Pour bien fixer la place de Les Nerfs A vifs dans la filmo de Martin Scorse, disons tout simplement que le film est un excellent film pour la collection Robert De Niro, mais pas forcément un très bon pour la collection Scorsese justement, un fait autant paradoxal qu'il signifie à quelle point la très belle (et même superbe) performance de l'acteur sauve presque le film de la banalité et l'emmène vers un statut un peu plus élevé que simple thriller de divertissement, et de ce point de vue on peut dire, pour remonter un peu le niveau du film, que Les Nerfs A Vif, c'est aussi tout simplement un des films les plus jouissifs du cinéaste par sa mise en scène et un sens du rythme qui malgré quelques longueurs peu ou pas prononcées ne faiblit jamais, même si c'est pour se retrouver sur un final qui mise sur une surenchère de violence et qui décrédibilise rien qu'un peu le personnage de De Niro qui au fur et à mesure ressemble de plus en plus à ces méchants invincibles qui arrivent à ressortir d'un four à très haute température après quelques mois (je tiens à signaler que j'exagère à peine). Le film est aussi aidé par un scénario (non original car étant une nouvelle version d'un film du même nom) efficace opposant Sam Bowden un avocat qui comme on dit n'est pas blanc comme neige et Cady, un de ses anciens clients récemment sorti de prison pour viol, cherchant vengeance à Sam, et qui est donc le personnage interprété par Robert De Niro. Pour les autres acteurs on a Nick Nolte, qui livre un très bon jeu autant dans ses apparences d'innocent protégeant sa famille contre un véritable psychopathe que dans ses facettes cachées, qui lui feront faire absolument tout ce qu'il est en son pouvoir, ou pas, justement, pour se débarrasser de Cady pour cacher un passé compromettant pour sa carrière ; Cady lui-même obtient l'amitié de la fille Bowden, ce qui aura un sens particulier dans le film. Celle-ci, est, pour finir le tour des acteurs, jouée par Juliette Dewis (à l'affiche quelques années plus tard du déjanté, controversé et macabrement poétique Tueurs Nés), qui arrive à faire ressentir l'éloignement de plus en plus convulsif entre elle et son père et l'attachement qu'elle portera à Cady, malgré ses actes terribles et violents. D'ailleurs, il faut aussi signaler que le film a, malgré son terrain un peu à part dans les films du réalisateur, la violence d'un Scorsese, surtout vers la fin qui tourne quand même au n'importe quoi par le fait... Une bande-sonore pas forcément inoubliable mais qui instaure une sorte d'ambiance pas assez mise en avant, une photographie très bonne mais qui a peut-être un peu vieilli alors que le film n'est sorti qu'au début des années 90, et quelques scènes pas forcément très utiles, ainsi que des références catholiques par rapport au personnage de Cady ni forcément utiles non plus ni forcément pleines de sens (au moins on peut dire que ça pourrait presque expliquer l'immunité physique impressionnante du type), avec enfin des personnages principaux en général assez travaillés (à part pour la femme de l'avocat) et voilà que la boucle est bouclée ! Conclusion : Au final, on ne va pas continuer à entreposer de vaines critiques sur ce film, pour la bonne et simple raison qu'il s'agit d'un thriller aussi long que très intéressant et divertissant, qui ne manque pas d'excellentes scènes mais aussi d'autant de faiblesses : déchéance finale un peu ridicule, histoire qui manque du punch de Scorsese dans sa narration, on a tout de même un très bon cru qui ne manque pas de bon goût.