Un film sur la gastronomie et les Français (forcément du coup) chez les ricains fallait oser, mais avec des rats c’était limite voué à l’échec. Qui d’autre que Pixar pour tenter et transformer l’essai ? C’est là qu’on voit la nécessité d’avoir de plus petits studios qu’un Disney, trop formaté ce dernier ne pourrait aller sur une telle prise de risque…
En attendant le film est très bon : l’animation est belle et fluide (Golden Globe 2008), le crayonné est beau et arrive à rendre les rats sympathiques, le montage est simple, les voix sont justes (Guy Savoy et Cyril Lignac notamment en France), la musique sobre (sauf sur les plans de la capitale où ça fait dolce vita), des dialogues clairs, de l’humour même s’il en manque un peu à mon goût, un rythme de croisière sans trop de longueurs, et si la trame est très classique l’histoire en revanche est novatrice, une telle approche de la gastronomie c’est pas fréquent, puis si ça peut donner l’envie aux enfants de cuisiner c’est toujours bon à prendre.
Résumer ce long métrage à un simple conte pour enfants serait une erreur, les adultes y trouveront leur compte dans les sensations évoquées, dans l’esthétique des plats : très travaillée (passages à la tour d’Argent, au Procope, chez Hélène Darroze et Taillevent, ça explique aussi) ce qui rend super bien à l’écran, même pour un dessin animé ; la vision de Paris est certes un peu caricaturale par certains aspects mais c’est le Paname de la Grande époque, plus ancien mais tellement mieux que la réalité actuelle… Puis le critique est stylé, entre son côté croque-mort, sa machine à écrire old school en forme de tête de mort et son bureau façon cercueil, il a la panoplie complète pour enterrer les réputations. Tant mieux car le second méchant (le chef de cuisine) ne vaut pas grand-chose, il est juste tyrannique, trop simple.
Au final on passe un bon moment, pas grand-chose à redire si ce n’est un petit côté commun (et un Linguini parfois agaçant), de l’amusement pour les petits et un personnage sympathique, une bonne morale pas trop surannée, un régal pour les yeux des plus grands, un classique qu’on peut revoir sans trop que ça se démode, bref une bonne cuvée pour tous, sans modération.