Je me suis enfin décidé à voir Brown Bunny et une chose est sûre : même si le film est très difficile d'accès, il ne laisse pas indifférent. Personnellement, je l'ai plutôt aimé mais je préfère voir d'autres films de Vincent Gallo avant de juger son cinéma (en particulier, Buffalo 66 est dans ma ligne de mire). Le film est difficile d'accès oui, et clairement pas destiné à tout type de spectateur. J'imagine que beaucoup de personnes ont décroché avant la fin, et j'ai même failli faire partie de ces gens. Le film est assez lent, voire très lent, sous forme de road movie à la Gerry (la scène d'intro pourra d'ailleurs faire penser à celle de Somewhere de Sofia Coppola, bien que j'ai préféré cette dernière). Certains passages sont interminables (les scènes en voiture, notamment), mais lorsque je suis rentré parfaitement dans l'histoire j'ai été comme hypnotisé par les images, mettant mon cerveau au repos et attendant de voir ce qu'il se passerait. Ces scènes assez longues et parfois difficiles à interpréter (on se demande vraiment où le réalisateur veut en venir) ne sont donc pas pour autant mauvaises. Elles sont juste déroutantes. Et heureusement, le film est parsemé d'autres petites scènes très touchantes et étonnamment frissonnantes, qui font que j'ai parfois vraiment pris mon pied. Vincent Gallo est à la fois derrière et devant la caméra, et en tant qu'acteur il faut dire qu'il assure. Son personnage ne parle presque jamais, mais on ressent toute sa détresse et son malheur bien qu'on ne sache pas exactement d'où ils proviennent. En fait, je dirai que le film comporte deux types de scènes. Les scènes de voyage, où le personnage roule et parcourt le pays, et les scènes de rencontre. Comme je l'ai dit, j'ai trouvé les scènes de route un peu trop longues par moments. Par contre, les scènes de rencontres sont absolument sublimes. La première m'a vraiment fait beaucoup rire et ressentir de sacrées choses (il débarque dans une station service et demande à une inconnue de partir avec lui en voiture, c'est totalement loufoque et ça fait drôle). La troisième est également sympa avec la prostituée, assez touchante. Mais c'est vraiment la deuxième rencontre qui m'a le plus accroché. C'est pour moi LA scène du film, qui m'a fait ressentir de multiples choses d'un coup. Une scène vraiment originale, pendant laquelle on se demande constamment ce qu'il va se passer, si Bud va aborder la femme assise ici au milieu de nulle part. Et quand il l'aborde et que toute la scène se passe de tout dialogue, que les jeux de regard fusent, je n'ai pas pu m'emêcher de frissonner et de trouver tout ça terriblement émouvant. Ce sont donc des petits passages comme celui-ci qui m'ont permit de tenir jusqu'au bout. Et le final du film, très controversé, est assez difficile à décrire. Le film a fait polémique à cause d'une scène de sexe bien trop explicite et apparemment non simulée (dont je n'étais pas au courant, ce qui a renforcé ma surprise). Personnellement, même si j'ai trouvé ça très gonflé, je n'ai pas du tout aimé la scène. Je pense que le film n'avait vraiment pas besoin de ça et je me demande même ce que ça fout là. Mais, outre ce passage, le final du film est inattendu, affreux et terriblement dramatique, et donc très réussi. On réalise le pourquoi du désespoir de Bud et c'est plutôt puissant. Néanmoins, si je ne devais retenir qu'une scène dans le film, ce serait inévitablement la 2e rencontre de Bud, un moment vraiment magique. Un film intéressant à voir donc, car finalement je ne sais pas exactement ce que j'en ai pensé. Certains passages m'ont excédé au point de vouloir stopper le film, d'autres m'ont subjugué (la petite escapade à moto sur l'étendue de sel est magnifique), et à l'arrivée j'ai plutôt adoré le film grâce à son côté OVNI, mais je ne suis pas sûr d'avoir envie de le revoir un jour. Sentiment mitigé donc, mais qui tend plus vers le positif. J'attends de voir Buffalo 66 qui m'a l'air plus soft.