Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, en plus d’être le troisième film de la saga la plus populaire de ces dernières années, est sans doute l’épisode qui marque la transition la plus certaine dans toute la saga de roman écrit par J.K Rowling.
Pour rappel, les deux premiers films qui adaptent les deux premiers volumes de la saga littéraire ont été réalisés par Chris Colombus, un réalisateur spécialisé dans les films familiaux comme Maman j’ai raté l’avion, et qui avait déjà réalisé un travail exceptionnel avec les deux premiers films de la saga. Ces deux films avaient révélé plusieurs acteurs dont certains ont une carrière pleine et lancé désormais comme l’excellente Emma Watson ou Daniel Radcliffe qui tente de se détacher de son image de petit sorcier avec des films comme Horns d’Alexandre Aja. Le premier film nous avait permis de nous immerger profondément dans cet univers, le second commençait à gagner en noirceur et un peu en maturité, chacun étant très maîtrisé et les films grandissant petit à petit avec son public. Sans oublier une musique signé John Williams qui a eu le droit à une nomination aux Oscars pour le premier film.
Que les films soient entièrement fidèle ou pas aux bouquins (que je n’ai pas encore lu), la communauté de fans était quand même phénoménal, et comme beaucoup j’en faisais parti et j’en suis toujours. Mais le troisième film me semble le plus intéressant à analyser parmi les premiers sorti pour deux raisons : la première, son réalisateur, Alfonso Cuaron qui mériterait plus de redevance et à qui on doit quand même deux chef d’œuvre avec Gravity et Les fils de l’homme. La seconde, ce film est une transition très clair vers une ambiance qui change très nettement comparé aux deux premiers, et nous allons voir en quoi tout de suite.
La première chose qui marque un changement évident comparé aux deux précédents volets, c’est la mise en scène et en image d’Alfonso Cuaron que je pourrais presque qualifier d’impeccable et de parfait. Cuaron joue beaucoup sur les couleurs froides et les lumières ainsi que les ombres pour marquer un changement d’ambiance très différent avec les deux premiers films, là ou c’était bien plus éclairé la plupart du temps et ou les couleurs étaient bien plus chaude et visuellement accueillantes contrairement à ici. Et le réalisateur montrait déjà qu’il savait manier la caméra et maîtriser les montages en jouant souvent sur des astuces minutieuses
comme lors du cours du professeur Lupin ou il filme, sans coupure, d’abord le miroir du placard ou est enfermé l’épouvantard en avançant jusqu’à l’intérieur du miroir pour ensuite faire un mouvement latéral après avoir montré tout les élèves présent, avant ensuite de révéler Hermione qui arrive à l’instant sans qu’on ne sache d’où jusqu’à la révélation dans le dernier tiers.
Alfonso Cuaron filmera plusieurs scènes en un court plan-séquence sans coupure, sans qu’il n’y ait de vrai temps mort,
comme celle dans la grande salle ou l’on apprend que Sirius Black a été aperçu non loin de Poudlard.
Il arrive même à jouer ingénieusement sur le montage
dans la dernière demi-heure lors du retour en arrière dans le temps avec Harry et Hermione, il terminera le début du retour en arrière avec un plan séquence en passant par l’horloge, et il finira de la même manière jusqu’à l’arrivée de Harry et Hermione à l’infirmerie juste au moment ou Dumbledore sort pour rendre l’effet du retour dans le temps plus vertigineux.
Les mouvements de caméra ainsi que les plans sont fluides et précis, propre à la patte de Cuaron tout en restant fidèle à l’univers que l’on avait découvert dans les premiers films. Et tout cela est aidé par la photographie vraiment très net et soigné de Michael Seresin.
