Pirates des Caraïbes, premier du nom, est clairement le meilleur épisode de la saga. Un vrai film d’aventure ultra-divertissant, où l’on regrettera tout de même quelques petites aspérités, mais qui conserve tout son charme, sa vigueur, et son humour.
Les petites aspérités tiennent à toutes ces petites incohérences, parfois des détails, mais qui accumulées finissent par être un peu gênantes. Du pistolet à poudre qui après avoir pris l’eau est censé fonctionner aux personnages insensibles normalement mais qui se plaignent de douleurs à l’œil, il y a de petites choses comme cela dispersées qui auraient facilement pu être corrigé.
Mais enfin, vous voyez que ce sont des détails. Du chipotage en vérité.
Visuellement Pirates des Caraïbes impose un style au-delà de la réussite visuelle, et ça c’est louable. Spectaculaire, porté par une mise en scène de haute volée et à la flamboyance idéale pour un tel sujet, Pirates des Caraïbes c’est aussi un régal de décors, de reconstitution à la fois vraie et totalement excentrique, et d’effets spéciaux à la fois angoissants et cartoonesque (les pirates). Verbinski s’en donne à cœur joie avec ce métrage, et la découverte de l’équipage fantôme par exemple ou l’abordage à grand renfort de boulets de canon sont des scènes mémorables pleines d’intelligence. De remarquables images et une bande son énorme, la meilleure de la saga, puisqu’au-delà du thème principal, légendaire, les thèmes secondaires sont une grande réussite.
Spectaculaire, réaliste et farfelu, Pirates des Caraïbes s’appuie aussi sur un casting trois étoiles. Des seconds rôles prestigieux (brillant Jonathan Pryce par exemple), et des premiers rôles où les jeunes premiers Knightley et Bloom répondent aux deux compères d’expérience, Depp et Rush. Tous les quatre sont parfaits, s’investissent pleinement dans des rôles taillés sur mesure pour eux, même si Depp et Rush, l’un pour son excentricité contrôlée et l’autre pour l’élégante méchanceté avec laquelle il compose son personnage tirent un peu leur épingle du jeu. Aucun film par la suite ne parviendra à atteindre ce niveau de justesse dans la façon de jongler avec les personnages et de leur donner une place aussi importante à tous.
Le scénario est celui d’un malédiction au propos un poil alambiqué, mais là n’est pas l’essentiel. Pirates des Caraïbes c’est surtout un bijou de divertissement. Rythmé en diable, tour à tour drôle et suffisamment sérieux pour assurer le divertissement pour un public large sans sombrer dans le consensuel, ce film de pirate a aussi le mérite de l’originalité de son contexte. Ce n’est pas rien, Pirates des Caraïbes se démarque du tout venant des blockbusters en osant un contexte particulier, et cela nourrit l’histoire d’une franche singularité, et autorise des séquences plutôt originales et donc surprenantes. Bref, on passe un moment haut en couleur, on ne s’ennuie pas pendant 2 heures 15, et l’histoire est suffisamment originale, bien tenue et consistante pour toujours susciter l’attention.
En somme, Pirates des Caraïbes est un film d’aventure parmi les meilleurs de ces vingt dernières années, et peut-être simplement de l’histoire du cinéma. Dépoussiérant le genre des films de pirateries autant que Gladiator dépoussiéra le péplum, mais sous un autre angle, c’est un bijou d’aventure fantasque emmené avec verve par une sacrée équipe. 5