Adapté du roman éponyme (1945) de James Hadley CHASE (1906-1985), le film, tourné en noir et blanc, se déroule entre Venise et Rome, dans le milieu du cinéma. C’est bien filmé (beaux mouvements de caméra lors de plan séquence) mais le point faible est le scénario auquel on a du mal à s’intéresser, celui de la déchéance d’un homme, Tyvian Jones (Stanley BAKER, 34 ans), écrivain gallois dont le livre a été adapté au cinéma avec succès par Sergio Branco qui l’a présenté à la Mostra de Venise, et qui s’éprend d’Éva Olivier (Jeanne Moreau, 34 ans), française mariée, a posteriori, à un ingénieur parti travailler en Afrique et qui se fait entretenir par des hommes riches car elle aime l’argent. Quel ennui, d’autant que cela dure 1h44 ! On a du mal à comprendre la relation entre Jones, bellâtre sans talent, aimé par la fraiche Francesca (Virna LISI, 26 ans), collaboratrice du réalisateur et lectrice de T.S. Eliot (1888-1965), prix Nobel de littérature en 1948, et Éva, cynique, passant son temps à écouter un disque de Billie Holiday (1915-1959), à prendre des bains et faire tourner en bourrique les hommes qui la courtisent, un peu comme dans le roman de Pierre Louÿs (1870-1925), « La femme et le pantin » (1898), lui aussi plusieurs fois adapté au cinéma [par Julien Duvivier en 1959, par Luis Buñuel en 1977 et par Mario Camus en 1990]. Joseph Losey a essayé de tirer une morale en commençant et terminant son film par le bas-relief, allégorie du Péché (XIVe s) représentant « Adam, Eve et le Serpent », à l’angle du palais des Doges côté lagune mais cela sonne creux voire prétentieux. Etonnant aussi que ce film ait fait l’objet d’un remake (2018) de la part de Benoit Jacquot avec Isabelle Huppert et Gaspard Ulliel. Seule la musique de Michel LEGRAND (1932-2019) permet au spectateur de sortir de sa torpeur.