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Kurosawa
581 abonnés
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3,5
Publiée le 5 avril 2020
Le film de diligence est presque un genre en soi tant il est atypique; Martin Ritt s'en empare avec brio en mettant en scène un blanc ayant été élevé par des indiens qui va devoir défendre ses compagnons de route attaqués par des brigands. Le film s'appuie sur des personnages secondaires archétypaux et sa structure globale est très classique mais l'impassibilité de son protagoniste ainsi que la durée parfois spectaculaire de certaines situations permettant un meilleure ancrage du décor rendent l'ensemble singulier et évitent tout didactisme. Le beauté du personnage d'Hombre (Paul Newman magnétique) est d'assumer sa défense des indiens non pas en rabâchant un discours moralisateur mais en adoptant une attitude progressivement délestée de moralité. Par son silence et son hiératisme, il impose une neutralité qui pousse les autres personnages à ne pas rester passifs, à ne plus se contenter de le regarder prendre une décision. Si le film comporte un humour salvateur en ce qu'il écarte tout esprit de sérieux, il va aussi très loin dans la cruauté et dans la tension entre amoralité et libre-arbitre. Dans un final remarquable, Hombre prouve, avant finalement d'agir, que son indifférence n'est pas synonyme de lâcheté mais qu'elle est au contraire la plus belle preuve de sa clarté morale. Martin Ritt signe un beau film, sensible à l'incarnation des décors et des situations, dont la mise en scène épurée est parfois époustouflante par sa manière de créer rapidement une tension.
Pas de problème pour estimer ce bon petit western. Ça se passe autour d'une bonne intrigue (un peu prévisible) mais il y a surtout de la psychologie avec des personnalités. Il y a aussi un fond d'humanisme qui sort de ce qu'on trouve habituellement.
Un grand western humaniste dans lequel Newman nous fait une composition tout en sobriété. On croit d'abord à une variation sur "Stagecoach" alors que c'est bien plus compliqué que ça. Le film se garde de tout manichéisme, Newman se montrant incapable de la moindre empathie pour ses compagnons de route qui contrairement à ce que répète les perroquets sont loin d'être tous médiocres (seul March et sa femme méritent ce qualificatif) mais n'ont aucune envie de jouer les héros. L'exception viendra de la belle Diane Cilento, qui joue le rôle d'une ancienne prostituée qui placera Newman au pied du mur. Très fort ! On peut déplorer une bizarrerie dans le script à la fin,spoiler: pourquoi les bandits ne tirent-ils pas de suite afin de récupérer la sacoche ? Sinon tout ce petit monde reste rasé de près pendant tous ces évènements mais on va dire que c'était un cliché du western, mais laissons ces détails nous avons là un magnifique western.
Le film, de facture classique, jouit d'une mise en scène solide et d'une très solide interprétation, avec Paul Newman, Frederic March et Martin Balsam. L'histoire est l'attaque d'une diligence convoyant des personnages divers, qui ont tous en commun dêtre à la croisée des chemins et de vouloir changer de vie. On pense donc passer un très bon moment et admirer encore une fois les paysages magnifiques de l'Arizona. Le problème est que le film est tourné en 1967, et que le programme proposé est le pretexte à un pamphlet humaniste et un plaidoyer pour les minorités indiennes opprimées, très à la mode à cette période de grande contestation de la guerre du Vietnam et de la nouvelle société de consommation qui se met en place. Si ce discours a eu beaucoup de succés à ce moment là, et pendant plusieurs années après (et pas seulement aux Etats-Unis), force est de constater qu'il a beaucoup vieilli. Les poncifs proférés ont perdu de leur nouveauté, et leur naïveté font aujourd'hui sourire. Le scénario servant à illuster ce discours désuet et simpliste va alors accumuler les invraisemblances et les situations improbables. Les personnages deviennent tous monolithiques et caricaturaux, et sont destinés à subir l'oprobe (le docteur symbole du système fédéral corrompu et cynique), ou forcer l'admiration (la tenancière aux idées humanistes). Le film perd alors toute sa crédibilité et le final achève la leçon de morale. Lorsque l'idéologie prend le pas sur la création, on aboutit a des films, qui malgré de solides qualités, sombrent inévitablement dans le ridicule, puis l'oubli. Les critiques, chargés de véhiculer l'idéologie bien pensante pour conforter chacun dans rôle dans la société, et surtout légitimer la classe dominante, a bien entendu encensé ce film, non pas pour ces qualités esthétiques ou scénaristiques, mais pour le message qui les conforte dans leur fausses certitudes.
