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cinono1
309 abonnés
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4,0
Publiée le 14 août 2023
Le deuxième film du très grand Mike Leigh et tout est déjà là. Traquant une forme de naturalisme joyeux des personnages confondant de naturel vivant dans la métropole, et cherchant leur voie. Ici, ils se concentre sur un trentenaire un peu désabusé et son amie plus décidé. Autour d'eux vont graviter la mère du héros, sa soeur et son goujat de mari. En creux se dessine une critique du tatcherisme, et le libéralisme qui exacerbe les désir et détruit les idéaux. Le film a un peu vieilli sans doute comme tout film qui tend à peindre son monde , mais il garde cette capacité à montrer une époque, et surtout, il y a cette dérision, cette envie de rire malgré tout et le naturel pour le faire, qui font le sel des, films de Mike Leigh. On y trouve une bonne partie de ses acteurs avec qui il allait travailler ainsi que son musicien de prédilection, Andrew Dickson. Pas de fausse note dans la filmographie de Mike Leigh
J'avais vu le film à sa sortie et je viens de le revoir en juillet 2020. Portraits des différents profils de l'époque thatcherienne. Un bon sens de l'observation où même des Français pourraient se reconnaître dans certaines scènes. En plus, le film a très bien vieilli.
Très théâtral, parfois volontairement excessif, le deuxième long-métrage de Mike Leigh nous dresse un portait mordant et ironique de l’Angleterre thatchérienne de la fin des années 80. À travers les tribulations d’une famille en déliquescence, et dont la tristesse de la mère, vieille dame attendant sa propre mort (superbe Edna Doré), en constitue le centre névralgique, le cinéaste nous offre un sombre tableau d’une société malade, désillusionnée, obsédée par le succès matériel et incapable d’altruisme. Drôle, cynique et désenchanté.
Son premier film "Bleak moments" réalisé en 1971 ayant été un échec public malgré un accueil favorable de la critique, Mike Leigh s'est consacré pendant plus de quinze ans au théâtre et à la réalisation de téléfilms. C'est donc avec "High Hopes" en 1988 que sa carrière de cinéaste débute réellement. Auteur accompli, Mike Leigh a écrit à ce jour chacun des scénarios de ses douze films. Immédiatement, il affirme son style en proposant un cinéma doux-amer qui s'il dénonce en son temps comme celui de Ken Loach la politique cynique menée par Margaret Thatcher à destination des classes populaires depuis son élection en 1979, choisit de montrer les choses de manière moins frontale. La situation sociale de son pays ne faisant guère de progrès dans le sens de la protection des plus faibles, force est de reconnaitre que le ton de ses chroniques intimistes se fera par la suite globalement de plus en plus sombre. "High Hopes" nous immerge dans un King'Cross en pleine mutation, voyant la gentry londonienne prendre doucement possession de ce quartier autrefois populaire. Cyril (Phil Davis) et Shirley (Ruth Sheen) vivent en couple dans un minuscule appartement. Lui, livreur à moto est un marxiste convaincu qui désespère de voir la classe ouvrière si passive face aux attaques du gouvernement ultra conservateur et libéral en place. Elle travaillant aux espaces verts de la municipalité refuse de céder au pessimisme de Cyril et envisage d'avoir un enfant. Un couple de trentenaire de son époque qui représente l'étiolement des idéaux politiques des générations précédentes et qui en compensation des illusions perdues fume un petit pétard le soir pour évacuer le stress de la journée de travail. Gravitent autour d'eux, la mère de Cyril (Edna Doré) qui habite le dernier logement social d'une rue devenue huppée, ses voisins (Lesley Manville et David Bamber) qui ne supportent pas la présence de la vieille dame sénile qui leur gâche la vue et altère la valeur marchande de leur bien, Valerie (sublime Heather Tobias) la sœur de Cyril dont le comportement extraverti et loufoque cache une grande détresse amoureuse ou encore Martin (Philip Jackson) l'époux de Valérie patron de bar particulièrement goujat qui adhère complètement à la théorie libérale à l'œuvre dans le pays. Mike Leigh agence avec tendresse et parfois malice les rapports entre tous ses personnages sans bien sûr jamais oublier sa ligne directrice qui est de rendre compte de la résurgence soudaine d'une domination de classe brutale. Mais la dérision, la volonté d'être heureux par-delà les difficultés qui animent les héros de ses films font que le cinéma de Mike Leigh est sans doute plus attachant que les autres. Aujourd'hui cette façon d'appréhender les sujets de société a été récupérée par Hollywood pour en faire un genre à part entière dénommé le "feel good movie". Le résultat est souvent efficace mais aussi un peu plus mièvre. Apparaissent dans "High Hopes" une partie de la bande des fabuleux acteurs qui accompagneront le réalisateur sur le long cours. Tout Mike Leigh est déjà contenu dans son deuxième long métrage. Il n'a jamais dévié de sa route depuis. Chapeau bas !