Après plus de deux semaines du visionnage je suis encore sous le choc, celui d'avoir connu une extase fantastique à travers cette courte excursion de Kurosawa dans les bas-fonds auprès des déclassés et des rêveurs, chacuns dans la même situation et tous si attachants et pourtant si différents. Le cinéaste Japonais nous présente un de ses plus beaux films, autant dans l'esthétique que dans la narration, en effet, pour son premier film en couleur, il ne se loupe pas ! Cette cité de bidonvilles brille de mille couleurs, un véritable arc-en-ciel tape à l'oeil (dans le bon sens évidemment) illustrant magiquement l'évasion des habitants de ce quotidien si facheux, et ceux qui s'en sortent le plus de ce point de vue c'est le jeune Rokkuchan, surnommé méchamment par les enfants du coin comme "le zinzin au train" car il passe ses journées à s'imaginer piloter un tramway, et on n'oubliera pas non plus le clochard et son fils blêment comme la neige, malades comme des chiens, qui aux bords de la mort, imaginent leur future maison. Autant de personnages attachants et malheureux, autant de situations émouvantes et poétiques sont servis dans ce chef d'oeuvre sous la littéralement déchirante musique de Toru Takemitsu. Ce film marque un tournant dans la carrière du cinéaste, et pourtant, cette oeuvre poignante, touchante, poétique et métaphysique a connu un véritable échec diablement cuisant qui faillit mettre un terme à la carrière du plus grand des réalisateurs ! Non mais quand j'entend, ça me révolte ! Quelle bande d'ignares, les critiques de l'époque !!! Ne pas reconnaître un tel film comme une merveille du septième art est impossible, on ne peut pas blâmer une telle mise en scène et une telle morale ! En tout cas, pour moi et pour beaucoup d'autres fans, ce film est un des films majeurs de Akira Kurosawa, un point c'est tout!