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Bruno François-Boucher
108 abonnés
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4,0
Publiée le 6 octobre 2020
De ses rapports avec le cinéma, les femmes, l’amour et la mort, Bergman tisse une œuvre très inspirée par Welles (le générique de début en off) où le domaine des rêves et du subconscient prennent une place prépondérante. Une œuvre de jeunesse complexe et passionnante.
Une vision de l'enfer à travers un quotidien tragique, telle est la proposition d'Ingmar Bergman, qui réussit à magnifier un parcours terrible par une mise en scène lumineuse qui annule tout misérabilisme. Le cinéaste élève son histoire et ses personnages au-delà de la condition à laquelle les assigne le script par un recours aux symboles (les barreaux dans la cave, la lumière se reflétant sur le visage de Brigitta) et à l'abstraction, à l'image d'un bref cauchemar terrassant qui dit l'impossibilité de fuir le réel. Ce refus du naturalisme est inscrit dans la forme même du film, proche du conte dans sa manière très nette d'opposer des personnages (Peter et Linnea semblables à des monstres; Brigitta vue comme une figure de l'innocence) tout en ne les réduisant pas à des représentations allégoriques. La complexité des protagonistes est moins dévoilée par les dialogues que par la mise en scène, que ce soit par la distance de la caméra avec leurs visages ou par l'emploi subtil du noir et blanc – il suffit de voir comment la blancheur du visage de Doris Svetlund est accentuée par le jeu d'éclairage : ainsi, c'est autant une actrice qui est mise en valeur que l'empathie avec le personnage qui est définitivement scellée. En somme, "La prison", septième film d'Ingmar Bergman, est déjà un film d'une maturité exemplaire contenant des thèmes chers au cinéaste suédois.
Comme le fait très bien sentir le titre, ça ne va pas être la fête du slip dans ce Bergman. L'intro et la conclusion autour d'un plateau de cinéma avec un scénario autour de l'Enfer n'étaient pas franchement nécessaire pour montrer que cette notion est hélàs très bien intégrée dans le quotidien ; appeler le film "L'Enfer" aurait amplement suffit. Toujours est-il que cela permet au réalisateur d'utiliser le principe de générique parlé, crée par Sacha Guitry et qui sera réutilisé par d'autres cinéastes comme Orson Welles ou encore Jean-Luc Godard. Le tout est un peu confus mais on trouve déjà quelques thématiques de l'oeuvre bergmanienne (le couple évidemment, la dure réalité de la vie, la mort, etc... !!!) avec quelques beaux instants de grâce comme la projection du petit film muet burlesque qui rappelle les Chaplin et Sennett dans le grenier et une belle interprétation de Doris Svedlund dans le rôle d'une jeune prostituée.
Des idées intéressantes dans la réalisation, Le scénario apparait tout de même brouillon et pour être plus pointu encore dans ma critique; mou du genou.