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Alolfer
127 abonnés
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3,5
Publiée le 27 octobre 2023
La patte Mizoguchi dans toute sa splendeur ! En termes de mises en scènes, c'est toujours un régale et l'histoire est touchante malgré un sentiment "vide". Bon film
Miss Oyu représente mon initiation à l'oeuvre au combien influante du cinéaste Kenji Mizoguchi. Il est bien difficile de pouvoir juger ce film techniquement et narrativement sans déjà avoir une vue d'ensemble du cinéma japonais des années 50. Cette critique évoluera donc sûrement au fil du temps. Ce film dépeint avec un poétisme et une pudeur propre au cinéma japonais les relations intimes et amoureuses entre différents personnages. C'est un film à la fois lent et rapide. La honte des personnages est exacerbée jusqu'à refuser tous contacts visuels. Le tout dans des silences pesant, montrant à la perfection le tiraillement entre les passions des protagonistes et le respect des codes de leur société. Mizoguchi dépeint un amour impossible qui est destiné à l'échec, à travers les différentes fatalités rencontrées dans le film, on sait par avance que la fin de cette histoire ne pourra être heureuse. Une oeuvre importante et intéressante pour les cinéphiles qui cherchent à comprendre les origines mêmes des codes du cinéma contemporain. Pour les visionneurs occasionnels cherchant leur bon divertissement du vendredi ou samedi soir, je vous conseille cependant de passer votre chemin.
Toute la délicatesse de Mizoguchi dans ce récit d'amours contrariées. Kinuyo Tanaka est sensationnelle dans le rôle titre et son jeu nuancé met en lumière tout un panel de compromissions dans le Japon du début du 20ème siècle, entre frustrations et conventions. Le personnage d'Oshizu, qui se sacrifie pour son aînée, est également admirablement joué par Nobuko Otowa. Opposés aux scènes d'intérieur où règne souvent une tension palpable, les plans en extérieur, montrant une nature paradisiaque, constituent une respiration remarquable.
Une histoire d’amour impossible dans une société nippone entravée par le poids des traditions. Un mélodrame tragique et délicat mais manquant d'intensité et d'émotions.
Mizoguchi décrit avec précision et subtilité les relations intra-familiales classiques, tout en instillant une réflexion plus moderne sur la force (ou non !) des sentiments au sein de convenances sociales et du poids des us et coutumes encore pregnantes dans cette histoire qui semble se dérouler fin des années 40. Le scénario est chirurgical, chaque scène à sa raison d'être, chaque séquence est nécessaire et jamais superflue pour un récit direct mais toujours avec délicatesse à l'image des gestes et des émotions des protagonistes, symbole d'un Japon qui a encore des difficultés à aller vers plus de liberté et de modernité. Mais cette retenue générale, empreinte de mélancolie, freine aussi toute réaction émotive tant les personnages sont en retrait et les événements vécus sont trop de retenue en témoigne la mort d'un enfant qui ne semble pas si déchirante que ça, où les pleurs si peu convaincants. Néanmoins, Mizoguchi signe un mélo emblématique où le sacrifice amoureux est la matérialisation d'un Japon entre deux eaux. Site : Selenie
Ce qui est un peu gênant dans le film c’est qu’Oyu et l’homme ne montrent aucunement de marques de tendresse mutuelle. Et encore moins d’amour. Mais peut-être est-ce le Japon pudique qui n’exprime rien ouvertement. En cela la tristesse de la jeune sœur est réelle. Elle sent bien que l’homme ne l’aime pas. Le dilemme est terrible au moment où la femme se retrouve libre. Toute une vie de tristesse et cela dès le premier jour. Beau film.
Maladroitement distribué en France sous le titre "miss Oyu", qui donne à priori un sens léger au film, la traduction littérale du titre Japonais est tout simplement "Madame Oyu". Sujet intimiste, il souligne le poids des conventions sociales encore en vigueur dans le Japon du début du XX Siècle, qui empêchent les deux héros du film de s'unir et de s'aimer. Autre chef d'oeuvre dans la filmographie de Mizoguchi qui en compte tant. Les amateurs de l'âge d'or du cinéma Japonais d'après-guerre ne le manqueront pas. Un film à voir et à revoir. Il me semble que Mizoguchi a encore fait mieux ( oui c'est possible) avec " la vie d'oharu femme galante " et avec " les contes de la lune vague après la pluie" qui eux mériteraient 6 ou 7 étoiles si c'était possible de leur attribuer.
Se marier avec la sœur de celle qu'on aime, c'est le sujet de maints romans et cela constitue le cœur d'une nouvelle déchirante de Tanitzaki (1886-1965). Dans le film de Mizoguchi Miss Oyu (1951) qui reprend l'intrigue de la nouvelle, un jeune décorateur Shinnosuke tombe immédiatement amoureux de Miss Oyu, une jeune veuve magnifiquement interprétée par la grande star Kinuyo Tanaka (O'Haru, L'intendant Sansho, "La Mère" de Naruse etc). Les conventions de l'ère Meiji (probablement 1940) veulent que, comme veuve, elle doive se consacrer exclusivement à l'éducation de son fils. Le triangle qui se crée entre les deux sœurs et Shinnosuke est le cadre de la souffrance des trois protagonistes dont le poids des conventions écrase les sentiments.
