Messieurs, si vous pensiez que vous n’aviez que des problèmes avec les femmes, vous n’avez encore rien vu. Car "Out of time" est un film qui vous ferait passer toute éventuelle envie de vous prendre, sciemment ou pas, une maîtresse. En effet, que ne ferait-on pas pour les beaux yeux d’une dulcinée qu’on connait depuis sa plus tendre jeunesse et qui vous a complètement retourné la tête ?! Ça commence par des jeux érotiques malsains, et ça va jusqu’à donner tout ce qu’on peut, et même au-delà. C’est ce qui s’appelle se mettre hors du temps. On ne pouvait donc rêver mieux comme titre pour cette nouvelle réalisation de Carl Franklin qui appuie la thèse que nous serions prêts à faire tout et n’importe quoi… par amour. Ou par ce qu’on croit être de l’amour. Carl Franklin prend son temps pour bien implanter le contexte et nous présenter les personnages. Durant une large demi-heure, pour être un peu plus précis. Jusqu’au moment où tout change. Même la musique change du tout au tout, passant des tonalités légères (voire romantiques) à une sonorité plus lourde, signifiant qu’il se passe quelque chose de pas net. Alors certes ce n’est pas le film du siècle, notamment en raison de quelques facilités scénaristiques pour ne pas complexifier un scénario déjà alambiqué. Je pense entre autres à la séquence où le médecin ne fait pas appel à la sécurité après l’inquiétante visite qu’il a reçue. La précision chirurgicale de l’histoire n’a donc pas été au centre des recherches, au profit d’un divertissement bien rythmé, et relativement efficace. Car quoiqu’on en dise, on vibre aux côtés de Denzel Washington : on constate comme lui avec effarement ce qu’il n’a pas vu venir. Autrement dit, on a peur pour lui ! On ressent l’immense embarras dans lequel il se trouve, cette tension constante qui le met sous pression. Il n’y a pas à dire, on apprécie tellement l’acteur que le voir prendre des mesures à l’opposé de l’éthique professionnelle de son personnage nous fait écarquiller les yeux, et nous fait dire qu'il perd la raison. Mais si nous vibrons autant pour ce grand acteur, c’est aussi grâce aux mouvements de caméra, comme ce mouvement circulaire autour du chef de police Whitlock quand il s’approche de la maison des Harrisson. Comme si le monde s’écroulait sous ses pieds. Coincé entre deux femmes, il nous amène dans une course contre la montre au terme de laquelle son avenir se joue. Nous avons d’un côté Eva Mendes, jolie mais pas franchement glamour parce qu’un peu trop raide sur ses talons, et de l’autre Sanaa Lathan. Bien qu’elle apparaisse finalement assez peu à l’écran, cette dernière manque un peu de charisme pour interpréter cette femme manipulatrice. Dean Cain apparait un peu moins souvent, mais réussit tout de même à faire pousser une pointe d’inquiétude à chacune de ses apparitions. Donc encore, c’est Denzel Washington qui s’en sort le mieux ? Eh bien non ! La palme revient à John Billingsley, dans la peau du médecin légiste. Il a été rendu éminemment sympathique grâce à quelques répliques succulentes, mais aussi à une dégaine qu’on peut qualifier de tue-l’amour : entre une chevelure bien touffue débordant de sa casquette perpétuellement vissée sur sa tête, des yeux de fouine cachés derrière ses lunettes, et des chaussettes qui montent à mi-mollet alors qu’il est en short long… De toute façon, je ne suis pas intéressé. Même dans de paradisiaques décors tropicaux, associés pour le coup à une histoire supposée être torride. Du moins à ses débuts. Bien que cela puisse paraitre relativement cliché, cela me semble être une bonne idée car cela aura permis d’apporter une vraie esthétique visuelle au film. Et puis quoi qu’on en dise, l’effet de la chaleur rend encore plus pesante la pression subie : déjà le personnage principal n’est pas bien à l’idée du sort qui l’attend, alors imaginez avec l’inconfort de la chaleur et de la sudation excessive… "Out of time" est donc un honnête long métrage qui réussira à vous divertir tout au long de ses 105 minutes malgré les 35 premières un peu poussives. Et puis surtout… vous y réfléchirez à deux fois avant d’entamer une relation, qu’elle soit amoureuse ou purement sexuelle…