Je crois qu'entre Fort Saganne, Le Désert des Tartares et ce film, je vais avoir des problèmes d'amalgames mémoriels ! Von Sydow apparaît dans ces deux derniers, mais pas du même côté de la clôture séculaire entre soldats et civils. Toutefois, les deux collaborent, tout comme les nationalités sur le tournage : c'est un casting anglophone qui fait parler la Première Guerre mondiale française en filmant au Nevada avec du sable marocain (une sombre histoire d'assurances empêchait de déplacer Hackman de son pays, victime d'un mal de dos).
Les décors sont jolis mais minoritaires (vive le sable d'importation !) et les dialogues communs. Mais Richards, en bon publicitaire, arrive avec nonchalance à faire parler le symbole : le chapeau d'un mort, en deux coups de cuillère à Jarre (Maurice), devient la métaphore instantanée d'une belle tristesse, dont on regrette qu'elle ne soit pas plus poussée dans l'écriture des personnages, lesquels restent assez centrés sur leurs mimiques comme si elles devaient être les seuls signes de leurs personnalités. Pareil pour Terence Hill, son rôle, c'est son sourire et ses acrobaties.
Les mondanités et la diplomatie sont des atouts de March or Die. Elles lui donnent un côté Peter Pan pas déplaisant, non plus que Deneuve, qui est fidèle à elle-même tout autant que méconnaissable, ou Ian Holm qui interprète un chef arabe avec brio. Hackman est un peu vieillot (sans doute du sable algérien lui eût-il mieux convenu), mais il n'est rien au regard d'une question qui se pose hélas beaucoup : pourquoi pas plus de ci, et pas moins de ça ? Des films que j'ai cités en en-tête, il est le moins mémorable, parce que rien ne le pousse au derrière comme l'ambition ou la tension. La guerre éclate comme sortie de nulle part, pas vraiment une fatalité ni vraiment une envie.
De vagues erreurs alchimiques pour un produit qui n'est pas de très loin inférieur à sa propre ambition.
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