Je sors de ce film, et je me demandais encore il y a quelques secondes comment exprimer ma réaction ... Pas compliqué, finalement : la charte des critiques d'Allociné m'y aide en stipulant "Ne pas proposer de messages pouvant causer des dommages à autrui et notamment toute contribution ayant un caractère [...] raciste, discriminatoire, injurieux, [...] ou présentant une atteinte à [...] à la réputation, à la dignité humaine, d'autrui, etc.". Bon, c'est pas directement contre ce pauvre Wargnier que j'en ai, mais l'enfer est pavé de bonnes intentions. Du miel, même d'assez bonne qualité, ne couvrira jamais le goût du cyanure. Bref, tout le film véhicule encore, mais peut-on y échapper en ces temps toujours troubles, une tentative dans le genre années 50 de déculpablisation gentillette face aux crimes contre l'humanité commis par l'Europe. Ca "fait comme si", mais on est loin de l'humanisme. Jusqu'au bout, on y croit, on espère qu'il y aura un respect et une compréhension véritable, mais non : le bon blanc, comme Jésus qui efface tous nos pêchés, accompli sa mission de bon blanc, il nous refourgue tout ça en Afrique, et basta. Même pas coupable, et pourtant, il leur en a fait voir. Pas une larme sur son visage de s'apercevoir ce qu'il leur a fait endurer : non, juste le sentiment du devoir accompli. Et un grand paternalisme style "je les aurais bien aidé encore un peu plus, mais là n'est pas ma place" ... Du faux-cul pleine souche, et aucune prise de conscience véritable. Avec, en prime, un trop plein de romantisme qui nous éloignerait d'une position historique plus documentaire et distante, permettant de clairement situer le message comme seulement révélateur d'un passé révolu. Confirmation à lire d'autres critiques, et surtout celles si élogieuses de la presse - j'ai un peu froid dans le dos : la bête est là, toute proche, sous les vernis "humanistes". Après qu'on lui ait appris à le faire, elle sait maintenant se loger là où on la voit le moins, d'autant plus forte.