King Kong a été le film qui a donné l'envie à Peter Jackson de faire des films. Quoi de plus normal de le retrouver à la tête du remake du film de Merian Cooper, de 1933? Mais l'idée de le (re)faire ne date pas de 2005 pour Jackson. Presque une décennie auparavant, le réalisateur néo-zélandais avait déjà proposé un dépoussiérage XL à Universal Studios. Malheureusement, la mise en route du Godzilla de Roland Emmerich lui coupe l'herbe sous le pieds. Tant pis? Non, tant mieux. Car ce contre-temps fut surement la meilleure chose qui pouvait arriver à notre Gorille Géant préféré. Un retard qui a permis à Peter Jackson de se consacrer au Seigneur des Anneaux. Et le revoilà environ dix ans plus tard auréolé d'un triomphe mondial, et cette fois, rien ne pourrait lui barrer la route pour revoir sa copie de King Kong. Un blockbuster XXL cette fois -de par son budget monstre (plus de 200 millions de dollars) et sa durée colossale de 3h. Oui, 3 heures de film (pour rappel, l'original faisait 1h40). Mais attention, ce n'est pas 3 heures de Kong non plus. Et c'est là qu'on reconnait Jackson. Plutôt que de foncer tête baissée dans ce monument du 7ème Art, le réalisateur prend le temps de (ré)installer l'époque (1933) et les personnages. En tout et pour tout, il prend 1 heure d'exposition avant d'entrer dans le vif du sujet. C'est cette première heure qui peut paraître problématique. Un peu trop longue peut être, mais au moins tous les personnages sont traités. Naomi Watts reprend le rôle campé jadis par Fay Wray avec une aisance folle. Adrien Brody est excellent dans la peau de Jack Driscoll, scénariste forcé à accompagner une équipe de tournage pour un film lâché par ses propres investisseurs. Malgré tout, le réalisateur (Carl Denham) décide de leur fausser compagnie et mentir à ceux qui l'entourent. Ce réalisateur, prêt à tout pour emballer "son chef-d'œuvre" est interprété par un Jack Black inédit. Il est juste parfait d'ambigüité, constamment sur la ligne jaune. On peut aussi détacher un Thomas Kretschmann charismatique en diable en capitaine de bateau un chouïa nerveux à l'idée de se rendre sur l'Île du Crane avec ses passagers (lieu principal du tournage). Et on le comprend, car sur cette lieu (qui n'apparaît sur aucune carte) se trouve tout un tas de joyeuses antiquités: des vélociraptors, tyrannosaures et d'autres...et SURTOUT un certain primate gigantesque peu amical avec les visiteurs intempestifs. Et dès lors qu'on met le pied là-bas et que Kong apparaît, notre cœur fait boum. À partir de là, le film prend une vitesse de croisière (enquillant morceaux de bravoure sur morceaux de bravoure) jusqu'à un épilogue déchirant (qu'on connaisse l'original ou non). Alors, comment est-il? C'était évidemment LA question qui nous taraudait à l'entrée dans la salle. La réponde est sans appel: inoubliable. Pour dire, Kong a l'air si réel, si majestueux, si expressif qu'on oublie presque qu'il s'agit d'une créature en image de synthèse. Pourtant, ce n'est pas tout à fait le cas puisqu'un acteur a JOUÉ Kong. Andy Serkis, déjà Gollum dans le Seigneur des Anneaux, livre une nouvelle performance encore plus sidérante. Malgré quelques petits écarts (le début un peu lent, le passage de Kong on Ice), ce remake arrive à la hauteur de l'original. Du Grand et Vrai Art.