisant. Sans apporter énormément sur le fond au genre, comme en témoigne sans doute la faible notoriété de ce métrage par rapport à d’autres, il serait pourtant dommage de passer à côté. Pour moi on est un peu ici dans ce que peut être un bon Corbucci par rapport à un Sergio Leone dans le western spaghetti. Un film moins révolutionnaire, mais peut-être plus divertissant et plastiquement aussi beau. 4