Si la légende d’ " Indiana Jones " se trouve passablement égratignée dans les premières scènes - non seulement ses mérites sont-ils remis en cause par le FBI mais ne doit-il pas aussi endurer de se faire traiter à tout bout de champ de papy par un jeune freluquet -, notre aventurier prouve, rapidement et sans contestation possible, qu’il n’a rien perdu de sa superbe : évasions spectaculaires, bagarres acharnées... C’est reparti comme en 40 ! Malgré les deux décennies écoulées depuis le dernier avatar de la série, ce nouvel épisode joue la carte confortable de la continuité. Une sécurité financière, c’est sûr, mais nous attendions-nous à autre chose ? Certes les Russes, dirigés par une Cate Blanchett fascinante et fascinée par le paranormal, ont remplacé les Nazis (années1950 obligent) et La Momie, entre-temps, est passée par-là (certaines scènes ne sont pas en effet sans rappeler la saga de Stephen Sommers : le méchant dévoré vivant par les insectes, le traître perdu par sa cupidité), mais le costume et la phobie des serpents d’Indy sont eux, intacts. Sans compter de multiples clins d’œil aux précédents chapitres à travers des clichés de Willie Scott, Sallah, Marcus Brody et Henry Jones Sr. (Sean Connery), mais surtout la réapparition de Karen Allen dans le rôle de Marion Ravenwood, l’ex-petite amie disparue après le premier épisode, avec un rôle central dans l’histoire. Sur la forme, le style artistique est également calqué sur les trois précédents épisodes avec cascades et décors à l’ancienne et images de synthèse réduites à l’essentiel. Ce nouvel opus, rythmé et nerveux, n’oublie toutefois pas de se démarquer en mélangeant les genres. " Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal "permet à la saga, pour la première fois, de toucher à la science fiction, avec un petit air de " E.T. l’extraterrestre ": des êtres surdéveloppés appartenant à une autre dimension seraient ainsi venus apporter le savoir aux tribus indiennes voilà plusieurs millénaires. De même, une touche de romantisme a été glissée dans la vie trépidante de notre aventurier solitaire en scellant ses retrouvailles avec son amour d’antan, Marion Ravenwood, retrouvailles qui offrent la vision mémorable d’un Harrison Ford complètement gaga alors même que le danger l’assaille. Presque une réunion de famille, ce chapitre installe également le personnage du fils de Marion, Mutt Williams, joué par Shia Labeouf, amateur de couteaux et perfectionniste de la mèche, qui permet à la famille Jones d’être, enfin, au grand complet. Au total, ce retour balisé s’avère enthousiasmant. Une réussite royale qui, selon les rumeurs persistantes, pourrait ouvrir la voie à un cinquième opus. Entre Harrison Ford, qui dans le rôle du paternel est loin d’avoir dit son dernier mot, et Shia Labeouf, fils prodigue tombé à pic, nul doute que l’alchimie continuera longtemps de fonctionner pour notre plus grand divertissement. On est ravi.