Si ça nest pas encore cette fois quil fera lunanimité, Darren Aronofsky a ici fait preuve dune ambition et une abnégation indéniables. Car pour réaliser le film de ses rêves, le metteur en scène du choc "Requiem for a dream" (2000) a du se livrer à un sacré parcours du combattant : entre départ de vedettes (Brad Pitt, Cate Blanchett), abandon provisoire et réduction de budget, on lui aura tout fait. Mais à force de persévérance et de sacrifices, il est finalement venu à bout de son projet. Et cest tant mieux. Car "The Fountain" ne ressemble à rien de connu : fresque métaphysique sur la vie, lamour, la mort et lacceptation de celle-ci, il suit le même personnage (Hugh Jackman, épatant) dans sa quête de la vie éternelle, sur trois époques dune période de mille ans. Est-il lui même immortel, ou faut-il voir Tomas, le conquistador, et Tom, lastronaute, comme des métaphores du Tommy de 2006 ? À chacun son avis, selon sa perception dun film atypique, qui nous invite à ressentir plus quà comprendre. Coupé en trois parties, caracterisées par une époque, une photo et un ton (épique, dramatique et spirituel) différent, le long métrage effectue des allers-retours dans le temps, et impressionne par sa beauté, la densité, et la maturité de son propos (pour une fois plus optimiste quà laccoutumée chez le réalisateur). Mais sa complexité risque den perdre plus dun, tout comme la partie futuriste, parfois trop space, pourra laisser hermétique. Mieux vaut donc se laisser porter par ce flot dimages splendides et de musiques entêtantes, jusquà au final, doù jaillira lémotion. Sans être le chef-duvre absolu dont on avait rêvé, "The Fountain" est un trip sensoriel envoûtant, qui invite à une seconde vision. Et si avec cette odyssée de lespace-temps, Aronofsky (décrit par Hugh Jackman comme le nouveau Kubrick) avait donné naissance au "2001" du XXIè siècle ?