Ce film est complètement inégal, mais «Sous les Toits de Paris», et en premier lieu Pola Illery m'ont charmé. À moitié muette, à moitié parlante (et chantante), à moitié sublime à moitié complaisante et datée, cette amourette au coeur d'un Paris en carton-pâte ne mérite peut-être pas tout le bien qu'on en dit mais néanmoins par bien des aspects vaut le détour. Tout d'abord, et je ne me lasse pas de le répéter, pour le sourire de Pola Illery quand elle se trouve par exemple au bras d'Albert Préjean, pur moment de grâce. Et tout autant pour ces ballades nocturnes dans la capitale, pour ces jambes qui se rencontrent, s'éloignent ou marchent de concert, pour ces disputes d'amoureux transis, ces droites envoyés pour gagner le coeur de la belle, ces combines mi-crédibles mi-ridicules, pour cette poésie naïve de l'amour qui annonce en un sens le Marcel Carné des grands jours, en somme pour cette vision candide et désuète du 7e art, gauche mais attendrissante au possible. Il suffit de voir Pola et Albert s'embrasser, puis suivre ce dernier, euphorique, dans les rues, sautant de joie et criant à tue-tête son amour pour se convaincre de la beauté du cinéma. Pour sa défense, on pourra par ailleurs souligner l'emploi judicieux par René Clair des possibilités nouvelles du parlant. On est encore bien loin de «M le Maudit», néanmoins ça et là des séquences inspirées et parfois drôles justifient qu'on ait parlé en de si bon termes de «Sous les Toits de Paris» à sa sortie. On essaiera par contre d'oublier les fautes de rythme, assez nombreuses, les décors décidément peu vraisemblables (même si c'est un peu ce qui fait le charme du long métrage) ou les chansons parfois agaçantes (et inaudibles). Quant au scénario, peu d'effort à faire de ce côté-là puisqu'il est totalement déjà-vu, ce qui lui donne par contre un côté archétypique assez bienvenu puisque sans doute à l'origine de sa relative pérennité. Un joli film en somme, maladroit et touchant, mi génial mi raté. [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/