Claude Berri proposa Gérard Brach comme co scénariste à Philippe de Broca. Dire que la mayonnaise n’a pas prise est un doux euphémisme, puisque de Broca réécrivit complètement la version finale et scripta minutieusement la plupart des scènes. La sagesse, la mélancolie et l’humour léger, souvent surréaliste, prennent le pas sur l’ironie et l’humour noir, caractéristiques des scénarii développés pour Roman Polanski. Ainsi sous la verve comique transparaît une tendresse romantique, pleine de douceur dans ses sous entendus. Mais aussi la destruction programmée du paradis africain par un réel consumériste (dichotomie rêve réalité, récurrente dans l’œuvre du cinéaste), ainsi que la dénonciation du massacre des éléphants pour alimenter le trafic d’ivoire. Thèmes qui prennent une énorme résonnance dans ce début de siècle. Question casting, le réalisateur voulait Jean-Paul Belmondo pour « L’africain », évolution sage et mélancolique de « L’homme de Rio », avec Catherine Deneuve succédant à sa soeur tragiquement disparue. Mais Bebel préféra à la finesse mélancolique risquée, les recettes glorieuses et assurées de la médiocrité tapageuse avec comme nivellement référence « Les Morfalous » entre autres crétineries de la même (dé) veine. C’est donc Philippe Noiret qui donne la réplique à la belle. Une fois de plus, leur complicité fait merveille, comme dix sept ans plus tôt dans « La vie de château » de Jean-Paul Rappeneau. Et de surgir à nouveau le questionnement sur l’âge et l’amour, comme en écho au « Cavaleur » réalisé quatre ans plus tôt. Soutenu par des deuxièmes rôles excellents avec en tête Jean Benguigui dans le rôle d’une copie de Rastatopoulos, aussi exécrable que l’original dans les albums de Tintin. Dans les hommages références (ici à John Huston) sur un bateau nommé « African Queen », un très beau « Summertime » chanté par la jolie et gracieuse Vivian Reed. Comme en plus les paysages sont magnifiques et que le grand Georges Delerue livre une fois de plus une partition magnifique, c’est dire si « L’africain », même mineur et malgré ses sautes de rythme, mérite largement d’être vu.