J'ai plutôt été déçu par ce film que j'attendais comme une production de qualité et intelligente car basée sur un roman que de nombreuses personnes apprécient.
Malheureusement, le scénario, le jeu et la direction d'acteurs ne sont franchement pas à la hauteur.
Le premier gros défaut que je trouve à ce film est de devoir encore et toujours mettre un enfant sur un pied d'estale bien avant qu'il ne prouve ses compétences. Idéaliser le jeune protagoniste principal est un défaut récurrent dans la plupart des teen movies depuis qu'Harry Potter à lancé le mouvement (même si c'est bien mieux géré dans les HP avec de véritables remises en question). A force de rabâcher ce coté 'exceptionnel' à de nombreuses reprise histoire de bien faire comprendre aux spectateurs qui est vraiment l'élu, on rêverait presque d'un peu d'originalité, par exemple que le pseudo héros se fasse bouffer à la première attaque et que ce soit un de ceux dans l'ombre qui révèle son propre potentiel, au grand dam de ses pairs. Impossible ici car il faut suivre la trame du roman, laissons donc à Harrison Ford le soin d'affirmer jusqu'à la nausée combien Ender est exceptionnel.
Le film souffre aussi du fait que le centre d'entraînement prenne quasiment toute la place, avec une suite de jeux stratégiques qui finissent par lasser. Il aurait été plus judicieux d'approfondir les personnages dans des relations alliant l'humanité à la stratégie, ce qui n'est pas vraiment le cas ici. On assiste juste à une progression du personnage, appuyé par son mentor avec un challenge à chaque étape, les inutiles adversaires, le héros de l'ancienne guerre et le début d'amourette n'étant que de simples accessoires futiles.
Le cas du jeu video est aussi symptomatique d'un manque de cohérence dans ce film: le héros accède à un jeu qui semble n'être destiné qu'à lui alors que les autres gamins devraient au minimum tous regarder ses exploits sur l'écran, voire tenter de les répéter, sinon au minimum se plaindre au superviseur de ne pas être traité de la même manière. Y rajouter un lien psychique rend le tout encore plus incohérent surtout qu'il est encore en orbite autour de la terre et pas proche de la planète des doryphores (je suppose que c'est mieux expliqué dans le roman mais là on parle du film, qui devrait se suffire à lui-même), quant à Violette son rôle est lui aussi complètement survolé, ce qui fait qu'on peine à comprendre le lien qui les unit réellement et surtout la raison de ce lien.
Au terme de sa progression fulgurante, Ender se révèle donc être le stratège le plus incroyable de tous les temps, le génie de l'inventivité, l'as de la planification, celui qui analyse avant même de réfléchir, celui qui saurait prévoir les déplacement des pions d'un jeu d'échec avec plus de coup d'avance que n'importe quel être humain.
Et pourtant au final, il ne voit rien venir (alors que beaucoup ont probablement deviné la chute tant les ficelles étaient grosses,
surtout lorsque les élites sont apparues dans la salle de contrôle
), Au final, le plus grand stratège est donc le Colonel Graff, celui incarné par un acteur qui n'a pas cessé de serrer les dents depuis le début de l'aventure.
Au final, même si la Stratégie Ender (le film) fait preuve d'énormes moyens qui auguraient d'un potentiel énorme, il reste irrémédiablement limité à des clichés poncifs propres à des réalisateurs et scénaristes bien adultes qui pensent que leurs propres enfants se doivent d'accomplir des miracles car ils sont évidemment exceptionnels et se doivent de rester le plus longtemps dans un monde complètement binaire. En ce malaise se ressent tout au long du film, y compris avec des acteurs qui semblent être tous dirigés à la baguette, sans aucune émotion ni créativité.
Comme tant d'autres films, il manque encore et toujours cette touche d'inventivité, de génie qui ferait qu'un teen movie offre une vision plus ouverte, originale et colorée, tout le contraire de ce qu'on voit malheureusement dans les super-productions formatées 'ados' de ces dernières années.
Encore raté, et c'est bien dommage!