Le King Kong de Peter Jackson est un métrage impressionnant, qui se place vraiment dans le haut du panier des blockbusters, succédant avec les honneurs au film culte de 1933.
D’abord le casting m’a très agréablement surpris. Pour être honnête je n’avais pas confiance en Jack Black, habitué aux rôles comiques à l’humour généralement bien gras, pour interpréter le personnage qui lui était confié. Mais finalement il est parfait dans la peau de Denham, livrant une prestation qui me fait dire : mais pourquoi se confine t-il autant dans des rôles sans intérêt et dans des films généralement mineurs ? Ici il est redoutable, et compose un excellent face à face avec Adrien Brody. Ce-dernier est généralement toujours au point dans ces films. Ici il n’est pas au summum de ses capacités, mais il tient bien son personnage, arrivant à lui donner du volume et de la crédibilité. Naomi Watts complète le trio principal. Elle livre une excellente prestation elle aussi, incarnant avec talent et justesse Ann Darrow, probablement le rôle le plus difficile du film. Ses échanges avec King Kong sont crédibles et toujours très fins, évitant hautement l’abîme toujours proche du ridicule, dans ce genre de situation. Pour le reste, même dans des rôles secondaires il y a des acteurs solides, et du coup il n’y a aucune difficulté de ce point de vue.
Le scénario est évidemment très convaincant. Le film est long, mais il passe sans aucun problème, tant il est rondement mené. La mise en place dure 1 heure, et pourtant elle est passionnante, présentant des personnages intéressants, posant des situations prenantes, amenant avec doigté le noyau du problème. Sur l’île le film multiplie les rebondissements, les scènes spectaculaires, jouant à fond la carte de l’aventure et de l’exotisme, sans pour autant se départir d’un certain humour et d’une réelle sensibilité dans les échanges entre Watts et King Kong. Le retour est la conclusion sont puissants, offrant notamment une fin abrupte qui laisse parfaitement le spectateur méditer le sujet. Franchement, c’est fluide, c’est rythmé, c’est riche, intense, Jackson est en totale maitrise.
C’est aussi le cas dans sa mise en scène. Il est époustouflant de ce point de vue. Qu’il s’agisse de scènes romantiques, de scènes contemplatives, de scènes d’action, sa caméra est toujours parfaitement placé. Elle virevolte et pourtant reste continuellement fluide et lisible. C’est là une prouesse assez rare pour être soulignée. Malgré l’extrême variété des situations auxquelles est confronté Jackson, il rend toujours le meilleur, et cela garantit un spectacle époustouflant. La photographie est elle aussi magnifique. C’était une attente essentielle pour un film à si gros budget, et elle rend à merveille les différentes ambiances du film. Elle est accompagné de décors grandioses, tant la reconstitution du New York des années 30, impressionnante de précision et de finesse, que les décors de l’île, totalement dépaysant. Les effets spéciaux ne sont pas en reste. Très nombreux ils sont extrêmement soignés (un tout petit bémol sur les allosaures, certes plus vifs mais moins marquants que le T-rex de Jurassic Park malgré le progrès de la technique), et King Kong offre un bestiaire vaste et vraiment très plaisant. Alors King Kong pourra parfois agacer légèrement le spectateur, par des scènes d’action qui tendent à tirer en longueur, et sont parfois trop excessives (la course des apatosaures par exemple). C’est vrai que Jackson vire un peu dans la surenchère, mais en même temps à quoi peut servir un budget de 200 millions si c’est pour rester dans les normes classiques ? Pour ma part cela ne m’a pas déplu, mais je comprends que cela puisse déranger, malgré la virtuosité de Jackson dans sa mise en scène. Enfin la bande son est très riche, très complète, parfaitement utilisée, c’est du très lourd et cela achève pleinement de faire de ce King Kong un film d’exception.
Au final, voilà une réalisation grandiose de Jackson, qui clairement s’impose ici comme un réalisateur de très haute volée en matière de blockbusters. C’est un quasi sans faute (il faut vraiment gratter pour trouver un ou deux petits éléments moins bien). Techniquement d’un très très haut niveau, il n’en délaisse pas pour autant la richesse du fond, et s’appuie sur des acteurs très costauds. Un spectacle à voir, indéniablement, et surtout ne pas avoir peur de la longueur, car j’ai rarement vu 3 heures de film passées aussi vite.