J'hésitais à voir ce film, ayant entendu dire qu'il était très lent et à la limite ennuyeux. Je l'ai visionné finalement et pour être franc, malgré quelques petites longueurs, je ne me suis pas ennuyé. Paul Newman est impérial et ce rôle de Blanc égoïste, froid, posé et individualiste, élevé par les Indiens, est un grand rôle pour l'acteur. Au départ, je craignais que le film fasse apologie de l'individualisme à travers le personnage de John Russell. Mais le personnage de femme courageuse, solidaire et déterminée jouée brillamment par Diane Cilento ainsi que la conclusion finale centréespoiler: sur le sacrifice du héros contredit cette idée. Le film dénonce aussi bien le racisme que l'individualisme. Et l'origine de l'égoïsme et l'individualisme de John Russell s'explique par les souffrances que les Blancs ont fait enduré aussi bien à son peuple qu'à lui-même. Et le film démontre bien qu'en se comportant ainsi, le héros n'est guère différent de ceux qu'il critique et donc qu'il fait fausse route. La première partie est un peu lente, mais la seconde partie est assez prenante et l'on se sent pris par l'enjeu qu'elle met en place. Bref, très bon western possédant une certaine intelligence.
Martin Ritt jouit d'une solide réputation aux Etats-Unis où sa fructueuse collaboration avec Paul Newman (six films en commun) lui a attiré les faveurs de la critique suite au succès du "Plus sauvage d'entre tous" sorti en 1963. En France, les choses sont plus beaucoup plus mitigées. Claude Chabrol n'avait que mépris pour l'œuvre de Martin Ritt quant à Bertrand Tavernier, il n'adoube le cinéaste qu'à partir de "Hombre" où celui-ci semble selon lui vouloir se libérer du carcan des adaptations ampoulées de romans sudistes de ses débuts. Martin était un homme engagé (ce qui explique en partie son amitié avec Paul Newman) et en pleine période maccarthyste il avait été rapidement convaincu de sympathies communistes par le FBI. Blacklisté des studios de télévision pour lesquels il travaillait alors, il s’était recentré sur le théâtre et l'enseignement au sein de l'Actor's Studio. Ses débuts difficiles derrière une caméra en 1957 à Hollywood, l'incitèrent sans doute à une certaine réserve dont il sortit dix ans plus tard avec "Hombre", western pro-indien adapté d'un roman du grand écrivain Elmore Leonard ("3h10 pour Yuma" de Delmer Davis en 1957) qu'il aborde d'une manière très personnelle, reprenant les conventions narratives du genre au sein desquelles il fait évoluer un héros (Paul Newman) dont la dualité (John Russell est un blanc ayant été élevé par des Apaches puis adopté par le propriétaire d'un hôtel dont il vient d'hériter) lui dicte un comportement qui le place souvent à distance des deux communautés. Cette mise à distance va devenir évidente lors d'un voyage en diligence à l'étrange parfum de "Boule de suif" (nouvelle de Guy de Maupassant) qui outre John Russell, réunit une communauté disparate composée d'un vieil escroc (Frederic March) et de son épouse (Barbara Rush), de l'ancienne tenancière (Diane Cilento) de l'hôtel que Russell n'a pas souhaité conserver préférant acheter un troupeau de chevaux, d'un jeune couple en difficulté relationnelle et d'un baroudeur rustre et goguenard (Richard Boone) . L'attaque de la diligence par des brigands sert de fil rouge pour dévoiler tous les comportements humains face à la peur ou à l'appât du gain. Martin Ritt n'épargne guère ses personnages y compris John Russell dont l'attitude égoïste ne peut complètement se justifier par le ressentiment légitime que celui-ci éprouve face au racisme dont il a fait rapidement l'objet d'une part des voyageurs. Ce huis clos en pleine nature dénonce clairement par la mutique présence de John Russell, l’attitude générale de l'Etat américain vis-à-vis de ceux qui ont été dépossédés de leur terre et dont le seul horizon est désormais le parcage en réserve (longue tirade édifiante de John Russell sur la réserve de San Carlos) ou le cantonnement à des missions subalternes au service des blancs. Si l’expérience du combat va naturellement permettre à John Russell d’affirmer une autorité sans faille sur le groupe, cette revanche sera suivie d'un retour rapide et douloureux à l'ordre des choses quand lui reviendra la responsabilité de se sacrifier pour la survie du groupe. En ne sacrifiant pas au happy end habituel, Martin Ritt ne se montre guère optimiste sur la réelle capacité à sortir de l’ornière des minorités qui sont alors en pleine effervescence aux Etats-Unis. Il peut compter sur une brochette d'acteurs au diapason d'un Paul Newman qui campe ici l’un de ses rôles les plus signifiants, lui demandant une économie d'effets qui lui sera utile pour la suite de sa carrière. On notera aussi la prestation réjouissante de Richard Boone et le charme de Diane Cilento.
SAGESSE AMÉRINDIENNE. Visages pâles contre peaux rouges. Quelque soit la tempête, hombre est silence. Paul Newman est l'équilibre du corps, de l'esprit et de l'âme. L'ombre du passé du chaman aux yeux bleus. Fin et commencement sont des rêves sacrés de la voix du sage.
