Van Helsing, c'est un peu comme l'histoire de ce pauvre docteur Frankenstein. Ce dernier voulait, en rassemblant des morceaux de personnes parfaits (en prélevant des mains parfaites, un nez parfaits, etc...) créer un être parfait. Évidemment tout le monde sait que le résultat fut un monstre difforme, mais le réalisateur ne semble pas l'avoir bien compris. Car Van Helsing concentre à lui seul 4 grandes légendes du cinéma d'horreur, et bien entendu le produit de cette malencontreuse expérience n'est autre qu'un navet haut de gamme, surtout quand le réalisateur qui est à la barre n'a aucun talent narratif. Autant commencer par les points positifs de Van Helsing, puisqu'ils sont si peu nombreux : Hugh Jackman (d'ailleurs on se demande ce qu'il fout là...), Kate Beckinsale (pour sa forme bien entendu, pas pour son jeu d'acteur complètement dérisoire...), la scène du bal (la seule qui peut se targuer d'être réussie) et puis le fait qu'on se marre souvent (pas grâce aux gags du film, d'une lourdeur stupide, c'est plutôt pour des moments involontairement drôles). Après, il y a tout le reste. Sachez que Van Helsing, pour l'apprécier à sa (très) faible valeur, doit être impérativement pris au second degré pour la majorité des scènes. Car comment y croire, avec des répliques aussi banales, ces personnages sans vides de personnalité qui ne sont là que pour faire tchac avec leurs armes, et cette avalanche d'effets spéciaux qui engloutit les rares onces d'émotions que laisse parfois échapper le film ? Le prologue en noir et blanc donne le ton : esthétique dans la forme mais ridicule dans le fond. En effet, le casting est catastrophique, avec un Dracula ridicule joué par Richard Roxburgh (acteur qui n'a pas la tronche adapté à ce genre de rôles de toute façon), ses chéries qui se veulent sensuelle et dangereuses me font crever de rire à chaque apparition à l'écran, et le moine...non, lui ça va en fait. Ensuite, les scènes d'actions à rallonge finissent rapidement par achever de nous plonger dans un état mental assommé qui ressemble à une sorte de coma digestif, surtout qu'elles sont redondantes et inutiles pour la plupart (on pourrait en supprimer la moitié). On peut donc constater que le film se comporte exactement comme un grand huit infini : bien vite on se lasse tellement cela devient répétitif, et on finit écœuré et à la limite de l'indigestion. Le final est un sommet de grand n'importe quoi rarement atteint, qui égale presque Matrix au niveau de l'exagération démesurée vomitive en nous larguant des tonnes d'FX dans la tronche qui nous font plus mal aux yeux qu'autre chose (parfois cela peut constituer une apothéose inoubliable, SI il n'y a pas QUE les effets spéciaux et SI le réalisateur a du talent...). Bref, on en retire un bon mal de tête, un dégoût passager du style gothique dont chaque scène est surchargée de manière excessive et sans la moindre grâce, et enfin, pour terminer sur une bonne note, une envie de voir (une fois qu'on a bien oublié Van Helsing) Frankenstein de James Whales (et de revoir Dracula de Coppola).