Le film est prenant, bien que d’une facture désuète. L’histoire est belle et émouvante ; elle est surtout très riche au niveau symbolique.
Les fantômes qui rôdent dans le vieux château représentent l’amour. Il y a d’un côté un vrai fantôme, l’amour en tant que notion pure et abstraite, et d’un autre côté, trois faux fantômes, qui sont l’amour tel qu’il se manifeste concrètement dans la vie réelle
- Le « vrai » fantôme est celui du chasseur blanc, qui aimait la grand-mère de Sylvie, personnage féminin central du film. Il identifie l’amour pur, abstrait, désincarné. Il aimerait qu’on le voie mais ne parvient pas à se matérialiser, il arrive simplement à donner quelques signes indirects de son existence qui ne suffisent généralement pas à convaincre. Les enfants et les adultes n’y croient pas, ou, du moins, affirment tous ne pas croire en son existence. Pourtant, ils en ont peur, et cela trahit qu’ils ne sont pas si sûrs de sa non existence.
Seule l’actrice principale, âgée de 16 ans, ce qui la place entre le groupe des enfants et celui des adultes, croit en lui et le recherche ; mais elle finit cependant par douter de son existence, après avoir vu plusieurs faux fantômes.
- Les trois « faux » fantômes dans le film personnifient l’amour tel qu’il existe dans la vie réelle. Deux d’entre eux sont des amours authentiques, qui s’opposent par leur nature « bonne » et « mauvaise ». Le troisième est un amour factice, un rôle de composition donné avec une fatuité ridicule. Les amours authentiques sont en concurrence et ne sont pas tous payés de retour. De plus, le système social les rend parfois impossibles. En conséquence, l’un deux doit finalement partir (pour Sylvie) ou mourir (pour sa grand-mère).
Il y a une analogie entre les trois faux fantômes du château et les trois hommes de la vie de la grand-mère (son premier mari, son amant, puis son nouveau mari), sauf que les destins de Sylvie et de sa grand-mère seront différents, car ce ne sont pas les mêmes types