Pour le troisième opus des aventures de Harry Potter, Chris Columbus quitte la réalisation afin de plus se consacrer à sa famille et c'est donc Alfonso Cuaron qui se charge de la suite. Réalisateur de Y tu mamá también et du plutôt récent Gravity, Cuaron fut le choix "coup de cœur" de J.K Rowling. Mais alors, y a-t-il vraiment du changement ? Ah ça, oui !
Tout d'abord, les gens l'auront remarqué, il y a un flagrant changement de ton dans ce nouveau volet. L'histoire est plus sombre, la réalisation se démarque bien de Columbus, les acteurs jouent mieux, la bande originale marque plus...
Côté histoire et "ambiance de Poudlard", Cuaron livre quelque chose de magique. On ressent bien à travers ce film une patte spéciale du réalisateur, quelque chose que l'on aura plutôt du mal à trouver dans les autres volets (bon, sauf si la réalisation académique très reconnaissable de Columbus peut être considérée comme une "patte"...). Tout d'abord, Cuaron décide de changer de ton en optant pour une réalisation et un scénario plus sombre (on peut dire que cela suit le bouquin, il n'empêche que si Columbus avait réalisé ce film on serait bien loin du résultat de Cuaron). Ensuite, les enfants devenus jeunes adolescents commencent ENFIN à se démarquer les uns des autres et à être de simples et jeunes êtres humains abandonnant leur robe de sorciers, vivant, communiquant entre eux, le tout dans une atmosphère "réaliste" et prenante. A travers ce côté "ado", on trouve donc bien des personnages avec de vraies émotions (colère, doute, rêves, mélancolie, rire...).
Ensuite, Cuaron fait aussi le choix de changer des lieux de place comme la cabane d'Hagrid ou le Saule Cogneur et cela rend bien mieux. Il rajoute également le pont couvert, crée spécialement pour les films et rendant très bien à l'écran.
Pour la distribution, de nouveaux venus sont à citer. Tout d'abord, Richard Harris (interprétant Dumbledore dans les deux premiers films) étant décédé avant le tournage, on fit le choix de le remplacer par Michael Gambon. Et, malgré tout le respect que j'ai pour Harris, Gambon s'en sort magnifiquement bien et fait même un meilleur Dumbledore. Gary Oldman en Sirius Black est juste phénoménal. David Thewlis en Lupin est génial et nous donne envie d'avoir eu le même professeur. Enfin, Timothy Spall en Pettigrow fait bien son travail et Emma Thompson en Trelawney est délirante.
Sinon, les autres acteurs reprennent leur rôle et le jeune trio joue déjà bien mieux que dans les deux premiers films.
Tout est donc supérieur aux deux précédents films et même aux suivants. En effet, Le Prisonnier d'Azkaban est bien mon Harry Potter préféré et ce n'est pas pour rien. L'aspect "adolescent rebelle et désinvolte" fait son apparition et marche magnifiquement bien. L'histoire a enfin des enjeux prenants menée à bien par une histoire de voyage dans le temps, de scènes mémorables faisant leur apparition
: la scène de la grosse tante, du Magicobus, du train, de l'épouvantard, du retourneur de temps, de la cabane hurlante, du lac
... Tant de moments marquants sublimement réalisés et accompagnés de musique d'un John Williams au meilleur de sa forme (Buckbeak's flight et A window to the Past sont en particuliers plus marquants).
Comme dit juste avant, Cuaron pousse beaucoup plus loin la réalisation comparé à son prédécesseur. Adieu la réal très académique de Columbus, bonjour au merveilleux travail de Cuaron ! On a là des travellings, des plans-séquence, des zooms, un filtre bleuté correspondant parfaitement à l'ambiance sombre et froide du film...
Cependant, car il faut bien le souligner, le film n'est pas exempt de certains défauts. Et ces défauts sont en particulier scénaristiques. Par exemple, le réalisateur fait l'impasse sur des éléments importants qui permettent une meilleure compréhension aux néophytes en tous genres.
On citera par exemple l'explication des mauraudeurs qui a été zappée ainsi que du patronus de Harry, le manque d'explications sur l'évasion d'Azkaban de Sirius Black...
Surtout que Cuaron rajoute aussi des choses inutiles
comme ces têtes réduites totalement inutiles qui font office de comic relief. Ne pas les ajouter aurait sûrement permis d'introduire une explication comme l'identité des mauraudeurs par exemple.
Enfin, le l'aspect du loup-garou, qui m'a certes effrayé étant plus jeune, est en fait pas si poussé que ça dans son style visuel.
Mais tout cela ne sont que des détails face à la grandeur du film.
Je ne peux donc pas le nier et je le crie haut et fort : Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban est bien le meilleur film Harry Potter. Tout y est : l'histoire, les acteurs, la réalisation, les musiques, l'ambiance... Il est même assez amusant de se dire que c'est le seul film Harry Potter qui n'est pas directement ou indirectement lié à la menace de Voldemort. C'est peut-être ce qui le rend aussi unique après tout, le film pourrait presque se placer à part (à la manière d'un spin-off) que ce soit par son histoire ou sa réalisation.
Chapeau Cuaron, dommage que tu n'aies travaillé que sur un film. Tu as cependant bien ajouté ta patte et laissé une marque considérable dans la saga.