Adapté du roman de Jirō OSARAGI (1897-1973), l’histoire est d’une grande banalité, celle de 2 sœurs que tout oppose :
Setsuko (Kinuyo TANAKA), mariée par dépit à Mimura, ingénieur au chômage, alcoolique, qui tient un bar peu fréquenté et Mariko, célibataire, sans filtre et qui va tenter de renouer (suite à la lecture du journal intime de sa soeur) la relation amoureuse entre Setsuko et Hiroshi Tashiro, vivant à Kobe et qui vient de rentrer de France où il était parti il y a 17 ans, en 1937
. Rien de bien passionnant car le film reste très théâtral (thème de pièce de boulevard mais sans les portes qui claquent, vu qu’elles coulissent au Japon !) avec beaucoup de dialogues (mais n’est pas Sacha Guitry qui veut !), peu de scènes en extérieurs, sans foule, ni figurants, et la façon particulière de filmer du réalisateur [plans fixes, caméra immobile et proche du sol (« plan tatami »), champ contre champ], ce qui suscite un ennui soporifique, vu le manque de rythme [on est loin des pièces de Tennessee Williams (1911-1983) !] et la longueur (1h52) du film. Lié à la culture japonaise et au goût d’Ozu pour le minimalisme, tout manque de relief : le délitement du couple Setsuko-Mimura est fade, loin des descriptions faites par Ingmar Bergman (1918-2007) tandis que l’amour de jeunesse Setsuko-Hiroshi manque de fougue et de passion, loin de celui d’Ilsa (Ingrid Bergman) et de Rick (Humphrey Bogart), séparés à la suite de l’entrée des troupes allemandes à Paris le 14 juin 1940 dans « Casablanca » (1942) de Michael Curtiz. Certains pourraient y voir un film sur l’opposition entre le passé et le présent, la tradition et la modernité, représentés par les 2 sœurs, métaphore bien fade d’un réalisateur préférant filmer l’eau tiède à l’eau brûlante, voire l’eau dormante à l’eau agitée. Le seul intérêt est la présence de Kinuyo Tanaka, une des plus grandes actrice japonaises (250 films) et qui fut ensuite réalisatrice de 6 films, dont « La lune s’est levée » (1955), qui a des points communs (scénario d’Ozu, histoire de 2 sœurs dont la plus jeune, Setsuko, tente de marier son ainée Ayako). Sans oublier le père des 2 sœurs, joué par Chishū Ryū, acteur fétiche du réalisateur et qui interprétait le père dans « Voyage à Tokyo » (1953). C’est lui qui sert d’introduction (un peu « hors-sol ») au film,
où un professeur de médecine de l’université de Kyoto parle de lui, atteint d’un cancer de l’estomac, qui n’a pas arrêté l’alcool, sans réduire son espérance de vie (qui aurait dû être de 6 mois).