Imaginé à l'origine comme une parodie, Les Dents de la mer 3 fut finalement pris au sérieux par les producteurs de la franchise. Bien mal leur a pris. Réalisé par Jon Alves, chef décorateur des deux premiers films (et dont c'est ici l'unique réalisation), ce troisième opus montre bel et bien que la série s'essouffle et que la terreur laisse place au grand-guignol ridicule où l'on préfère prendre le spectateur pour une buse plutôt que de l'effrayer. Tournée en 3D relief, qui subit un véritable revival dans le cinéma de genre des années 80, cette nouvelle suite va désormais clairement lorgner vers la série B estivale, histoire de faire flipper les adolescents en manque d'hémoglobine... Pourtant co-écrit par le grand Richard Matheson, le scénario s'intéresse à l'ouverture d'un gigantesque parc aquatique qui accueille un grand requin blanc. Mais sa mère, beaucoup plus grosse et dangereuse, ne l'entend pas de cette ouïe et va attaquer les visiteurs pour un bain de sang en bonne et due forme. Face à elle, Michael Brody (Dennis Quaid, faisant des débuts classiques de séries B), le fils de Martin Brody, précédent héros des deux premiers films, accompagné de sa petite amie biologiste et d'un chasseur de la faune sous-marine narcissique... Ringard du début à la fin, ne ménageant aucun suspense ni aucun frisson, le long-métrage ennuie et il faudra attendre les vingt dernières minutes pour avoir un soupçon d'action, elle aussi étouffée par un rythme inégal qui en font un long final des plus assommants. Ainsi, de l'idée-même du film original, il ne reste pas grand chose non plus. Plus gore mais moins effrayant, le film n'échappe pas aux aléas du temps et, sans son fameux relief, n'a plus vraiment d'utilité. Pire encore : lesdites scènes en trois dimensions sonnent ici terriblement mal fichues, l'incrustation étant forcément visible et le tout a l'air d'un vieux film d'horreur désuet. De plus, les effets spéciaux à l'époque peut-être impressionnants sont aujourd'hui hideux, à l'instar des multiples incohérences s'ajoutant au défaut du film (si ça ne vous choque pas qu'un requin puisse nager à reculons...). Au final, seuls les amateurs de séries B des 80s s'amuseront un tant soit peu face à ce gros n'importe quoi qui annonce un glas prévisible qui ne sera pourtant sonné que quatre ans plus tard...