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trineor
191 abonnés
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4,5
Publiée le 9 janvier 2015
Une œuvre crépusculaire, d'une beauté visuelle absolue et marquée dans le drame par sa soif des grandeurs. À peine reprocherait-on au film, après une première demi-heure d'une noirceur et d'une puissance cinématographique insensées, de s'affaisser quelque peu dans des digressions comiques intruses, que déjà la dernière partie resurgit de façon fulgurante et tragique. Du reste, parler pour décrire Faust de son ambiance irréelle, de sa poésie glaciale et déchirante, de sa photographie ineffable ou de la composition remarquable des cadres, c'est chaque fois dire encore trop peu... sans doute vaut-il mieux parler d'un grand film, donc - peut-être le meilleur de Murnau, assurément l'un des plus beaux de l'histoire du cinéma, et quoiqu'il en soit une histoire magnifique, dite avec des images d'un chagrin et d'une splendeur à rompre l'âme, à briser le cœur.
Dernier film allemand de Friedrich Wilhelm Murnau, qui allait s'envoler pour les Etats-Unis pour réaliser L'Aurore, Faust, une légende allemande, mis en scène juste après Le Dernier des hommes et Tartuffe, demeure non seulement l'un des plus grands films de son auteur, mais également l'un des plus beaux de l'Histoire du cinéma. A l'apogée de sa carrière, le cinéaste allemand signe peut-être son oeuvre la plus graphique, faisant appel aux effets spéciaux les plus avancés en son temps, tout en jouant habilement sur l'ombre et la lumière sur la forme (comme dans Nosferatu), et le bien et le mal sur le fond. Murnau s'empare du mythe et de l'oeuvre de Goethe pour livrer sa version de Faust, jouant avec la censure et y ajoutant même quelques touches d'humour. Expérience sensorielle enivrante, chef d'oeuvre de l'expressionnisme allemand, Faust, une légende allemande n'a absolument rien perdu de son éclat, de son pouvoir hypnotique. Les décors et les effets visuels demeurent extraordinaires.
Il suffit parfois d'un plan pour qu'un film bascule, pour que notre perception change, comme un élan soudain qui nous fait dire le mot "chef-d'oeuvre". Il suffit d'un mot s'illuminant sur l'écran comme le cri de rage d'une victoire étincelante pour que "Faust" ne soit plus seulement un grand film incontestable, formellement abouti, mais bien le chef-d'oeuvre suprême qui, pour faire éclater la lumière, aura dû aller au tréfonds des ténèbres. Le mythe est bien connu, le pacte faustien consistant à vendre son âme au diable en échange d'une jeunesse éternelle : toute la première partie du film s'emploie à décrire le rapport de Faust aux opprimés de sa ville puis sa rencontre avec Méphisto et la manière dont le savant cède à la tentation. Lors de ces quarante-cinq premières minutes, chaque plan fait événement, regorge d'une trouvaille visuelle novatrice; le film s'apparente alors à un pur objet de mise en scène absolument sidérant, jusqu'au point où l'on se demande comment Murnau va pouvoir relancer la machine et tenir une heure de plus. C'est alors que la noirceur visuelle, celle qui gagne le ciel et les toits des maisons, va s'inviter dans le mélodrame, soit la rencontre entre un Faust rajeuni et l'innocente Marguerite. Les apparitions de Mephisto prennent alors une tournure aussi grotesque que glaçante et prolongent le mal jusque dans l'histoire d'amour avortée, devant soudainement s’éclipser pour laisser place au drame. Apogée de l'expressionnisme allemand dans la mesure où l'architecture suggère à des degrés variables un monde en perdition et le vertige d'une descente aux enfers, "Faust" emploie sa structure plastique pour réfléchir sur l'opposition entre le bien et le mal, sur les moyens de combattre les forces obscures.
