Excellent film.
Attention, c'est une charge, féroce et drôlatique, mais qui révèle quelque chose de la société japonaise, voire de la vie en société tout court (société, au sens d'entreprise, d'abord).
Il est évident que le Japon n'est pas réduit à cela, à cet enfer hiérarchique. Mais il est aussi comme cela, parcouru de frustrations, d'envie, de conformisme féroce, de grenouillages et de méchancetés avec le sourire, en toute harmonie, sous la chape glaçante du formalisme.
Il est sain de faire ce portrait-charge, car on nous a trop vanté l'excellence du modèle nippon jusque dans les années 90. Depuis, le Japon est en crise, a mûri et les relations de travail y sont beaucoup plus ouvertes et intéressantes. Le film est à replacer dans le contexte du Japon faussement conquérant des années 80.
Pas de racisme, ici, mais du respect même. Beaucoup de critiques s'en tiennent au "politically correct", on n'aurait le droit de ne rien dire, c'est du racisme à l'envers !
Pour moi, c'est un film bien meilleur et plus finement observé que les gros sabots états-uniens de "Lost in Translation", qui ne raconte d'ailleurs que peu le Japon, à part quelques images et mises en scènes très convenues. Dans un tout autre genre, le documentaire subjectif "Tokyo-ga" (Wim Wenders) était, lui aussi, sans complaisance mais respectueux.