Il est assez amusant de, après avoir découpé au préalable comme il se doit (pour ne pas mettre la trilogie Le Seigneur Des Anneaux et Braindead du même côté) la carrière de Peter Jackson en deux parties, se rendre compte d'à quel point le réalisateur, à chacunes de ses nouvelles oeuvres, s'éloigne de plus en plus de son passé et en arrive même, quand il part réaliser le remake d'un de ses films favoris, King Kong (la version de 33), à franchir un point de non-retour, tout simplement parce que à partir de la sortie de son King Kong au cinéma, il n'en fallait pas plus pour confirmer que, après avoir reçu vingt oscars (dix-sept pour toutes la saga Seigneurs Des Anneaux (dont onze d'entre eux furent pour le dernier épisode, Le Retour Du Roi), et trois pour King Kong (ce qui est tout de même assez énorme à recevoir dans un intervalle de quatre ans (années qui séparent la sortie du premier Seigneur Des Anneaux de celle de King Kong)), et avoisiné des records de budget (300 000 000 $ pour la saga SDA et 207 000 000 $ pour King Kong), plus jamais Peter Jackson ne reviendra sur le nanar gore, qui est de toute façon un genre qu'on peut considérer comme mort, comme à ses débuts de réalisateur totalement déjantés. Pourtant, le projet de réaliser une nouvelle version de King tenait beaucoup à coeur Peter Jackson depuis un certain moment, et ce même pendant l'époque où il venait de finir sa trilogie du mauvais goût : (petite interlude historique donc) tout commence en 1996 : à l'époque, Peter Jackson fait part de son projet de donner un reboot à uns des premiers grands classiques fantastiques de l'histoires, mais, ses dernières réalisations l'ayant directement casé dans la catégorie presque "cinéaste amateur", malgré l'inventivité et la créativité qu'il mit dans ses premiers films, devenus tous cultes, même si clairement beaucoup moins connus que ses nouveaux, pour tenir le spectateur pendant une heure et demi de gore, de trash, de mauvais goût et d'idiotie communicative et tout de suite efficace pour qui peut supporter les fréquentes nausées qu'on est obligés de subir en les regardant, le scénario, sur lequel on ne laisse au réalisateur que très peu de libertés, pour ainsi dire pas du tout, est écrit comme une comédie aventure à happing end où on irait même à donner la parole à Kong ; plus que réticent envers cette tournure qu'il sera obligé de faire prendre au film, il annule le projet par respect de l'oeuvre. Plus tard, pour "faire ses preuves" sa femme livre au studio un script de quelques centaines de pages. La suite tout le monde la connaît : le script, ambitieuse adaptation d'une séries de romans légendaire de Tolkien, Le seigneur Des anneaux, le projet devint film, le film devint trilogie et la trilogie devint elle aussi légendaire, et est considéré comme une des meilleures trilogies fantastiques de tous les temps, ainsi que des plus rentables. Nous revoilà en 2005 où Peter Jackson peut enfin s'attaquer avec de l'ambition et des moyens sur ce fameux projet. Et après visionnage, on pourra dire que Peter Jackson ne dilapide pas son argent, car si on pourra reprocher beaucoup de choses au film, techniquement, Jackson nous livre un spectacle grandiose, en partie grace à la réussite de la motion capture de Kong, impressionnante de "réalisme" et d'émotion ; sur ce même point, l'émotion, le film arrive à ne pas tomber dans le facile, et la dernière scène, aussi connue et attendue soit-elle, garde une force émotionnelle à toutes épreuve, meme si, pour ne citer qu'elle, la relation entre Kong et Ann darow reste tout de même pas assez explorée, malgré les trois heures de film , trois heures qui n'auront pas servi non plus à développer certains personnage assez neutres, mais trois heures qui auront mis en valeur certaines performance remarquable d'acteurs, comme celle de Jack Black, qui, beaucoup plus sérieux que d'habitude mais toujours aussi déjanté, s'en sort pour tout dire excellement bien, trois heures qui mettront aussi en valeur comme déjà dit le très très très grand spectacle de certaines, et pour tout dire de toutes les apparitions de Kong à l'écran, mais surtout trois heures menée de main de maître par un réalisateur dont l'ambition de ses films s'accroît de plus en plus (de faire le film le plus gore de tous les temps à faire le film le plus coûteux (à l'époque du moins), il n'y a qu'un pas), et surtout trois heures durant lesquels il est presque impossible de s'ennuyer... Conclusion : comparer King Kong version 2005 au classique d'origine est en soi totalement inutile, tant Peter Jackson donne-là une oeuvre qui se détâche entièrement de l'ancienne version, et ce pas seulement au niveau des effets spéciaux ; d'un parti pris plus grand spectacle sans lésiner sur les frissons, l'aventure et l'émotion, Peter Jackson tient-là un film certes moins envoûtant et magique que la trilogie SDA, mais plaisant à regarder de ses scènes d'action grandioses à ses performance d'acteurs tout à fait admirables : un excellent film !