Avec "Nosferatu" et "L'Aurore", je crois bien que ce "Faust" rentre aisément dans mon top 3 pour la filmographie de FW Murnau. Pour le moment, je comptabilise trois chefs d'oeuvres réalisés par le réalisateur allemand. A vrai dire, avant de démarrer le film, j'avais un peu peur. Peur d'être à nouveau déçu comme je le fus devant "Tabou" ou "Le Dernier des Hommes" (qui au demeurant sont de bons films mais n'atteignent pas la grâce des "Nosferatu" et de "L'Aurore" selon moi). Heureusement, "Faust", de l'ensemble de son oeuvre que j'ai vu jusqu'à présent, est l'un des meilleurs longs-métrages de Murnau. Mettant en vedette l'acteur suédois Gösta Ekman dans le rôle de Faust et le célèbre Emil Jannings dans le rôle de Méphistophélès, le film est premièrement porté par ces deux comédiens à la gestuelle remarquable (surtout concernant Jannings qui crève littéralement l'écran), et deuxièmement par une ambiance formidable qui nous plonge dès les premières secondes dans cette légende. En effet, le premier plan ou l'Archange et le Diable parient sur la foi de Faust est remarquable de beauté, grâce au travail sur le clair/obscur qui dominera l'ensemble du film, ainsi que sur les décors et les accessoires, rappelant les peintures et sculptures du XVIIème siècle. Je n'ai pas lu le texte de Goethe, donc en terme de fidélité scénaristique je ne peux aucunement m'exprimer. Tout ce que je peux dire, c'est que Murnau livre une histoire poignante, qui captive de fond en comble. Dans "Faust", de l'histoire aux décors, tout est splendide, tout est travaillé avec minutie, certaines scènes révélant un savoir faire solide. Avec "Faust", Murnau réalise un chef d'oeuvre intemporel. Un film fantastique (dans les deux sens du terme), passionnant et émouvant.
Je retrouve dans ce *Faust* les mêmes qualités et défauts que j'avais relevé dans *Nosferatu*, à savoir quarante cinq première minutes très bonnes et captivantes et une seconde moitié de film jusqu'aux dernière minutes beaucoup plus lent, redondant et limite en inadéquation avec le reste du film. C'est exactement ce qui s'est passé avec ce Faust, j'ai beaucoup aimé la première moitié, extrêmement bien mise en scène, très intéressante, tant au niveau de l'histoire que du rythme installé. Une fois qu'on se retrouve dans le petit village, le film commence à tourner en rond et à s'étirer en longueur sans forcément de justifications, on s'éloigne même de la teneur symbolique de la première moitié pour tomber dans du mélo et de la comédie pas toujours très justes, du moins selon mon point de vue. Néanmoins, à la différence de *Nosferatu*, le dernier quart est très réussi et relève le niveau du second tiers. *Faust* est donc un film que j'ai globalement apprécié, j'ai d'ailleurs eu la chance de le découvrir dans le cadre d'une séance de "Ciné-Théâtre" plus que réussie. Il fait preuve de qualités techniques, narratives et rythmiques indéniables mais souffre de longueurs dans le second tiers et surtout d'un basculement dans le ton qui m'a quelque peu déçu. A voir tout de même, bien plus captivant que *Nosferatu* et plus intéressant en terme de mise en scène !
Depuis "Nosferatu le vampire" sorti sur les écrans en 1922, Friedrich Wilhelm Murnau est un cinéaste reconnu en Allemagne, devenu presque l'égal de Fritz Lang et de George Wilhem Pabst. Remarqué par Hollywood (William Fox) où il doit se rendre prochainement pour y tourner, Murnau passé à la UFA livre avec « Faust, une légende allemande » une sorte de couronnement testamentaire de la perfection atteinte pas le mouvement de l'expressionnisme allemand. La UFA met à la disposition du réalisateur des moyens hors du commun, jamais engagés jusqu'alors par le studio. Murnau qui a reçu une formation d'historien de l'art entend faire de son film dédié au célèbre conte allemand datant du XVIème siècle et adapté pour le théâtre par Goethe en 1808, le fleuron du cinéma reconnu comme un art graphique. Les références à l'art pictural sont nombreuses et Murnau invite à sa table les grands maîtres du XVIIIème que furent Rembrandt, Vermeer ou De La Tour. Le propos du conte est une simple interrogation sur la cohabitation du bien et du mal face au défi de la mort, agrémentée d'une histoire d'amour impossible ajoutée par Goethe pour sa pièce. C'est sans doute ce dépouillement du récit qui a permis à Murnau d’orienter l'œil du spectateur sur la magnificence visuelle de son travail. Ce travail sur l'image jamais égalé par la suite dans les premières années du parlant jusqu'à "La belle et la bête" de Cocteau (1946), permet à Murnau de mettre en relief des trucages grandioses comme dans cette scène inoubliable, d'une beauté lugubre où Méphistophélès juste après la signature de son pacte avec l'archange enserre le village de ses deux larges ailes noires en présage de la peste qu'il va répandre sur sa population. L'autre moment grandiose et magique du film est le survol de la terre par Méphistophélès accompagné de son nouveau disciple, juchés sur le nuage qui les mène jusqu'à la cité des plaisirs. Ensuite c'est par un jeu subtil d'alternance entre ombre et lumière serti de différents tons de noir et de gris que Murnau décline le dilemme qui torture un Faust déambulant dans les rues tortueuses du village, flanqué en permanence de son mauvais génie joué par un Emil Jannings qui s'il ne fait pas dans la sobriété comme à son habitude, exprime parfaitement les mille tours employés par Méphisto pour parvenir à son horrible dessein. En contre-point de toute cette noirceur et sans doute par malice, Murnau introduit quelques moments jubilatoires comme celui où la tante de Gretchen interprétée par une Yvette Guilbert très en verve, fait l'assaut du diable dont elle entend qu'il lui fasse goûter à elle aussi un peu de ses vices. L'art si particulier du cinéma muet n'a jamais été porté aussi haut que par Murnau dont on peut se demander s'il aurait pu trouver à travers les moyens rudimentaires offerts par le parlant des débuts, la bonne expression de son talent graphique qui faisait de lui le seul peintre du 7ème art. On peut aussi se demander de quelle manière, revenu de nos jours, il aurait appréhendé les effets spéciaux que la technique actuelle aurait mis entre ses mains.
