Le singe dans le placard !
Réalisé en 1961 par Denys Dubois de la Patellière (c’est son nom complet), entre ‘Un taxi pour Tobrouk’ avec déjà Lino Ventura et ‘Pourquoi Paris ?’ avec Charles Aznavour, qui signe la chanson de ce film-ci (que chante Annie Girardot), ‘Le bateau d’Emile’, également connu sous le titre du ‘Homard flambé’, est l’adaptation, revue et corrigée par Michel Audiard, du récit éponyme de Georges Simenon.
Lino Ventura, un homme pétri de délicatesse, est le fils illégitime de Michel Simon (« Comment vous portez-vous ? Je ne me porte plus : ce sont les autres qui me portent ! »), l’un des deux propriétaires de la grosse entreprise de pêche ‘Larmentiel’ à La Rochelle, qui, après avoir passé l’essentiel de sa vie à l’étranger, revient, 40 ans après, à l’article de la mort, régler ses petites affaires : il lègue sa part de l’entreprise familiale à Lino, qui n’était jusqu’alors qu’un petit employé, un marin pêcheur (qui fait dans le poisson jusque dans sa vie privée, et plus précisément la morue -Annie Girardot-, artiste lyrique au demeurant), au grand dam de son frère Pierre Brasseur, qui la dirige depuis presque toujours, et qui va donc tenter de circonvenir ce rustre de Lino afin que l’entreprise reste dans la famille au sens strict du terme…
Avec aussi Jean Gaven (en marin pêcheur), Dominique Davray (en patronne de café), Jacques Monod (le notaire) et Edith Scob (la fille de Brasseur).
Ce film souffre incontestablement du fait d’illustrer sur un mode de comédie une histoire quand même au départ plutôt sombre de Simenon, ce qui n’est pas sans nuire conséquemment à son impact. Reste une histoire d’amour plutôt bien jouée par Annie Girardot et sur le mode pithécanthrope par un Lino qui allait beaucoup gagner en maturité dans les années qui allaient suivre, mais qui n’était pas encore tout à fait l’immense comédien que nous aimons. Pierre Brasseur est évidemment parfait dans son rôle (rodé) de grand bourgeois fourbe et manipulateur (sa grande spécialité alors) et Jacques Monod compose un notaire de province qui sait où est son intérêt (une grand qualité notariale). Le tout se laisse regarder (surtout avec l’œil bien humide de la nostalgie) sans déplaisir, mais ne constitue en rien, vous l’avez deviné, un monument de l’histoire du cinéma !