Concernant les effets spéciaux et visuel, si on a fait mieux depuis ce film dans le domaine, l’incrustation en images de synthèse des créatures fantastiques reste tout à fait décente et maîtrisé, surtout avec un budget de 130 000 000 de $ et ce même si l’apparition reste limité pour les créatures magiques. Les détraqueurs restent très imposant et flippant à voir,
l’hippogriffe aussi, de même pour l’épouvantard
et l’effet glacial lors des scènes ou apparaissent les gardiens d’Azkaban sont travaillées, même si on sent du numérique par moment on peut difficilement faire la grimace face aux effets visuels et à la direction artistique.
Il sera aussi difficile de dire du mal de la bande-son de John Williams qui signait ici sa dernière collaboration avec la saga Harry Potter avant de céder sa place à Patrick Doyle au prochain film. Son travail pour les deux premiers Harry Potter reste exemplaire à mes yeux, et même si il n’arrive pas à faire aussi bien que lors des précédents films, on retient quand même plusieurs morceaux en tête notamment
le thème de Peter petit-gros
. Le ton musical dans ce film est beaucoup plus médiéval et moyenâgeux au niveau de l’instrumentation mais tente aussi d’autre style comme le rythme jazzy, la musique de valse ou encore le thème d’Hagrid professeur qui assume pleinement son style de musique médiéval. Quoiqu’il en soit l’ambiance est toujours travaillée dans les sons et la recherche musicale fait par John Williams, c’est très recherché et excellemment mis en œuvre pour la presque intégralité des morceaux, donc chapeau bas monsieur Williams.
Et si je commence à parler du casting, c’est sur que j’en aurais pas finis avant un moment donc accrochez vous à votre ordinateur, j’y vais : Daniel Radcliffe campait pour la troisième fois le rôle de Harry, âgé de 13 ans mais qui suit une évolution plus sombre et plus appuyé sur ce ton que dans le film précédent. Il s’en sort de mieux en mieux de film en film maintenant que je me suis replongé dans la saga, et ici il est crédible comme il se doit
quand il doit montrer sa haine grandissante à l’égard de Sirius Black une fois qu’il a découvert la vérité à son sujet,
honnêtement je n’ai eu aucun problème avec lui jusque là et j’espère qu’il en sera toujours de même en revoyant les prochains films. Emma Watson, une actrice que j’apprécie énormément et que je suis de très près depuis cette saga ou d’autres films comme Noé et Le Monde de Charlie, s’affirmait clairement comme une comédienne avec un bon avenir devant elle. On pouvait lui reprocher d’en faire trop dans les deux premiers films tant son côté intello pouvait énerver certains (moi c’est justement ce côté que j’aimais chez elle parce qu’elle n’était pas unidimensionnel non plus), là elle est plus en retenue de ce côté-là sans que ça ne soit totalement délaissé, et s’améliore également et dans mes souvenirs il en était de même avec les prochains volets de Harry Potter, Cuaron arrive même à jouer
avec un petit mystère autour du personnage et ses apparitions surprises qui nous prennent au dépourvu, sans oublier un très net indice sur la future romance entre elle et Ronald Weasley,
comme quoi il a pensé à l’essentiel concernant le personnage. Rupert Grint… dont on n’entend plus trop parler après la saga (c’est un peu triste je trouve), se montre également plus convaincant, son personnage reste toujours aussi sympathique même si on ne notera pas de progression particulière,
sauf peut être concernant son rat Croutard mais ça à la limite ce n’en n’est pas vraiment une.
Il est aussi important de noter qu’ici, on a le droit à un nouveau Albus Dumbledore joué ici par Michael Gambon remplaçant le regretté et ancien Albus joué par Richard Harris. Je ne sais plus si des gens avaient gueulé à ce remplacement, mais personnellement dans un cas ou dans l’autre je n’ai aucun souci avec l’acteur qui remplit largement son contrat. On apprécie toujours autant sa sagesse et sa bienveillance dans ce troisième opus. De même, on apprécie toujours retrouver Hagrid toujours aussi bien joué par Robbie Coltrane, et on adore détester le professeur Rogue campé à merveille par Alan Rickman qui commence à prendre un peu plus de profondeur ici
en montrant bien plus clairement son mépris envers Harry.
