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inspecteur morvandieu
37 abonnés
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2,5
Publiée le 18 février 2024
Dans la tourmente de la révolution russe, un espion anglais engagé dans le camp des soviets et une jeune femme de l'aristocratie se rencontrent et partagent une destinée semée de menaces et périls. Jacques Feyder signe une réalisation inspirée et ambitieuse qu'on peut mesurer à certains plans ou séquences rigoureusement élaborés. Et dans le registre de la fiction historique, Feyder associe plutôt efficacement l'aventure romanesque de Robert Donat et Marlene Dietrich (dont la bluette est prévisible mais pas prépondérante) et le témoignage historique sans fard sur la guerre civile russe. La figuration nombreuse et les mouvements de foule, les décors extérieurs et, plus encore, le soin apporté aux costumes multiples de la Russie blanche et rouge,noble et populaire, donnent un réel crédit à l'intrigue. Au-delà du sort des deux héros contraints à la fuite et à la clandestinité, Feyder décrit la folie meurtrière qui s'empare des deux camps sous la forme d'exécutions sommaires, spoiler: les vainqueurs d'un jour, suivant l'incertitude de la guerre et une ironie macabre, devenant les victimes du lendemain.
Pour autant, le récit n'a pas la force dramatique, l'intensité et le suspense qu'un cinéma réaliste aurait insufflé à l'épopée "célinienne" des deux fugitifs ballottés par les évènements d'un camp à l'autre. A l'évidence, le cinéaste n'a pas non plus la maîtrise, le sens de l'action et du rythme de ses contemporains américains tels Raoul Walsh ou Michael Curtiz. Tandis que Marlene Dietrich, éloignée de ses rôles de femme fatale, compose une jeune femme humble et apeurée, Robert Donat trahit un certain manque de charisme...et de virilité.
Je n'étais pas franchement optimiste à l'abord de ce film mais dans la première partie le scénario propose la mise en place d' une histoire apparemment ambitieuse hélas il ne tient pas ses promesses par la suite. pour compenser ça la réalisation propose ensuite une série de péripéties qui occupent le terrain à défaut d'un grand soir du cinéma.
En 1937, Jacques Feyder vient de réaliser "La Kermesse héroïque" son film phare qui lui permet aujourd'hui de ne pas être complètement tombé dans l'oubli. Sur la houlette d'Alexander Korda, il participe à l'inauguration des studios londoniens Denham Films Studios avec ce film épique qui tente de prolonger en Europe, le glamour de Marlène Dietrich dont la collaboration fructueuse avec Josef Von Sternberg s'est achevée à Hollywood en 1935 avec "La femme et le pantin". Le scénario de Frances Marion est inspiré d'un roman de James Hilton. On peut certes trouver cette histoire d'un espion britannique (Robert Donat) plongé dans la révolution soviétique de 1917 un peu surfaite et improbable. Si on est clairement dans l'exercice de style, Feyder tient à rendre compte assez fidèlement des soubresauts qui secouent la grande Russie. Toutes préoccupations très éloignées de Sternberg, entièrement centré sur sa vedette féminine. Le parti pris baroque extrême du réalisateur viennois lui a sans doute valu de passer à la postérité comme le pygmalion d'une des plus grandes stars du XXème siècle . Malgré quelques raccourcis historiques nécessaires à amener l'intrigue, on appréciera quelques moments forts comme le réveil de la comtesse Alexandra Vladinoff dans sa chambre alors que ses domestiques suivant les révolutionnaires, ont déserté son palace. Marlène est tout à fait juste dans la stupeur qui saisit la comtesse qui ne comprend pas que son monde est en train de s'écrouler. Idem pour la dernière partie et la rencontre du couple de fuyards avec un bolchevik désenchanté aux tendances suicidaires affirmées. Le test de l'examen du cal des mains pour décider du droit de vie ou de mort est aussi une bonne trouvaille de Feyder. Le film n'en manque pas malgré ses défauts et au final , la confusion consubstantielle aux mouvements révolutionnaires est assez justement dépeinte. Avec un peu d'indulgence on peut donc prendre plaisir à voir ce film de 1937 qui ambitionnait de bousculer le film de studios en lui donnant plus d'ampleur.
Un espion anglais et une comtesse russe pris dans les rets de la révolution bolchévique. Film atypique dans la carrière de Feyder, tourné pour les studios britanniques, qui n'a que peu à voir avec ses deux oeuvres précédentes, Pension mimosas et La kermesse héroïque. Il est entièrement dévolu à l'idylle entre les deux héros, dans le chaos de la guerre civile entre rouges et blancs. Ultra romanesque et spectaculaire à l'occasion, un bon film un peu impersonnel, dont la crédibilité n'est pas le fort, mais on s'en fiche. Feyder, qui avait magnifié Garbo dans Le baiser, montre ici une Dietrich descendue de son piédestal, dont il gomme même la sensualité rauque de la voix. A prendre comme un divertissement et évidemment pas comme une étude sociologique ou politique de la Russie de 17.
De la Révolution soviétique par le truchement du cinéma britannique, Jacques Feyder, homme-orchestre du cinéma français, réalise «Knight without Armour» (Royaume-Unis, 1937). De Londres à la Russie, le film expose l’aventure d’un espion britannique engagé dans le mouvement soviétique (Robert Donat) tombant amoureux d’une comtesse russe (Marlene Dietrich). Rien à voir avec Eisenstein, c’en serait même tout l’opposé. Les images sont inutiles à la narration du film. Seule une utilisation avant-gardiste de la profondeur de champ et des plans bancales galvanise l’esthétique du film. Du reste, Feyder semble négliger totalement son sujet. L’environnement historique est entièrement obscurci pour être outrepassé par l’idylle romantique de Donat et Dietrich. Feyder centre l’intérêt sur les stars plutôt que sur son sujet. La mise en scène qui noie Marlene Dietrich sous des gros plans en est l’exemple le plus indicatif. Plus d’une quinzaine de gros plans mettent en scène la présence de Dietrich, livrant au spectateur le fantasme de la star. La démarche va même jusqu’à l’invraisemblance. Comme cette scène où les bolcheviks envahissent la demeure de la comtesse pour l’en destituer. Dans un champ-contre champ évident, le choc de la représentation explose. D’un champ, Dietrich est englobé d’un halo gracieux, mythifiant le personnage tandis que d’un contre champ, Feyder fait avancer une foule sale, répugnante et grouillante. Ce film de Feyder est bien encore dans les canons simplistes du cinéma pro-classique. La déformation de Dietrich va même jusqu’à sa voix, pourtant érotiquement abrupte dans «Der Blaue Engel» de Josef von Sternberg et ici affreusement mielleuse et douce. Même son regard semble comme destituer de sa sensualité. Feyder, en plus de piétiner une actrice comme Dietrich, élabore sa Révolution d’octobre à partir de parangons naïfs et déplacés. D’un phénomène aussi ébranlant que la Révolution, Feyder fait une œuvre classique aussi tiède qu’elle est injuste.