Le style à la fois fluide et tendu du grand cinéaste japonais décrivant pour la dernière fois peut-être le décorum -pour nous toujours étrange- du Japon traditionnel sorti ne varietur de la période d'Edo, s'attache ici à décrire sans fard la cruauté sociale: l'un de ses dix chefs d'œuvre. (dvd blue ray Capricci).
Film sublime, qui révèle le secret de l'art de Mizoguchi, ce cinéaste qui filme sereinement des situations cruelles. C'est parce que Miss Oyu est elle-même une artiste qu'elle est capable de transcender sa douleur en art. Voir ma critique complète sur mon blog :
Depuis le début des années 1940, Kenji Mizoguchi travaille presque exclusivement avec le scénariste Yoshikata Yoda et l'actrice Kinuyo Tanaka dont il est secrètement amoureux. Il avait entamé la décennie des années cinquante en rejoignant la Shintoho après avoir quitté la Shochiku à laquelle il était lié depuis 1939 parce qu'elle lui refusait le financement de l'adaptation d'"Une femme de plaisir" du poète Saikaku Ihara. Déçu, il ne tournera qu'un seul film pour son nouveau studio, ("Le destin de Madame Yuki"), qui refusera lui aussi d'honorer sa parole. Il rejoint temporairement la Daiei et y adapte un roman du célèbre écrivain Jun'ichiro Tanizaki ("Le coupeur de roseaux" publié en 1932). L'histoire légèrement remaniée qui se déroule à la fin de l'ère meiji, est assez inédite tant sur le fond que sur la forme que lui donne Mizoguchi. Un trio amoureux impossible est imaginé menant à l'impasse dans laquelle est précipité le jeune Shinnosuke (Yuji Hori) qui devant se trouver une épouse, tombe amoureux de la sœur aînée de la jeune femme qui lui est promise. Il se marie tout de même par dépit et dans l'espoir de continuer à voir Miss Oyu (Kinuyo Tanaka), jeune veuve interdite de remariage suite au décès de son époux tant qu'elle n'aura pas élevé son fils. Oshizu (Nobuko Otawa) la jeune sœur à très rapidement compris l'élan amoureux de son futur mari pour sa sœur mais décide de se sacrifier pour éviter à celle-ci l'enfermement affectif dans lequel la condamne sa belle famille. Le scénario est bien sûr idéal pour un film noir vénéneux en raison des sentiments troubles et variables qui unissent les trois membres du trio dont chacun s'est engagé pour de mauvaises raisons dans cette aventure improbable. Mais Mizoguchi ne saisit pas l'opportunité qui lui est donnée et prend le contrepied du déroulement attendu d'une telle situation. La très grande retenue des sentiments qui est la marque des trois protagonistes mène à une harmonie de façade où la jeune Oshizu qui est la plus grande perdante de ce jeu de dupes sert de pivot central. En réalité les problèmes viendront de l'extérieur de la cellule un peu baroque qui s'est bâtie à partir d'un postulat difficilement concevable en Occident. La caméra de Mizoguchi toujours à distance, refusant encore une fois les gros plans introspectifs nous invite à regarder comment l'impossible s'orchestre à force de renoncements successifs gardés secrets. La pression sociale lancinante donnera à l'histoire un tour plus conforme aux convenances , encore une fois au prix de renoncements déchirants, menant le récit jusqu'à un dénouement bouleversant qui donne un sens profond au sacrifice initial de la jeune et timide Oshizu qui n'aura pas vécu vainement dans l'ombre de sa sœur. Ce nouveau film de commande en attendant la réalisation de "La vie d'O'Haru, femme galante" qui occupe l'esprit de Mizoguchi (cf plus haut) constitue le second volet de ce qui constituera une trilogie littéraire à la tonalité naturaliste où le réalisateur excelle.
c'est mon premier film de mizoguchi,et je dois dire c'est vraiment du plaisir pour les yeux,tres representatif du japon et des japonais de ce temps la.oui c'est sur qu'il y a beaucoup de melancolie,les personnages ne sont pas tres joyeux,l'histoire ne decolle pas ,mais bon, j'ai quand meme passé un super moment. Et avec ce qu'on nous sert maintenant,on oublie que le cinema est le septieme ART et ce film est une demonstration de beauté et d'amour
Ce film est, d'une certaine manière assez représentatif de l'oeuvre de Mizoguchi. La mise en scène et la photographie sont très soignées et maîtrisées, c'est un régal pour les yeux. Mais comme pour d'autres films de ce réalisateur, j'ai une petite réserve : il a une légère tentation pour mélo au premier degré. Réserve à relativiser, bien sûr, le film dans son ensemble est magnifique.