Maggie Smith est totalement mise en retraite ici, McGonagall ayant peu d’impact dans ce film, n’ayant pas lu le livre je ne ferais aucun jugement. En revanche, revoir Emma Thompson que j’avais adoré dans Dans l’ombre de Mary de Disney et Beaucoup de bruit pour rien de Branagh en professeur timbré, j’ai nommé Sibylle Trelawney m’a énormément fait plaisir, elle s’amuse bien et tant mieux pour nous. J’apprécie également le professeur Lupin qui est vite devenu un des personnages pour lequel j’ai le plus de sympathie dans cette saga, avec un David Thewlis très convaincant en plus, mais je retiendrais surtout l’interprétation de ce cher Gary Oldman dans le rôle du
faux
méchant de ce film, Sirius Black l’évadé d’Azkaban d’où le titre. Et évidemment, on ne cesse d’avoir du mépris et de grincer des dents quand on voit Drago Malefoy joué par Tom Felton et sa bande. En général la direction d’acteur est très bien assuré avec une galerie de personnage toujours aussi riche, je ne sais pas ce que ça donne dans les livres mais si ils sont plus exploités là encore, alors ça m’encourage à me lancer prochainement dans les bouquins de la saga.
Terminons avec l’histoire et ce que raconte ce troisième volet de la saga littéraire. Et sans vouloir me répéter, je n’ai pas encore lu les bouquins donc je ne jugerais que ce que j’ai vu dans ce film et ce qui en ressort de mon point de vue, un film pouvant être bon sans pour autant être une bonne adaptation. Et si je dois accorder un bon point à Alfonso Cuaron c’est pour avoir réussi une bonne transition entre l’aspect enfantin des deux premiers films tout en reprenant la progression qu’on avait eu dans le second film. Ici, avec l’aspect médiéval ajouté par la musique de Williams et l’apparition de créature sombre
comme celle dans la grande salle ou l’on apprend que Sirius Black a été aperçu non loin de Poudlard.
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la saga prend un tournant plus sombre et mature là ou les deux premiers films étaient bien plus enchanteurs et accueillant pour son public avec une vision très lumineuse de son univers, beaucoup de choses inversent cette tendance avec l’arrivée de nouveau élément plus dramatique. Cela ait aidé aussi par
comme celle dans la grande salle ou l’on apprend que Sirius Black a été aperçu non loin de Poudlard.
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Certains personnages ici ont même le droit à une mise en place plus prononcé,
comme celle dans la grande salle ou l’on apprend que Sirius Black a été aperçu non loin de Poudlard.
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Cuaron s’appuie même davantage
comme celle dans la grande salle ou l’on apprend que Sirius Black a été aperçu non loin de Poudlard.
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Cela dit… même si Cuaron réussi énormément de choses que ça soit sur l’ambiance, les personnages et leurs relations ainsi sur la mise en scène, il y a un passage qu’il a très mal maîtrisé et m’empêche de mettre la note maximal.
comme celle dans la grande salle ou l’on apprend que Sirius Black a été aperçu non loin de Poudlard.
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Donc, malgré ce gros souci et cette mauvaise gestion, il serait difficile (je trouve) de remettre en cause la réussite de ce troisième volet, c’est très bien joué et les personnages sont toujours aussi intéressant voire davantage, la dernière BO de John Williams sur la saga est splendide, la réalisation très léché et propre à la patte de Cuaron, l’histoire toujours aussi bien écrit en plus d’évoluer et l’univers conserve son charme qui fait qu’on ait grandit avec lui. C’est probablement (je dis bien probablement) le meilleur film des 8, le plus maîtrisé, pas parfait mais à mon sens c’est celui qui réussi le plus ce qu’il doit faire : mûrir avec son public après deux premiers films déjà superbe mais qui restait dans la veine du film familial plus enfantin.