Je ne sais pas trop comment ça se fait, mais en ce moment je tombe sur pas mal de films de réalisateurs connus qui manquent d’enjeux. Le Boucher est de ceux-là.
Encore une fois, beau casting, bon sujet, réalisateur expérimenté, mais pour un résultat qui laisse un peu à désirer. Le Boucher n’est en effet pas terrible sur le fond. Outre le fait qu’il n’y a ni enquête ni suspense, ce qui nous amène d’emblée à abandonner l’idée d’assister à un polar, à un thriller, ou même pourquoi pas à un film d’horreur, on ne peut pas dire que la relation entre les personnages soit très enthousiasmante, ni même que le film soit très crédible (au gré de quelques scènes assez invraisemblables). On s’étonne même d’arriver à 50 minutes de film (sur 90) en ayant le sentiment de ne pas avoir vu grand-chose, et cela sans s’être réellement ennuyé non plus. C’est sans doute ce qui sauve Le Boucher, bien que peu emballant, le film est court, et on ne ressent jamais un véritable ennui, en dépit d’un rythme assez lent.
Le casting est bon. Yanne est à l’aise dans ce rôle dramatique, sans être complètement convaincant, tandis que Stéphane Audran livre une prestation peu critiquable. Elle est tout à fait convaincante, et son duo avec Yanne est attrayant. Peu de mystères sur leurs personnages, j’aurai clairement aimé un approfondissement plus marqué du personnage de Jean Yanne, qui reste un peu vide, malgré les tentatives de lui donner un passé, lequel reste un peu flou. En tout cas, pas trop de choses à redire de ce côté-là.
La forme est plaisante, mais sans plus. Chabrol signe quelques bons passages, mais d’autres sont faiblards (la découverte du corps, moyennement bien amenée) en terme de mise en scène, et il peine à donner beaucoup de relief à sa réalisation, qui semblera parfois pépérisante. Le film délivre de toute façon un ressenti un peu plat, et la musique dissonante, l’image et l’ambiance provinciale assez statiques ne sont pas pour rien dans l’impression de lenteur, qui sans desservir franchement le métrage, lui donne un côté académique et presque suranné.
Le Boucher reste un Chabrol regardable, mais on est loin de ses meilleurs films. Pour ma part il a choisi une approche plus psychologique, centrée sur ses personnages au détriment du polar et du thriller, un choix hasardeux car tout en se privant d’une dimension vraiment divertissante, il ne réussit pas franchement à offrir toute la richesse et la complexité qu’on pouvait attendre d’un face à face psychologique et sentimental entre les deux acteurs. 2.5