Un drôle de film dont je précise n'avoir vu que la version longue. "Roselyne et les lions" est un récit d'initiation dans l'univers du domptage et du cirque avec comme héros un couple de post adolescents... C'est pourquoi la vraie thématique du film serait sans doute la fin de l'innocence avec cette façon d'embrasser le monde des adultes avec ses codes, ses lois, sa rudesse et pour le coup, je trouve que c'est plutôt réussi. Ce qui me plus frappé, en voyant le film, c'est cette volonté de ne pas aller vers le spectaculaire mais vers un réalisme qui montre beaucoup l'envers du décor et ses enjeux... La première heure scelle le contact avec la cage des lions, la deuxième avec le cirque, la troisième avec le spectacle a proprement parlé. D'un point de vue narratif, ça fonctionne pas mal. Et formellement, le film est assez immersif et son esthétique n'est jamais clinquante. Cette performance de filmer dans la cage et de mettre les acteurs au prise avec les fauves a quelque chose d'inédit, d'audacieux et de contemplatif et Beineix s'en sort plus que bien. Car il filme des moments limites, c'est le cinéma de la limite. Quelque part, on pourrait presque dire que "Roselyne .." est à Beineix ce que "le Grand Bleu" est à Luc Besson... Presque. Sauf que ce n'est pas la même chose. Beineix ne veut pas faire rêver, il veut montrer l'envers du rêve. L'autre réussite du film, c'est cette galerie de personnage secondaires incarnés par des acteurs français ou allemands. Tous impeccables, à commencer par Philippe Clévenot, truculent en prof d'anglais. Bon, alors , qu'est-ce qui cloche ou qui rame avec "Roselyne..." ? D'abord le couple de p'tits jeunes. Comme dans "37.2", Beineix dirige un couple d'inconnus, sans doute plus facile à diriger qu'un Gérard Depardieu ivre sur le tournage de "La lune dans le caniveau"... Ok mais le problème, c'est qu'ils n'ont pas beaucoup de charisme en particulier Isabelle Pasco. Elle est bien mimi et vaillante face aux lions mais elle n'a pas la niaque de Béatrice Dalle, c'est clair. Et puis leur histoire d'amour est anecdotique. Du coup, cela rend les personnages guère attachants. D'ailleurs, ce qui manque sans doute au film c'est quelque chose de plus passionné, de plus viscéral pour qu'on y croit davantage. Et malgré les moyens accordés, c'est sans le film le moins incarné de Beineix. Une prise de risque artistique qui paye en terme de performance technique, mais qui ne suffit pas a aimé plus le film. Mais pour ma part la curiosité l'emporte et, maintenant que Beineix est au paradis, saluons un metteur en scène dont beaucoup des audaces n'étaient que la traduction de son désir de cinéma. Respect.