Assimilable à une démarche artistique comprise entre la vague déferlante du cinéma dédié aux adolescents, un rapprochement idéologique certain à l’univers du petit sorcier Harry Potter et quelque part catalogué comme film de Science-fiction, la stratégie Ender se distingue pour bien des raisons. Adapté d’une œuvre écrite pour le moins reconnue outre-Atlantique, le film de Gavin Hood adopte la posture caractérisée d’un premier chapitre, premier maillon d’une franchise. Si les 80% du film tendent à promettre une belle saga à un public jeune, principalement, le final, d’un brouillon incommensurable, rappelle à l’ordre ceux qui pensaient pouvoir adhérer complètement à l’univers du jeune Wiggin. Regrettable tant jusqu’au simulacre de bataille finale l’on aurait été tenté d’admettre les qualités du film, toutes flanquées à l’eau par une séquence finale misérable et doublée d’une morale suave à faire vomir le plus chaste d’entre nous.
Si du coup, l’on a franchement plus envie de découvrir les suites cinématographiques de l’œuvre, revenons tout de même sur l’analyse du film, en lui-même. Réalisé d’une main jamais tremblante par Gavin Hood, réalisateur sud-africain qui n’en est pas à son premier essai mais qui n’aura pourtant jamais trouvé grâce nulle part, la stratégie Ender peut se targuer, du moins techniquement, d’être une œuvre aboutie. Certes, un peu de Kubrick par ci, un peu de Nolan par-là, viennent démontrer son impersonnalité, mais soyons franc, le résultat est convainquant. Les personnages, quant à eux, forment un ensemble hétéroclite intéressant, des vieux roublards que sont Harrison Ford et Ben Kingsley aux jeunes acteurs de demain que sont Asa Butterfield, découvert chez Scorsese, et Hailee Steinfeld, elle découverte chez les Coen. Ajoutons à cela, pour le sérieux de l’œuvre, la présence de Viola Davis et le tour est joué, le casting est vendeur.
Tout le monde est à sa place et le jeune Butterfield semble aussi à l’aise que dans son aventure parisienne chez Marty. Pour autant, le charisme du jeune garçon, quelque part entre fermeté, insolence et innocence enfantine, est le seul à transparaître à l’écran. Que le fin soit profondément stupide n’y change rien, le seul à qui profite réellement Ender’s Game, c’est bien à Asa Butterfield. Intraitable stratège, espoir de l’humanité, le jeune garçon, que l’on verra rapidement évolué en tant que chef militaire, domine le casting de toutes ses frêles épaules, faisant d’Harrison Ford, léthargique et patriotique à souhait, et de Ben Kingsley, pour le coup presque ridicule le visage tatoué, des pantins de cirques face cette jeunesse qui prendra un jour leurs places. Soyons certains qu’en terme de film pour ados, La stratégie Ender n’est de loin pas le plus mauvais du fait d’une présence étonnante des jeunes premiers castés pour l’occasion.
Bref, intrinsèquement, le film est plutôt sympathique, la palme revenant aux séquences d’exercice dans cette énorme sphère, en apesanteur, pour le spectacle. Par ailleurs, la bataille finale, sous simulateur, s’avère plutôt tranchante, graphiquement parlant. Dommage que le scénariste et le réalisateur aient foutu le final en l’air. Enfin, tout était couché sur papier, préalablement, ne leur jetons pas la pierre aveuglément. Film de science-fiction s’adressant à la jeunesse qui connaîtra son public mais qui s’arrêtera sans doute de souffler dès l’annonce du projet suivant. 09/20