J'avais vu Hombre étant jeune adolescent : au début ce n'était qu'un western, à la fin la force de ce héros à la fois ordinaire et impénétrable m'a laissé un souvenir impérissable. Mon côté hispanique me permettait de bien comprendre ce que le mot "Hombre" voulait dire. Depuis j'ai lu la nouvelle dont est tiré le film, et j'ai revu ce film avec des yeux d'adulte. Les commentaires que j'ai lus sur le site sont élogieux et énumèrent beaucoup de qualités dont la profondeur des personnages, leur psychologie, leurs relations complexes, les paysages magnifiques, John Russel héros énigmatique et quasi mutique, la violence, les méchants sans lesquels il n'y a pas de bon western, la mise en danger de sa propre vie pour des valeurs auxquelles on croit. L'un des commentaires évoque le racisme : pour moi c'est la leçon que donne ce film. La lutte contre ce racisme "ordinaire" qui pousse à ne pas accepter la différence, à percevoir les êtres en fonction de leurs origines et leurs couleurs. C'est ce que cette histoire dénonce avec une force puissante. John Russel est un blanc qui a vécu parmi les indiens. Avec notre regard d'aujourd'hui, en ce début du 21ième siècle, on a du mal a imaginé qu'à l'époque où est sorti ce film la ségrégation raciale existait encore aux Etats Unis d'Amérique. Encore plus lorsque la nouvelle a été écrite ! C'était un acte courageux que de faire ce film et de dénoncer cette Amérique dont on voit encore aujourd'hui rejaillir dans certains endroits l'inhumanité.
On peut parler là de Western psychologie tant le film est axé sur le comportement et les pensées des personnages face à l'action. Questions existentielles, réactions sur léger fond de balles sifflantes...
Une sorte de Stagecoach revisité par Martin Ritt, huis-clos diligent qui oppose le métis Paul Newman à la bonne bourgeoisie blanche américaine. Richard Boone, le méchant de l'histoire, est d'une noirceur cynique inspirée.
Un Western sur fond de racisme,de haine et de certaines valeurs humaines. Les critiques précédentes sont justifiées sur le fond. Pour la forme, pas de lyrisme, des images de paysages écrasés de chaleur et de poussière. Les visages sont suintants et crasseux,un peu comme une certaine honte, ou bien le poids trop lourd de la lâcheté. Filmé en décor naturel, le message pro Indien est distillé au gré des images et se termine dans les yeux bleus iceberg d'un P.Newman imperturbable et magnétique.Ne cherchez donc pas le Western classique mais il entre bien dans la catégorie Nouvelle Vague en mélangeant le psychologique et l'humanisme. Certes déroutant,mais la mise en scène est excellente et ne pouvait donner que cette pépite peu ordinaire.
Dans la série, western humaniste pro-indien, on tient ici un bon spécimen. Déjà ça fait du bien de voir que des western défendent les indiens et rien que cela mérite d'être souligné. Mais on a aussi un film bien mené, agréable à voir et qui respecte les codes du genre. En plus on a le droit a des personnage qui ont une certaine profondeur psychologique mais on ne tombe pas dans le manichéisme. Un bon moment.
Grand western pro indien et de facture classique. Paysages naturels excellemment filmés, histoire traditionnelle, dégoulinante de bons sentiments, avec bons et méchants, fille au grand cœur qui en a bavé, notables blancs bien pourris, etc. Mais beaucoup de savoir-faire dans le montage mêlant habilement lenteurs puis scènes d’action explosives, un grand sens du suspense dans une histoire bien classique hormis la position dénonçant clairement le génocide américain, position qui en 1967 n’était plus originale. Enfin une magnifique interprétation de Paul Newman, presque mutique, des autres rôles également à l’exception de Richard Boone un peu cabotin. Du bel ouvrage qu’on revoit avec grand plaisir.
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4,0
Publiée le 5 novembre 2019
Un excellent film qui relate la lutte d'un homme courageux pour faire triompher la justice et qui marque (comme le fabuleux "Butch Cassidy and the Sundance Kid") une très nette èvolution du western! Dans ce film de Martin Ritt, Newman, particulièrement sobre, est l'exemple contradictoire d'un enfant blanc capturè puis èduquè par les Indiens et qui plus tard retournera dans le monde de sa race et de ses activitès! Le hièratisme de Newman dans cette histoire n'a pas besoin de mots, son personnage froid n'en ai que plus ènigmatique et semble d'ailleurs contaminè tout le mètrage qui se veut plus une approche psychologique qu'un western d'action traditionnel! Tournè en Panavision Couleur dans une chaleur à crever, "Hombre" bènèficie ègalement de très bons seconds rôles (Richard Boone en tête, parfait en baroudeur vulgaire et arrogant) et d'une photographie soignèe en osant s'attaquer à la question du gènocide indien! La culpabilitè blanche se rèvèlant difficile à exorciser...