"Faust", réalisé en 1925 par F.W. Murnau, intervient trois ans après le chef-d'oeuvre de ce dernier, j'ai nommé "Nosferatu". Comme tout le monde le sait, Murnau faisait partie de ce mouvement que l'on appelle l'expressionnisme et qui a trouvé son apogée au cinéma durant les années 20 de manière assez concentrée en Allemagne. Ici, on retrouve l'adaptation d'une vieille légende nationale assez célèbre et méritant un traitement en images dont s'est chargé le cinéaste, à mi-chemin entre le fantastique classique et l'ambiance gothico-religieuse. Les symboles sont ultra-présents tout le long et agrémentent un scénario déjà riche de quelques touches bienvenues, notamment dans l'approfondissement du caractère des personnages, tourmentés sans être complexes. Le cadre bénéficie d'un travail de précision facilement admirable, duquel on peut analyser chaque plan, chaque position de caméra afin d'en comprendre les conésquences sur le spectateur. L'éclairage est utilisé là encore de manière assez minutieuse dans une ambiance relativement sombre mais pas évidente à restituer dans la mesure où tout le film n'est qu'un combat constant entre le bien et le mal. Si la mise en scène s'avère brillante et que l'intrigue comporte de nombreux rebondissements passionnants, on pourra regretter une narration simpliste faisant perdre le ton crescendo qui aurait été bénéfique à l'oeuvre. Le rythme s'aplatit parfois, au profit de longueurs malvenues franchement pas soutenues par une interprétation assez grossière de certains acteurs (j'exclus Emil Jannings). La morale est somme toute assez lourde et ce n'est pas son côté mystique atypique qui me fera penser le contraire. Le propos perd ainsi une certaine force et la violence des événements ne nous cloue pas tel qu'on l'aurait souhaité. "Faust" est largement en-dessous de "Nosferatu" mais demeure un film à voir.
Friedrich-Wilhelm Murnau nous réalise un Faust magistral, poétique, envoûtant, mystérieux. Cela reste toujours fascinant à voir de nos jours, voilà le type de films muet qui me plaît. Dès le début nous sommes captés dans un univers qui nous semble réel, en regardant Faust jai complètement (du moins presque) oublié mon environnement pour être happé par ce film très réussi et qui semble dune réalité impossible tant les images du film donnent le sentiment de véracité. Pour moi jai eu limpression que Murnau a pris sa caméra et cest projeté dans un monde parallèle au notre pour nous montrer son film. Faust peut être considéré comme un chef-d'oeuvre de ce si beau 7ème Art.
Film d'un beauté plastique à couper le souffle, Faust est très justement considérer comme un chef d'oeuvre absolu du 7ème art. La mise en scène de F.W. Murnau est prodigieuse, et cette histoire de ce personnage qui vend son âme au diable est vraiment très captivante. Voici un long métrage muet, tout simplement prodigieux, l'image de Carl Hoffmann est magnifique, les décors époustouflants et les costumes de Méphisto ( superbement jouer par Emil Jannings ) font froid dans le dos et aide a créer la peur chez ce personnage vraiment diabolique. Il s'agit sans aucun doute de l'un des plus beaux films de l'histoire du cinéma, car cette oeuvre magistrale même si elle date de 1926, n'a pas prit la moindre ride. 20/20
La justesse absolue de la mise en scène justifie à elle seule le visionnage de ce film remarquable dans son traitement des lumières et des symboles, de même que la prestation d'Emil Jannings en Méphistophélès, terriblement loufoque. Mais le didactisme appuyé, la théâtralité de certains interprètes et la redondance de quelques effets ancrent ce Faust dans son temps, nous le rendant moins puissant, voire longuet. A visionner sans conteste, avec une remise en contexte.
