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Pascal
159 abonnés
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3,5
Publiée le 26 juin 2021
"Femmes de la nuit" est un film qui ne fait pas partie des chefs-d'œuvre du réalisateur, mais qui tient la route. Hommage aux femmes qui par nécessité se sont prostituées pour survivre à la fin de la guerre. Témoignage poignant de Mizoguchi, qui selon ses biographes fréquentaient ce milieu et contamina son épouse de la syphilis qui en mourut. Les aficionados de Mizoguchi ne le manqueront pas. A voir.
"Femmes de la Nuit" ne correspond guère à l'image que l'on a de Mizoguchi à travers ses principaux chefs d'oeuvre des années 50, si ce n'est son thème : le mal que la société des hommes fait aux femmes. Formellement, on est loin de la sidérante beauté que l'on attache généralement à son nom, et l'on sent bien que la tentation du néo-réalisme naissant à l'époque travaille un artiste désemparé par le chaos social du Japon en ruines. Pourtant, c'est la scène finale, grotesque délire expressionniste de corps en transes dans un cimetière chrétien, avec image de la madone en sus, qui restera sans doute la plus frappante de ce mélodrame plus noir que noir.
Assez différent des films les plus réputés de Mizoguchi, ce film montre la reconduction du thème fétiche du réalisateur: la perpétuation du mal fait aux femmes à travers chaque âge et chaque couche de la société. D'un thème maintes fois traité par lui et d'autres, il tire un film d'une violence sidérante, comme saisie sur le vif, en peu de plans par scène. Une tentative de viol notamment est montrée sans ambages, comme une chose affreusement naturelle. Ce film n'est pas pour les âmes sensibles. Excellent.
Modèle de mise en scène, cette oeuvre merveilleuse est une radieuse réflexion sur la place de la femme japonaise, thème central de Mizoguchi, qui nous délivre une peinture acerbe et sublime de beauté de la condition humaine, universelle et inaltérable. Superbe.