Ce qui saute immédiatement aux yeux à la vue de ce Spider-man 2, c'est que Sam Raimi a calqué la structure de sa trilogie sur les trois premières aventures ciné de Superman. (Les gens l'ont oublié aujourd'hui, mais dans "Superman 2" le super héro perd ses pouvoirs, et dans le 3 il se bat contre son double maléfique vêtu de noir!) Et aussi étrange que cela puisse paraitre, ça fonctionne impeccablement, en grande partie grâce à la personnalité artistique singulière de Raimi. Sa solide expérience de (bon) réalisateur de films d'horreurs se sent d'un bout à l'autre de cette suite: des cadrages de travers pour inquiéter, des zooms soudains pour surprendre, une photo qui joue sur le rouge et les couleurs sombres, et un montage ultra dynamique. La tétanisante séquence où Doc Oc s'évade de l'hôpital est carrément digne d'un "Evil dead". Sam Raimi est de surcroit l'un des très rares metteur en scène de blockbusters à avoir compris que les ralentis à foison nuisent à l'efficacité des scènes d'action. Ici tout va très vite, tout est grisant, et les plans vertigineux de combats sur les façades des immeubles devraient faire référence encore un bout de temps. Le scénario de Alvin Sargent est un modèle de dosage entre le spectaculaire, l'introspection, et l'humour, et chacune des trois catégories est émaillée de saillies impeccablement efficaces. (En terme de bidonnage pur, la scène de l'ascenseur est si décalée qu'elle en devient instantanément géniale) Les passages obligés de tout film de super héro sont exécutés avec une indéniable virtuosité (la séquence du métro, qui procure à Spidey l'appui jusque là incertain des new-yorkais, est si bonne qu'elle donne envie d'être repassée en boucle) le méchant, visuellement épatant, est nettement plus soigné et convaincant que son prédécesseur. Mais là où l'entreprise s'avère très habile, c'est dans son traitement de Peter Parker, qui pour le coup est à Spider-man ce que Clark Kent était à Superman. Un être auquel on peut sans problème s'identifier: un type maladroit, qui a des problèmes avec sa copine, des problèmes avec son employeur, des problèmes avec son meilleur ami, des problèmes avec sa mobylette. Un mec qui doute, qui hésite entre le feu des projecteurs et la chaude quiétude d'une vie ordinaire. Le tout porté par l'irrésistible Tobey Maguire, parfait mélange de candeur et de maturité naissante. Spider-man 2 fait définitivement de lui le Michael J. Fox des années 2000.