Les plus grandes légendes allemandes dans le cinéma expressionniste ont de quoi promettre de belles images. Murnau apporte un grand soin à la direction artistique, que ce soit aux costumes et à la lumière. Les effets visuels et lumineux, bien que dépassés aujourd'hui, plongent le film dans une ambiance unique. Les inspirations sur les arts médiévaux se font ressentir, surtout dans les séquences de l'amante perdue dans la neige, évoquant une Piéta, et le laboratoire de Faust rappelant l'astronome de Vermeer. Les acteurs surjouent mais c'est pour une bonne cause, l'humour est présent malgré les fortes tensions dramatiques. En revanche, le scénario est presque à la ramasse. On passe d'un début intéressant avec Faust tentant d'éradiquer la peste avec le Diable, d'un retour en arrière sur sa jeunesse. Et le film se termine sur cette partie. Pourquoi n'avoir pas résolu la première intrigue ? C'est de là que sont partis les accords entre Méphisto et Faust. De plus le film semble extrêmement long par ce rajout soudain de nouvelles intrigues qui sont presque du hors-sujet. Beau, gothique à souhait, Faust de Murnau déçoit et émerveille à la fois.
C'est mon premier Murnau, et c'est un véritable choc esthétique. Je l'ai découvert au théâtre du châtelet, avec Jean-François Zygel au piano. La mise en scène est incroyablement poétique, le jeu des lumières, entre clarté et obscurité, souligne parfaitement le propos du film. Pour faire court, pour moi, l'avenir du cinéma est de retourner à la source : l'image, rien que l'image.
En attendant de voir le film de Sokurov qui n'est pas un auteur que j'aime beaucoup jusqu'à présent et de lire l'oeuvre de Goethe, je me fais un petit film de rien du tout réalisé par l'anonyme FW Murnau.
Si le thème du film me passionne, si j'adore le cinéma de Murnau j'avais quand même quelques petites appréhension avant de voir ce film, la peur d'être déçu sans doute.
En tous cas la première scène m'a fait ravaler ma salive. Quelle virtuosité, quelle classe, quelle beauté. Une chose est sûre, on a là, sans doute une des plus belles lumières du cinéma muet. On a une photographie des plus admirables. On joue sur le clair obscure, on a ce Méphistophélès qui, géant, déclenche la peste. On a une composition du cadre juste admirable. C'est réellement beau et fascinant.
On sent qu'on aura quelque chose de magnifique à se mettre sous la dent. Et le film l'est vraiment, magnifique. On n'oserait plus faire ce genre de films aujourd'hui de peur de tomber dans l'excès, dans une copie de la peinture et on aurait raison, sauf que là dans ce film ça passe admirablement bien. J'irai peut-être même jusqu'à dire que visuellement il est plus beau que Nosferatu ou bien que City Girl.
Mais, car oui il faut bien qu'il y ait un mais, je n'ai pas été ému outre mesure par ce film. Là où j'ai trouvé justement City Girl déchirant. Bon après c'est pas le même genre, on est d'accord. Et je dirai qu'il y a un petit passage où le film pédale dans la semoule vers l'heure de film, ce qui m'a à ce moment sorti complètement du film, malgré sa beauté plastique indéniable.
Je dirai qu'à quelques petits moments ça manque d'âme. Et pourtant dieu lui-même sait qu'on a des moments de pure beauté.
Après ça reste du grand cinéma et Murnau et son directeur photo restent des génies incomparables, mais je ne peux pas cacher une légère déception sur le milieu du film.
Friedrich-Wilhelm Murnau fut le premier à adapter au cinéma le célèbre conte germanique narrant la lutte manichéenne entre le bien et le mal à travers le parcours d’un homme vendant son âme au diable. Le maitre de l’expressionisme allemand réalisa une référence du cinéma fantastique. Outre son récit qui reste une intarissable source d’inspiration, le film est une pure réussite esthétique grâce à sa magnifique utilisation des contrastes noir/blanc, à ses effets spéciaux impressionnants pour l'époque (digne des courts-métrages de Méliès) et à ses décors dantesques. Ce chef d’œuvre du cinéma muet mêle à merveille mythologie et romantisme mais est aussi amusante grâce à l’inoubliable interprétation du malin par Emil Jannings.