Voici une réflexion sur la place du travail dans notre société, pourquoi nous y allons chaque matin, comment l'envisageons-nous, etc. Et surtout à quoi çà sert ? Dit comme çà, rien de bien folichon. Sauf que ce film est parfaitement iconoclaste, provocateur, même libertaire, et surtout très drôle.
L'idée d'interviewer des chômeurs qui ont décidé un jour de le rester, est parfaitement surprenante et provocatrice. Pourtant, on ne peut s'empêcher de les comprendre dans leur démarche extrême, même si l'on ne partage pas leur point de vue. Certains d'entre eux disent des choses véritables, sur l'aliénation du travail notamment, ou lorsqu'ils remettent en cause la société de consommation, protestant que l'on peut vivre sans travailler si l'on sait se contenter de peu.
A noter deux moments forts - entre autres - l'un hilarant, le discours de Raffarin (si, si, je vous assure, se bidonner à ce point-là à un de ses discours, je ne l'aurais jamais cru possible !) à l'université d'été du MEDEF ; le voir vanter les vertus du travail a vraiment quelque chose d'irréel. L'autre moment est l'intervention du sociologue Loïc Wacquant, émule de Bourdieu, qui pose certaines questions importantes ; par exemple, le chômage est-il plutôt lié à un recul de la croissance, ou à un excès de productivité ? Doit-on considérer que c'est l'entreprise qui offre un emploi au travailleur, ou que c'est plutôt le travailleur qui loue ses capacités à l'entreprise ?
Ce film pose véritablement nombre de questions essentielles, et le spectateur ne saurait en sortir indemne.