Avant toute chose je tiens à préciser que je n'ai pas trouver de sous-titres réellement performants et étant donné que c'est adapté de Shakespeare, que ça murmure pas mal, c'est difficile de comprendre les dialogues, ce qui fait que mon avis sur le film est basé quasiment uniquement sur l'expérience sensorielle que procure le film (bien qu'après vérification sur Wikipedia, j'ai compris ce qu'il fallait comprendre, mais je lirai malgré tout la pièce dans le futur). Je ne suis donc pas capable de comparer avec la pièce.
Et ça tombe bien parce que Jarman est avant tout quelqu'un qui expérimente, qui arrive à créer des ambiances, tant sonores que visuelles. Ici on a une photographie très sombre, limite brumeuse, où les corps, souvent filmés en gros plans se détachent d'un arrière plan souvent noir... Et ça, tout de suite, ça a un charme vraiment particulier.
Procédé qu'il réutilisera presque quinze ans plus tard dans Wittgenstein où cette fois il va même jusqu'à totalement supprimer les décors pour mettre un fond noir.
Cette obscurité permet de rendre le film inquiétant, pesant parfois, mais surtout véritablement étrange. Le choix des acteurs, leurs costumes, voire même leur coupe de cheveux participent également à cette étrangeté, à faire naître une sorte de sentiment de malaise, on sent que quelque chose ne va pas, que quelque chose cloche... Que l'inconnu, que l'impossible peut surgir à n'importe quel moment et qu'il faudra être prêt.
Ce film est réellement une expérimentation visuelle, où même si comme moi l'anglais victorien ne vous parle pas des masses, il est possible de ressentir des choses, d'être happé par une proposition visuelle à fois sinistre et délirante. Je pense à une scène où le Duc parle à son esprit et que celui-ci est dans du foin et on voit juste sa tête dépasser de la botte tandis que le Duc est en arrière plan, sur fond noir... Tout de suite il se dégage quelque chose de la scène. Ou bien lorsque la fille joue avec son éventail, à quarte pattes, avec un décolleté plongeant, c'est vraiment étrange comme scène, comme position, comme jeu de la part de l'actrice et de tout ça, Jarman arrive à créer quelque chose.
Bon ceci dit, je pense que c'est quand même bien mieux si on comprendre de quoi ça parle...